Le Tablier bariolé donne le ton
De la couleur, des saveurs, et une façon originale et chaleureuse de renouveler la tradition.
L’adresse est bonne, en bordure de la zone d’activité commerciale de Sassenage où l’on ne s’attendait pas à trouver un restaurant de cette qualité. Mais les connaisseurs ne s’y trompent pas, et dire qu’il est prudent de réserver ne relève pas d’une figure de rhétorique. L’espace est grand pourtant, tant sur la terrasse qu’à l’intérieur. Les lignes design du décor préservent un côté cosy accueillant, avec même cette immense verrière qui ouvre le coin cocktail sur la pleine nature. Et la présence, en fond de décor, d’une cave où s’alignent flacons de toutes formes et provenances, ferait presque office de caverne aux trésors. Corinne et Gérald Carbone ont voulu que le lieu soit chaleureux, à l’image de la cuisine qu’ils proposent. Nantis d’une solide expérience (le chef est passé par quelques belles tables régionales, de feue La Poularde bressane au Pudding du Sappey-en-Chartreuse), ils ont créé ce Tablier bariolé en 2013. Ils l’ont conçu comme un lieu où l’on se sent à l’aise, devant des plats qui se veulent d’emblée alléchants. Les deux menus qu’ils proposent, en plus de celui de midi, ne portent pas pour rien d’ailleurs les noms de “détente” et de “saveurs”. Et la carte ne ment pas, qui fait saliver d’avance.
Des plats qui se veulent d’emblée alléchants
Ainsi de la grande spécialité de la maison, qui perpétue la mémoire familiale : la salade de poulpes, préparée “façon Papi Antoine”, selon une vieille recette du grand-père, tiède, persillée, citronnée à l’italienne, mais relevée à la harissa. Il en va de même pour les poivrons grillés, servis avec des aubergines confites qu’italianise une crème ricotta au basilic. Comme on est toutefois au pied du Vercors, la salade au bleu de Sassenage qu’accompagne une poignée de ravioles poêlées offre toute garantie d’authenticité à qui préfère la couleur locale. Tout est, en fait, dans l’art d’accommoder la tradition. À partir des produits frais de saison, une petite touche de variété vient apporter chaque fois un accent nouveau : la pluma de cochon se conjugue au rouge d’un concassé de tomates et au noir d’un chapelet d’olives ; le filet de canette se relève d’une sauce au chorizo doux ; les noix de saint-jacques se colorent d’une crème au poivron rouge. Et la surprise est toujours au rendez-vous. Ainsi, pour le thon gravlax choisi en entrée : sa préparation en tataki le japonise tout en s’harmonisant idéalement avec un très régional croquant de légumes. Et le sot-l’y-laisse de volaille qui suit offre de façon tout aussi surprenante et réussie sa présentation en brick roulé, fourré d’une crème au sassenage fondant on ne peut plus locale. Quant à la glace à la chartreuse finale, pour faire bonne mesure et rendre l’hommage qui se doit au massif d’en face, elle est généreusement arrosée de chartreuse verte. Bariolée jusqu’au bout…
J. Serroy
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