Performances RSE : plus de pragmatisme en relais des valeurs
L’étude sur les performances RSE des entreprises françaises, européennes, de l’OCDE et des BICS publiée début septembre par le Médiateur des entreprises et la plate-forme de notation EcoVadis, met en évidence une performance remarquable des entreprises françaises, améliorée par rapport à celles observées précédemment. Les progrès sont significatifs et reposent sur de véritables « locomotives ». La part des « entreprises bien engagées dans une trajectoire responsable » représente ainsi 28 % des entreprises évaluées en 2022 en France, à comparer à la moyenne européenne de 19,8 %. Avec un score moyen de 57,6, ses entreprises permettent à la France de se classer au 4e rang, derrière un trio constitué de la Norvège, de la Finlande et de la Suède.
La création d’une nouvelle catégorie aux performances exemplaires
Les performances des pays nordiques ont justifié, pour les auteurs de l’étude, la création d’une nouvelle catégorie dont il est instructif d’observer les caractéristiques. Cette catégorie dite « Nordics » partage avec la France le fait de voir les plus fortes progressions sur les deux dernières années. De façon générale, il ressort que plus une entreprise (et au niveau agrégé un pays) est engagée dans le développement et le déploiement de pratiques RSE, plus elle a tendance à avancer, comme si les bénéfices récoltés encourageaient les « meilleurs élèves » à produire davantage d’efforts. Les leviers de performances mobilisés par les « Nordics » s’avèrent de nature à inspirer les meilleures entreprises françaises.
Des progrès sur toutes les dimensions de la RSE
Les scores moyens reflétant mal la diversité des situations observées, il est important de caractériser plus finement les progrès réalisés. Des progrès en matière de RSE sont ainsi observés pour toutes les tailles d’entreprises françaises, avec des améliorations particulièrement fortes pour les PME et ETI, ce qui témoigne du fait que les « locomotives » évoquées plus haut, souvent de grandes entreprises, ne sont pas les seules à progresser. Les progrès sont notables dans tous les secteurs observés, dont les secteurs classiques allant de l’agroalimentaire à la construction ou aux transports. Toutes les dimensions de la RSE enregistrent des progrès, ses entreprises permettant même à la France de se classer à la 2e place, derrière la Finlande, sur le thème « Social et droits humains ». La France gagne également deux places, se classant 6e, sur le thème « Éthique », et une place sur le thème « Environnement », en 4e position. Pour les « Achats responsables », qui constituent le 4e thème, la France recule d’une place (4e) au profit de la Norvège. Cette dimension est cruciale pour la diffusion des pratiques responsables dans toute l’économie.
Les enseignements en provenance des « Nordics »
Les pratiques responsables s’appuient sur des leviers différents d’un pays à l’autre. Le rôle de la réglementation reste fondamental et tire incontestablement les pratiques. Citons ici le rôle du devoir de vigilance en vigueur en France. Les démarches de labellisation, dont certaines entreprises sont friandes, permettent aussi d’aller plus loin. Mais les pays nordiques nous montrent une autre voie, moins « romantique » et plus pragmatique : les progrès réalisés reposent en grande partie sur des démarches poussées en termes d’analyse des risques (RSE), bien plus que sur les valeurs des dirigeants (ce qui ne les exclut pas bien entendu). Les intérêts visés se définissent alors de façon précise en matière de réduction des risques, mais aussi de capacité à saisir des opportunités. Il ne s’agit bien sûr pas ici d’opposer les valeurs et les intérêts économiques bien compris. Mais plutôt de permettre aux seconds de renforcer la mise en pratique des premières.
Hugues Poissonnier
Commentaires
Ajouter un commentaire