ARaymond, fleuron de la transformation automobile

Comment le réseau ARaymond traverse-t-il les transformations qui se succèdent ?

En tant qu’entreprise 100 % familiale, dirigée par la 5^e et la 6^e génération, nous sommes obnubilés par le long terme. Mais l’ampleur des transformations est telle qu’imaginer le futur devient de plus en plus complexe. Nous n’avons qu’une seule certitude : agir et innover pour répondre aux grands enjeux du moment. Quels sont ces enjeux ? D’abord écologiques et climatiques, sujets que l’on n’abordait pas ou très peu aux débuts de ma carrière. Technologiques ensuite, via la digitalisation et l’électrification grandissantes du monde. La révolution des usages est encore une autre donnée, poussée par l’urbanisation qui redistribue les cartes de la mobilité, et de la propriété des biens ; la raréfaction des ressources ensuite, qui incite à se projeter dans un monde de ressources limitées. Enfin, les tensions géopolitiques apportent des restrictions aux échanges internationaux. Dans cet environnement, nulle boule de cristal pour nous guider ! Nous ne pouvons que faire au mieux, en nous inspirant de nos valeurs, d’une culture d’entreprise propice à l’épanouissement et au développement des personnes, de la volonté d’entrer dans cette aventure, où que l’on se situe ! Cela suppose d’être une entreprise industrielle suffisamment performante et flexible, pour s’adapter très vite.

Précisément, votre marché historique, l’automobile, connaît de profonds bouleversements…

Cela fait heureusement plus de dix ans que nous avons travaillé à mettre en place des solutions pour les véhicules électriques. Et nous avons bien fait : la tendance est telle sur tous les continents que si nous n’avions rien initié, nous perdrions 30 à 40 % de notre chiffre d’affaires entre 2030 et 2035 ! Le groupe sait apporter de multiples solutions d’assemblage à tous les niveaux d’une batterie – cellules, modules, barres de tension… – des pièces qui permettent de la refroidir, d’autres d’assembler de la connectique… De même, nous avons conçu des systèmes automatiques de nettoyage des lidars et des caméras embarquées pour les véhicules semi-autonomes. Aux métiers historiques du groupe – la mécanique, l’emboutissage, l’injection – se sont donc ajoutés la mécatronique, la connectique, le calcul, les assemblages complexes… La mutation de l’automobile représente une vraie révolution technique pour ARaymond. Dans le même temps, ce marché contient beaucoup d’incertitudes. Un véhicule électrique reste cher et utilise beaucoup de ressources rares. On se doit donc de se diversifier vers d’autres marchés.

D’où vos multiples diversifications engagées ?

Oui. La première, la santé, initiée dès les années 2000, a nécessité d’injecter massivement des capitaux. ARaymondlife est à l’origine d’une innovation de rupture, brevetée, RayDyLyo®, pour la fermeture de flacon. Ce « bouchon pression » offre de nombreux gains en termes de sécurité, de productivité, pour l’industrie pharmaceutique. Les homologations sont ici très longues à obtenir, mais nous travaillons déjà avec 90 clients en Europe, en Amérique, en Asie, et les préséries sont prêtes. Ce produit devrait pleinement porter ses fruits à la fin de cette décennie. Il illustre toute la passion, la pugnacité et l’esprit entrepreneurial du groupe ! Une seconde diversification concerne des solutions de fixation et d’assemblage de panneaux solaires. Celles-ci font aussi gagner beaucoup de temps d'assemblage aux acteurs du secteur, et représentent déjà d’importants volumes en Amérique et en Asie. Cette activité en forte croissance accompagne le développement de l’énergie photovoltaïque dans le monde. La troisième s’adresse au secteur du bâtiment, pour lequel nous concevons des systèmes d'assemblage rapide pour la construction modulaire et l'isolation des façades. La rapidité dans ce domaine sera essentielle pour réduire l’empreinte carbone du bâtiment. 

Quels sont les résultats de cette stratégie ?

Toutes ces innovations progressent très vite, et connaîtront un effet d’accélération à partir de 2030. Ce qui est formidable, c’est que malgré l’augmentation du chiffre d’affaires qu’elles génèrent, les diversifications représentent toujours 10 % de l’ensemble, grâce aux succès remportés dans l’automobile. ARaymond connaît une forte dynamique de développement. Notre présence équilibrée sur toutes les géographies du globe aide beaucoup. 

Incarnez-vous une forme de réindustrialisation à la française ?

Ce terme ne concerne pas le réseau ARaymond car en 160 ans, nous n’avons jamais désindustrialisé ni même délocalisé nos activités.  En dix ans, nous avons encore construit cinq nouvelles usines en France, même si c’est difficile, en particulier pour des raisons de raréfaction du foncier. Nous n’avons jamais cessé de miser sur la France, et nous sommes fiers de notre région et de l'écosystème local !

E. Ballery