Égalité professionnelle femmes-hommes, le compte n’y est pas
Si les inégalités professionnelles dans le secteur privé tendent à se réduire en 40 ans, il reste du chemin à parcourir. Dans son rapport de juin 2020 portant sur les écarts de rémunération femmes-hommes en 2017, l’Insee met en évidence que les femmes perçoivent en moyenne une rémunération inférieure de 28,5 % à celle des hommes. Une donnée qui tient compte à la fois du volume de travail et des inégalités de salaires. L’Insee va même plus loin et relève deux facteurs révélateurs : les inégalités de revenu se creusent avec le niveau de diplôme et l’avancement dans la carrière : l’écart de salaire s’élève ainsi à 29,4 % entre celles et ceux qui ont un bac +3 (15,8 % pour les titulaires du baccalauréat), et à 21,7 % après plus de 30 ans de carrière (9,8 % pour cinq à dix ans d’expérience). « 68 % de l’écart provient du fait que les femmes et les hommes n’occupent pas les mêmes postes, c’est-à-dire une profession donnée au sein d’un établissement donné », analyse l’Institut. « L’orientation scolaire, différenciée selon le sexe, peut avoir des effets à long terme sur les emplois occupés et in fine sur les inégalités salariales. » Des femmes surreprésentées dans la santé et le secteur social, des hommes prédominants dans l’informatique, l’ingénierie, la construction expliquent en partie les écarts.
Des cadres sous-représentées
À cela s’ajoute que les femmes subissent des inégalités hiérarchiques plus importantes : « Accéder aux 3 % des emplois les mieux rémunérés est environ deux fois plus probable pour les hommes que pour les femmes. L’accès aux 0,1 % des emplois les mieux rémunérés est deux fois et demie plus probable pour les hommes. De même, 35 % des femmes cadres sont managers, contre 43 % des hommes, souligne l’Apec dans son étude de mars 2021. Les femmes rencontrent trop souvent des freins pour accéder à des postes à responsabilités notamment du « fait d’avoir des enfants », indique l’Insee. « Les inégalités d’accès aux emplois les mieux rémunérés sont beaucoup plus importantes entre les mères et les pères, qu’entre les femmes et les hommes sans enfant. » Malgré les mesures législatives mises en place ces dernières années comme l’Index d’égalité professionnelle depuis mars 2020, le plafond de verre est encore loin d’être brisé.
R. Charbonnier
Chiffres de l’égalité professionnelle femmes et hommes en France
- 60,2 % des titulaires de master sont des femmes en 2017 (mais seulement 28,1 % en école d’ingénieur)
- -20,6 % : écart de salaire entre les femmes cadres et les hommes cadres en 2016
- 28,4 % des femmes actives sont à temps partiel (contre 8,3 % des hommes actifs)
- 33,7 % de femmes parmi les bénéficiaires de contrats d’apprentissage en 2018
- 27,2 % : part des femmes parmi les dirigeants d’entreprises
- 8,1 M€ : chiffre d’affaires moyen réalisé en 2017 par les sociétés dirigées par des femmes (contre 15,7 M€ par des hommes)
Source : Vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, édition 2020 – L’essentiel
Ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances
Chiffres clés
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21 % des femmes occupent des postes d’ingénieurs et de chefs de projet dans le secteur du numérique en Auvergne-Rhône-Alpes.
Insee et la Dreets, avril 2021 -
1 % : la part des hommes à prendre un congé parental à temps plein après la naissance de leur enfant, contre 14 % pour les mères.
OFCE, avril 2021 -
53 % : le nombre de femmes estimant que l’égalité salariale entre les deux genres doit s’imposer comme une priorité d’action à venir.
Ipsos, janvier 2021 -
+23,7 % : la progression d’entreprises dirigées par des femmes entre 2008 et 2017 sur le territoire Sud Isère.
Chaire Femmes & Renouveau économique, GEM, 2018
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