Isabelle Delannoy : l’économie régénérative, une autre vision pour l’avenir 

“Nous avons dix ans pour bifurquer vers une nouvelle économie, affirme Isabelle Delannoy, vers une économie non plus destructrice, mais régénérative. Nous ne devons pas seulement détruire moins, nous devons aussi régénérer plus. C’est une loi générale : tous les êtres vivants contribuent directement ou indirectement à régénérer la fertilité du milieu dont ils dépendent. L’abeille, par exemple, butine le pollen pour produire du miel et, dans le même temps, le transporte de fleurs en fleurs assurant ainsi la pollinisation.” 

Le vivant est un acteur à part entière de l’économie, qu’il s’agit d’intégrer afin d’améliorer l’activité et le chiffres d’affaires des entreprises. Mouvement mondial, l’économie régénérative oblige à une révolution culturelle. Le point positif : “L’économie de demain existe déjà ! Elle est innovante, écologique, solidaire et régénérative.” 

Isabelle Delannoy a ainsi observé et recensé de nombreux exemples d’activités humaines, de pratiques et d’acteurs qui innovent et produisent différemment quel que soit leur milieu. Mais les bonnes pratiques ne sont pas nécessairement transposables partout. Elles dépendent d’un ensemble de facteurs, du climat, de la topographie, du terroir, de la population, de l’écosystème dans son ensemble. Il s’agit de regarder le potentiel inhérent à chaque territoire et de s’adapter.

Un exemple : en 2017, en Ile-et-Vilaine, Stéphane Paul crée le concept H2X Ecosystems et, en 2019, la société éponyme avec l’objectif de bâtir un écosystème d’acteurs autour de l’hydrogène vert en partant des besoins des entreprises et collectivités locales. Le succès de son entreprise l’amène aujourd’hui à essaimer ailleurs dans le monde.

Un écosystème vertueux

“L’économie symbiotique tient compte des ressources technologiques, sociales et vivantes“, explique Isabelle Delannoy. Fonctionnant en cercles vertueux, les pratiques régénératives créent de plus en plus de ressources. 

“Dans un monde fini, il n’y a pas de durabilité si l’on ne sait pas régénérer nos ressources, poursuit l’ingénieur agronome. La durabilité n’est pas une contrainte, elle est au contraire un moteur de croissance. Dès lors que nous adoptons des modèles économiques, techniques, productifs, sociaux régénératifs, elle peut devenir un moteur de croissance. C’est une tout autre vision du développement durable que la vision actuelle, contrainte, qui se limite à la rencontre entre le social, l’économie et l’environnement. Une économie durable devrait être un flux entre les pratiques régénératives de nos machines, de nos infrastructures, de la biosphère et de la sociosphère.” Et Isabelle Delannoy d’insister : “Nous avons environ dix ans pour innover !”

F. Combier

*Auteur également de L’Economie symbiotique. Régénérer la planète, l’économie et la société, paru en 2017 aux Éditions Acte Sud.