Aller au contenu principal
Aménagement - Accueil — Le 28 août 2024

Mobilités : De nouvelles pistes d’ici à 2030 ?

La réduction nécessaire de l’empreinte carbone dans le transport rebat les cartes des mobilités individuelle et professionnelle. Véhicules électriques, offre de transports en commun, vélo, covoiturage : l’offre évolue, ou doit se réinventer pour s’ancrer dans les usages. Quelles solutions existent en Sud Isère ? Quels sont les freins ou opportunités, tant du côté des entreprises que des particuliers ? Comment les mobilités sont-elles amenées à évoluer d’ici à 2030 ?

© AdobeStock

Étoffer l’offre des mobilités pour réduire l’usage de la voiture s’impose comme le principal enjeu de décarbonation des transports. Car le trafic routier reste responsable d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre en France. Un point dur : les émissions de gaz à effet de serre des transports connaissent une augmentation de 1,9 % entre 1990 et 2021, quand tous les autres secteurs – industrie, agriculture, activités résidentielles et tertiaires – sont en baisse de 30,5 %. Les usages de la voiture demeurent bel et bien majoritaires : parmi les 333 000 échanges avec le centre de Grenoble, 85 % sont effectués en voiture (source : Smmag).

Connecter les segments du « Y » grenoblois

Le réseau cyclable, qui s’étend sur plus de 450 km – 600 km à Strasbourg, un peu plus de 300 km à Lyon – place Grenoble parmi les grandes villes cyclables de France. Et le développement du vélo dans les vallées voisines est sur une piste toute tracée pour relier les territoires à la Métropole. Car dans la grande région regroupant, selon l’Insee, l’agglomération grenobloise, le Voironnais, la Bièvre, le Sud Grésivaudan, le Vercors, le Trièves, la Matheysine, l’Oisans, le Grésivaudan et Chartreuse, le vélo ne représente que 5 % des déplacements, avec une distance moyenne parcourue de 2,5 km, selon l'enquête mobilité 2019-2020 (certifiée par l'établissement public Cerema). Pour le futur, le schéma directeur cyclable du Smmag (Syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise), adopté fin 2023, prévoit davantage de liaisons interurbaines autour de Grenoble. D’ici une dizaine d’années, ce sont ainsi 8 lignes Chronovélo, reliant 22 communes, qui seraient aménagées. À ce jour, les trois axes Chronovélo totalisent 34 km. En 2024, 870 k€ sont consacrés à la réalisation d’un tronçon de 2,3 km entre Poisat et Eybens. Il s’agit de la future Chronovélo 6, une rocade cyclable autour de Grenoble devant relier les villes périphériques.

 

Grenoble Alpes Métropole investit en moyenne 6 M€ par an dans sa politique vélo avec l’objectif d’atteindre une part modale du vélo de 12 % en 2030.

Concernant les accès en voiture, une voie réservée au covoiturage sur l’A48 a été ouverte en 2020, la première en France. Avec des solutions adaptées aux usages réguliers ou exceptionnels, l’offre de covoiturage du Smmag s’adapte : le nombre de trajets sur les 15 lignes de covoiturage express a presque quadruplé entre 2022 et 2023, avec 90 000 trajets proposés. Toujours dans la logique de coordonner les transports et de développer les connexions dans le « Y » grenoblois, M Réso, le service du Smmag lancé ce 1er septembre, regroupe le réseau de la Métropole (M Tag) et celui du Grésivaudan (TouGo) avec une tarification unique, facilitant l’accès au réseau pour les usagers. 
Une nécessité, à l’heure des zones à faibles émissions (ZFE) qui s’imposent à toutes les grandes métropoles. Depuis 2020, les prescriptions de la ZFE sont progressivement mises en place dans les 27 communes que compte l’agglomération grenobloise. Le calendrier initialement prévu connaît toutefois quelques retards. Le 20 juin, la Métropole a ainsi annoncé, comme bien d’autres grandes villes en France, le report des mesures restrictives s’imposant aux utilitaires légers et poids lourds Crit’Air 2. L’interdiction, initialement prévue en juillet 2025, est reportée à 2028. Le pragmatisme a prévalu : l’offre alternative de véhicules à faibles émissions pour ces catégories de véhicules n’étant pas suffisamment développée, les professionnels sont dans l’impossibilité de s’équiper.

© E. Tolwinska
© E. Tolwinska

 

Le nœud du transport par câble

Pour la mobilité individuelle, il demeure bien sûr la solution des transports en commun. Des extensions de l’offre de mobilité du Smmag sont à l’étude pour prolonger les lignes de tram E, D et A, ajouter des trolleybus sur des lignes structurantes, relier le Vercors, la Matheysine ou le Cœur-de-Chartreuse à la Métropole. Ces orientations seront définies dans le Plan de mobilité (PDM) qui déterminera les grandes orientations pour la mobilité de 2025 à 2035. Pour séduire, l’alternative à la voiture individuelle se doit d’être fiable, pratique et innovante. Le projet de transport par câble, lancé en 2015 et qui devait relier Fontaine La Poya à Saint-Martin-le-Vinoux dès 2025, entrait dans ce schéma. Il se heurte cependant à un avis négatif de la commission d’enquête publique, qui estime notamment que ce projet, d’un coût estimé à 100 M€, « ne participera que très peu au désengorgement de la circulation, à l’amélioration de la qualité de l’air » et qu’il « nécessite un investissement élevé en regard d’un gain de temps de transport très hypothétique ne bénéficiant qu’à un nombre trop faible d’usagers ». De son côté, le Smmag n’abandonne pas cette piste. « Nous analysons actuellement les aspects juridiques pour avancer sur ce projet qui répond à un enjeu de mobilité, répond son président Sylvain Laval. Aujourd’hui, la question est : que pouvons-nous concrètement faire ? Nous serons en mesure de le dire avant la fin 2024. »

Qui va payer ?

Dans tous les scénarios à l’étude, l’extension de l’offre de mobilité se heurte à un obstacle majeur : la question du financement. À noter que le Smmag est financé aux deux tiers par le versement mobilité consenti par les entreprises, dont le plafond est fixé à 2 % par l’État. « Nous traversons une crise majeure », alerte Sylvain Laval. « Il faudrait faire sauter ce plafond de 2 %, tous les grands territoires français le réclament. L’Île-de-France bénéficie d’un taux plus élevé. Nous avons atteint la limite de nos capacités ». Un sujet sensible qui se heurte à la réticence des entreprises et des acteurs économiques, puisque les taxes pèsent sur les employeurs, et donc sur le coût du travail. 
En France, « les dépenses de fonctionnement et d’investissement de l’ensemble du périmètre des AOM dépassent les 35 Md€ par an. En raison des défis multiples auxquels vont être confrontées les AOM dans les prochaines années, ce montant sera amené à augmenter considérablement », avertissait le Sénat dans un rapport daté du 4 juillet 2023.                                                                                                                                                                                                    La question se pose avec une particulière acuité sur le sujet de « RER métropolitain » (voir carte des trajets en projet). La section qui relie la Métropole au Grésivaudan, où quelque 1 000 nouveaux emplois devraient être créés à moyen terme, est prioritaire. Sa mise en service est prévue pour 2028, à un coût estimé de 58 M€. Parmi les aménagements prévus figurent un pôle multimodal à Brignoud, avec la création d’un passage souterrain dans la gare, une passerelle piétons-cycles entre Brignoud et Crolles, ainsi que la création d’une halte ferroviaire à Domène. Mais la branche du Pays Voironnais « dépend essentiellement de l’État et nous n’avons pour le moment pas de réponse technique précise quant à sa mise en œuvre, qui prendra plus de 20 ans », estime Sylvain Laval, le président du Smmag. Le contrat de plan État-Région 2023-2027 annonce un budget de 1,38 Md€ pour des transports durables dans toute la région AURA, dont 322 M€ affectés aux Services express régionaux métropolitains (Serm)* et 430 M€ au ferroviaire. Mais pour le moment, rien n’a filtré sur la répartition de cette enveloppe dans les territoires. « Malgré l’ampleur du dossier et l’importance des enjeux, nous sommes dans un flou total (…). La priorité pour nous est le terminus ferroviaire de Brignoud qui nécessite un investissement de près de 50 M€. Nous attendons donc un engagement fort de l’État et de la Région », conclut le président du Smmag.

A. Fourney

*Cinq projets de Serm ont été labellisés par l’État le 27 juin 2024, dont cinq en Auvergne-Rhône-Alpes : Chambéry, Grenoble, Lyon, Saint-Étienne et Clermont-Ferrand. Une conférence nationale de financement devait avoir lieu à la rentrée 2024 afin d’affiner la répartition des « moyens permettant aux régions et aux Autorités organisatrices de la mobilité locale (AOM) de financer cette augmentation de l’offre », indiquait le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires dans un communiqué. Ceci avant la dissolution de l’Assemblée nationale.

© AdobeStock
© AdobeStock

 

Des aides pour l’acquisition de véhicules moins polluants

Grenoble Alpes Métropole et Le Grésivaudan proposent une aide financière aux entreprises pour décarboner leur parc de véhicules. Elles s’adressent, sous conditions, aux PME de moins de 250 salariés, à hauteur de 40 % du coût HT d’un véhicule neuf ou d’occasion. Ces aides concernent l’achat ou la location longue durée de véhicules utilitaires légers ou de poids lourds à faibles émissions de CO2. Il s’agit donc des motorisations électriques, au gaz naturel (GNV), au gaz de pétrole liquéfié (GPL) ou à l’hydrogène. Cumulables avec celles proposées par l’État, ces subventions se destinent aux entreprises dont le siège est implanté dans l’une des 49 communes de la Métropole de Grenoble ou l’une des 43 communes du Grésivaudan.                Les sociétés dont le siège est implanté dans l’une des 31 communes du Pays Voironnais et qui ont un établissement secondaire, une antenne ou une succursale dans la Métropole peuvent aussi y prétendre. De plus, la Métropole propose aux professionnels une prestation de conseil personnalisée pour dresser un bilan de leur flotte et des conseils techniques sur le choix de véhicules à faibles émissions. Les professionnels souhaitant bénéficier de ces aides doivent s’adresser à la collectivité avant l’acquisition du véhicule.
 
Contacts : 
- Métropole, grenoblealpesmetropole.fr (rubrique informations pour les pros, demander un conseil ou une aide financière)
- Grésivaudan : le-gresivaudan.fr/favpro – mail : favpro@le-gresivaudan.fr

 

 

LE « RER MÉTROPOLITAIN » SE FAIT ATTENDRE


Le projet de service express régional métropolitain (SERM) est un volet essentiel dans les possibilités de décarbonation des transports. Trois lignes convergeant vers la métropole sont concernées par une évolution de service : davantage de trains aux heures de pointe et des aménagements adaptés afin de renforcer l’articulation avec les autres modes de déplacement.


Les principes

  • un cadencement avec des fréquences attractives en heures de pointe (15 ou 30 min. selon les axes) et renforcées en heures creuses,
  • une amplitude horaire étendue,
  • une fiabilité améliorée,
  • un matériel roulant capacitaire, confortable et pouvant transporter des vélos,
  • une intermodalité facilitée en gare.

Le projet

Trois lignes de Service express métropolitain (Serm), réacteurs modulaires avec un phasage dans la mise en place, dès 2025 et jusqu’en 2035 :
Rives - Brignoud (un train tous les ¼ d’heure en heures de pointe)
Clelles - Grenoble (un train toutes les ½ heure en heures de pointe)
Saint-Marcellin - Gières (un train toutes les ½ heure en heures de pointe)
En parallèle, le renforcement de dessertes TER est également prévu (vers Chambéry et Saint-André-le-Gaz).

 

Concept de services express métropolitain de la région grenobloise


Le calendrier

D’ici 2025 :
Desserte de Brignoud et de Domène chaque ¼ d’heure en heures de pointe. 
Investissements liés : 58 M€

D’ici 2030 :
4 trains par heure entre Saint-André-le-Gaz et Grenoble et 2 par heure vers Clelles. 
Investissements liés : entre 180 et 205 M€

D’ici 2035 :
mise en service de l’offre complète. 
Investissements corrélés : 491 M€

Les partenaires

Les études d’exploitation du RER ferroviaire sont pilotées par SNCF Réseau et associent plusieurs partenaires : 
– l’État,
– la Région Auvergne-Rhône-Alpes,
– le Département de l’Isère,
– Grenoble-Alpes Métropole,
– La Communauté de Communes Le Grésivaudan
– la Communauté d’agglomération du Pays Voironnais,
– le SMMAG.

Source : SMMAG

Commentaires

Ajouter un commentaire

Langue
La langue du commentaire.
Votre commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang class title aria-label> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id> <span class> <div class>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
Email
Merci de saisir votre adresse email
Nom
Merci de saisir votre nom
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.
Leave this field blank

A lire aussi

Suivez-nous

Abonnez-vous

Abonnez-vous à nos newsletters S'abonner