DrugOptimal prédit les incompatibilités médicamenteuses
Grâce à son logiciel basé sur un modèle d’IA, DrugOptimal traque les incompatibilités physico-chimiques médicamenteuses, et vise un marché de 7 Md€. Ce qui lui a valu de figurer dans la liste des « 100 start-up dans lesquelles investir en 2024 » du magazine Challenges.
Près de 20 % des associations de médicaments peuvent provoquer des incompatibilités physico-chimiques (IPC). Concrètement, cela veut dire que le fait de mettre en contact deux médicaments dans une même seringue ou perfusion peut réduire leur efficacité, voire occasionner un mélange toxique pour le patient. Particulièrement susceptibles de se produire dans certains services comme les soins intensifs ou la réanimation, ces mauvaises associations génèrent 900 risques de décès par jour et 13 Md€ de dépenses inutiles par an. En cas de doute, les soignants sont aujourd’hui contraints d’appeler le pharmacien référent qui, lui, doit vérifier les incompatibilités dans la littérature, laquelle n’en recense que 5 %.
Fondée en 2022 par Lugan Flacher et Matthieu Gasc, respectivement docteur en pharmacie ayant été confronté au problème durant son internat, et ingénieur qualité, DrugOptimal propose un logiciel interrogeable par le soignant, pour contrôler la validité des mélanges.
Combler les trous dans la raquette
Leur idée est de tirer parti de l’IA pour prédire automatiquement l’incompatibilité physico-chimique de tous les mélanges de médicaments possibles. Pour cela, ils ont développé un modèle d’IA qui, en extrapolant les données issues de la littérature scientifique, a déjà permis d’évaluer la compatibilité de 45 000 associations de médicaments. « Nous visons 60 000 d’ici peu, indique Mathieu Gasc, l’un des deux cofondateurs de DrugOptimal. Notre ambition est de pouvoir prédire, à terme, la compatibilité de l’ensemble de plus de 160 000 paires de médicaments possibles grâce à notre logiciel. » Vérifiées expérimentalement en laboratoire sur un pool de mélanges représentatif, les prédictions de l’IA ont été validées à 96 %. Ce qui signifie qu’elles sont plus fiables que la littérature elle-même.
Grâce aux 450 k€ récoltés lors d’une première levée de fonds en 2023, les jeunes entrepreneurs ont mis au point un logiciel pilote qui a été adopté par le CHU de Grenoble, et a déjà séduit plusieurs Ehpad. Ils cherchent actuellement des fonds supplémentaires pour enrichir leur logiciel et entamer une étude clinique en collaboration avec le CHU de Nantes afin d’en mesurer l’impact médico-économique.
L. Marty
Infos clés
Développement d’un logiciel d’identification automatique des IPC grâce à l’IA.
- Meylan
- 4 employés, 10 personnes autour du projet
- CA visé : 10 M€ en 2028
- Hébergement : Incubateur Tarmac à Meylan
- Marché potentiel : 7 Md€
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