Sata Group joue collectif et gagnant !

Après une carrière de sportif de haut niveau en handball, et ski et de directions internationales chez de grands industriels, vous avez été recruté en avril 2020 par la Sata. Toute la stratégie était-elle écrite à cette date ?

J’ai effectivement été contacté pour la Sata à un moment clé : la reprise de la délégation de service public (DSP) du domaine des 2 Alpes et de La Grave. C’était une réelle opportunité : elle s’accompagnait d’un doublement du périmètre d’activité. Ce qui signifiait passer d’une organisation artisanale à un groupe industriel, structuré en grands départements et pôles métiers. Il y avait surtout la possibilité de développer un modèle unique au monde du tourisme de montagne. J’ai mis une minute à me décider tant le projet était exaltant…

Ce modèle, comment se définit-il ?

Il part du principe que notre rôle ne se limite pas à exploiter des remontées mécaniques. Parce que 1 euro dépensé en remontées mécaniques génère 7 euros de recettes annexes, Sata Group porte une expertise complète de la montagne et une responsabilité beaucoup plus large. Notre vocation s’exprime sur tout le territoire. Nous contribuons à ce que la montagne soit vivante tout au long de l’année, en aidant au maintien d’une population active, de services comme les écoles, les médecins, pharmaciens, boulangers, les commerces… En concevant des offres uniques au monde, notre entreprise permet à tous les publics, qu’ils soient compétiteurs ou amateurs, de s’aérer, découvrir de grands espaces naturels, été comme hiver. Voilà donc notre mission. Et c’est ce projet fédérateur, respectueux de l’identité de chacune des trois destinations, qui a permis à Sata Group de passer, entre 2019 et 2023, de 400 à 1 100 collaborateurs, de 36 M€ de chiffre d’affaires à 120 M€…

Comment s’accomplit un tel développement ?

Il résulte d’une diversification visant à sortir du ski seul, pour aller vers d’autres domaines connexes. La restauration, par exemple. Nous gérons trois restaurants d’altitude dont un en exploitation directe, et devrons annoncer bientôt un nouveau projet innovant. En second lieu, l’immobilier, à vocation touristique ou de logement pour nos collaborateurs. Sata Group dispose d’un parc de 150 à 160 logements, qui grossira encore pour mieux accueillir les saisonniers. Nous contribuons d’ailleurs à la sédentarisation des saisonniers par des emplois à l’année, en complétant la saison par des missions auprès d’entreprises de l’Oisans. Une trentaine de contrats ont déjà été transformés en CDI. Le troisième axe est une politique d’événements soutenue à caractère sportif, culturel et de loisirs, dont Tomorrow Land Winter… Notre développement s’appuie enfin sur notre projet d’entreprise fédérateur, AEON, et une politique soutenue d’investissements. Entre 2020 et 2026, nous aurons investi 674 M€, dont plus de 300 M€ ont déjà été exécutés, avec une répartition équilibrée (46 % hors Alpe d’Huez).

Quels sont ces investissements ?

Le plus spectaculaire est la construction du 3S aux 2 Alpes, un chantier de 135 M€ à lui seul. Il permettra d’accéder au glacier à 3 200 m d’altitude en 17 minutes depuis la station à 1 650 m, avec un débit de 3 000 personnes par heure (40 mn et 1 800 personnes/h auparavant). Il comprendra 7 pylônes seulement au lieu de 17, et sa consommation d’énergie est bien moindre que celle du Jandri Express installé en 1985. La livraison est prévue en décembre 2024. Nous exploitons réalisé également l’ascenseur valléen reliant Allemond à Oz-en-Oisans, essentiel pour la réduction du bilan carbone du domaine. Deux autres appareils permettront aussi des jonctions facilitées entre les stations. La politique d’investissement rend enfin possibles les actions en termes d’immobilier, d’événementiel, de restauration.

Comment priorisez-vous les enjeux sociaux et environnementaux ?

Ils sont indissociables de notre projet. Ouvrir la montagne à tous consiste à imaginer un large panel d’offres pour que les trois pratiques phares – glisse, vélo, marche – soient accessibles au plus grand nombre (débutants, public scolaire, personnes porteuses de handicap…). Un continuum d’activités existe grâce aux complémentarités entre nos trois destinations. Sur le plan environnemental, nous retirons plus de pylônes que nous en installons, nous préservons la ressource en eau et 100 % de nos dameuses fonctionnent à l’huile végétale organique. Tout notre parc de véhicules est rétrofité en électrique. Nous décarbonons nos activités en recourant aux énergies renouvelables, dont l’énergie hydraulique pour les remontées mécaniques. La prochaine étape réside dans la réalisation de l’ascenseur valléen entre Bourg-d’Oisans et Huez, d’ici 2026-2027, à l’initiative de la communauté de communes. Aujourd’hui, 500 voitures font quotidiennement le trajet. La mobilité douce gagnera donc beaucoup à ce projet, surtout en saison. Globalement, nous observons une grande méconnaissance, parfois instrumentalisée, sur la montagne et nos actions. Or la montagne change !

E. Ballery