BeElse imprime un nouveau souffle à l’industrie

Sept années de R&D, financées uniquement sur fonds propres, et voici BCM, pour BeElse Cloud Manufacturing : cette solution logicielle pour l’impression 3D veut s’inscrire en rupture des techniques de production habituelles, puisqu’elle propose aux entreprises industrielles de toutes tailles une fabrication à la demande, tout en répondant au strict cahier des charges et au plus près du lieu d’usage. « BCM permet de créer le jumeau numérique d’une pièce facilement et rapidement, soit chez le client, soit dans une communauté de manufactures 3D dont c’est le métier et que nous avons qualifiées », explique Yannick Marion, PDG et cofondateur de BeElse.

Labellisée Solar Impulse, BCM est ainsi reconnue comme une solution à la fois « respectueuse de l’environnement et rentable, qui contribue positivement à la qualité de vie ». « Notre cloud manufacturing est compatible avec différents matériaux : plastiques, silicone, métaux, céramique… Les gains en temps et en coûts sont énormes, sans compter l’avantage écoresponsable, puisqu’on produit au plus juste et sans avoir à transporter la pièce depuis l’autre bout de la planète », promet Yannick Marion. La technologie mise au point par BeElse veut répondre à tous les cas d’usage. Elle s’adresse notamment aux entreprises industrielles qui produisent des petites et moyennes séries, allant de 500 pièces à quelques dizaines de milliers d’exemplaires par semaine. Le BCM vise aussi les entreprises de secteurs variés, partout où la gestion des pièces de maintenance est critique, comme dans les transports. En évolution permanente, BCM intègre progressivement l’intelligence artificielle, pour optimiser les couples pièce-matériau et accroître encore ses performances environnementales et techniques.

Objectif lune

BeElse a conçu sa solution en trois offres, adaptées aux modes d’organisation : pour la majorité des entreprises industrielles, la gestion autonome de leur « entrepôt numérique », pour les industries multisites, la possibilité de créer leur propre réseau BCM avec leurs fournisseurs historiques, et enfin, pour les entreprises disposant déjà de leurs propres réseaux, la gestion par BeElse de leurs flux de production. La start-up compte parmi ses clients des fleurons industriels de la région grenobloise : Air Liquide, Schneider Electric, BD, ARaymond, Rossignol, ainsi que nombre de TPI-PMI. Frémissement dans la distribution aussi : avec les magasins de L’Entrepôt du Bricolage (groupe SAMSE), BeElse a récemment noué un partenariat pour mettre en place un dispositif destiné à renforcer la réparabilité de certains outillages. « En l’occurrence, c’est une marque chinoise, Kindford, qui a signé un accord avec l’enseigne pour que ces pièces détachées plastiques à usage SAV soient intégralement réalisées dans la région AURA », se réjouit Yannick Marion. En pleine opération de levée de fonds, l’entreprise connaît une étape transitoire sur le plan RH : « Nous avions recruté du personnel pour développer BCM. Nous voici dans une nouvelle phase avec dix à quinze nouveaux collaborateurs en perspective pour nous positionner à l’international, où des demandes s’expriment déjà, notamment en Angleterre et en Allemagne », confie Yannick Marion. Mieux que ça, BCM vise désormais… la Lune : BeElse participe au projet européen Moon Village, qui prévoit d’installer d’ici 2030 une base permanente sur le sol lunaire, afin de produire à distance les pièces nécessaires au développement de l’exploration spatiale.

R. Gonzalez

A noter : Notre journaliste a effectué ce reportage avant l’annonce de la mise en liquidation judiciaire de Beelse le 29 novembre 2023.