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Ils font l'actu — Le 3 février 2022

Pour Enerdata : "énergie et climat, chacun doit faire sa part"

Depuis 30 ans, la société Enerdata, à Grenoble, est spécialisée dans l’analyse et la modélisation des évolutions énergétiques et climatiques. Son président, Pascal Charriau, revient sur ces grands enjeux et leurs impacts pour les entreprises.

Pascal Charriau, président d'Enerdata © F. Ardito

Il n’est pas simple pour l’entreprise de décoder la COP26. Quels enseignements en retenir ?

Pascal Charriau, président d'Enerdata : Avant même la COP26, il était clair que les objectifs d’émissions de CO2 et d’élévation de température définis au niveau mondial lors de la COP21 n’étaient pas tenus ! Rappelons que l’accord de Paris, adopté le 12 décembre 2015 lors de la 21e Conférence des parties (COP), avait abouti à des décisions historiques pour limiter l’augmentation des températures à 2 °C, voire 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, grâce à l’engagement de chaque pays à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et à la mise en place de règles pour contrôler les efforts réalisés. En parallèle, 40 « villes-mondes » s’étaient engagées à réduire leurs émissions carbone de 80 % d’ici 2050. Or, peu de changements structurels dans les indicateurs clés ont été observés depuis la COP21. En particulier, la réduction des émissions constatée en 2020 est essentiellement conjoncturelle : elle est due au Covid-19, à la baisse de la mobilité et l’arrêt temporaire des activités. La question à court terme n’est donc pas d’annoncer un objectif de réchauffement climatique limité à 1,5 °C plutôt que 2 °C, mais de sortir des trajectoires actuelles qui se situent plutôt vers +3 °C d’ici la fin du siècle. Voici déjà pour le constat d’ensemble.

Des avancées ont toutefois été soulignées, quelles sont-elles ?

Le Pacte de Glascow pour le climat, reconnaissant la nécessité de réduire les émissions mondiales de CO2 à zéro d’ici à 2050, est effectivement intéressant. Il replace les initiatives de chaque État dans une perspective ambitieuse, de long terme. Il invite les parties à accélérer la diffusion des technologies propres, à favoriser la transition vers des systèmes énergétiques à faibles émissions, à abandonner le recours aux centrales à charbon et les subventions aux combustibles fossiles. Il exhorte aussi à intensifier considérablement le montant des aides financières en direction des pays en développement. Mais dans le même temps, les annonces des États contiennent peu de plans d’action concrets à 5-10 ans, d’où la critique du « blah blah blah ». La volonté de redéfinir chaque année des ambitions améliorées, et non seulement tous les cinq ans comme c’était le cas jusqu’alors, est une forme de réponse. La prochaine COP27 se déroulera du 7 au 18 novembre 2022 en Égypte et permettra déjà de voir si les ambitions sont revues à la hausse. Il y a donc des progrès, mais les changements observés sont insuffisants. Infléchir les courbes nécessite une accélération des ruptures dans les formes de production et de consommation d’énergie. Or, les politiques actuelles ne contiennent pas encore ces ruptures.

Comment les entreprises peuvent-elles tirer parti de ces constats ?

Il est facile de dénoncer l’inaction des autres, si le travail ne s’effectue pas déjà à notre niveau. Chaque acteur détient des leviers sur l’alimentation, le transport, le bâtiment…. Le salut repose sur les avancées de chacun, sans attendre celles des autres. De fait, les entreprises ont leurs propres enjeux de transformation dans la réduction de leur empreinte carbone, qui adressent chacun de leurs champs d’action : conception des offres, énergie, transports, politiques d’achat, localisation des fournisseurs, etc. Il existe déjà beaucoup de solutions vertueuses dans les bouquets énergétiques existants. D’autres pistes d’actions consistent à réduire les consommations d’énergie par les mesures d’efficacité et de sobriété. Les territoires de proximité ressortent comme le lieu privilégié pour construire ces solutions. Enerdata intervient d’ailleurs auprès de ces acteurs pour réfléchir à un développement « 0 émission nette ».

Quelles sources d’optimisme entrevoyez-vous ?

Chacun peut faire sa part, sans s’arrêter pour autant de vivre et de se développer. Même si peu de pays avancent déjà au rythme requis, certains n’en ont pas moins accompli des progrès significatifs : autour de nous, le Royaume-Uni est presque totalement sorti du charbon en 15 ans, les pays nordiques ont fait évoluer leur mix énergétique, la Suisse et l’Allemagne ont redonné une place centrale au train pour le transport des passagers et des marchandises… En France, il subsiste de grands enjeux dans tous les secteurs : industrie, transports, bâtiments (rénovation et neuf), alimentation qui émet 20 à 22 % des GES. Mais les changements supposent de développer la prise de conscience de l’opinion publique et une volonté de démontrer des résultats. Pour conclure, la contribution active des acteurs économiques est essentielle à la réussite de ces transitions. Mais l’avenir ouvrira également des pistes de développement et de différenciation aux entreprises les plus innovantes et résolues en la matière.

E. Ballery

Infos clés

  • Analyses et prévisions des évolutions des enjeux énergétiques et climatiques, au niveau national et mondial.
  • Spin-off du CNRS, créée en 1991 par Bertrand Chateau et Bruno Lapillonne, présidée depuis 2013 par Pascal Charriau.
  • Offre : Services d’information, recherche de données, solutions sur mesure, conseil et formation. 
  • Clients : grands organismes internationaux, ministères, organisations publiques, collectivités, investisseurs, grands énergéticiens, entreprises industrielles, start-up… 
  • 55 personnes
  • CA : 4,3 M€ (+ 10 % par an environ)
  • Siège : Grenoble
  • Filiale : Singapour

A savoir

  • Les entreprises doivent s’attendre à des changements forts dans les 10 ans à venir. 

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