La Basse Cour, une partie de campagne
Une cuisine chaleureuse et originale. Comme le cadre et l’accueil
C’est au bout du lac de Laffrey. Et nul doute que s’il avait connu l’adresse, Napoléon aurait eu envie de s’arrêter là, à Petichet, sur le bord de la route qui porte son nom, pour faire étape à cette « Basse Cour » elle-même si bien nommée. On descend en effet en léger contrebas dans une cour qui fut de ferme et garde son côté rustique, transformée en terrasse où il fait bon se mettre à table quand le temps s’y prête. Ce jour-là, deux tablées de copines, douze d’un côté, dix de l’autre, y tenaient repas en appréciant visiblement l’atmosphère. Il faut dire que Stéphane Benhamou, qui a l’accueil chevillé au sourire, sait recevoir avec chaleur et faire partager cette passion qu’il a depuis toujours pour la cuisine.
Son parcours a l’originalité de ce qu’il affiche à sa carte. D’abord photographe, travaillant au sein d’un bureau de création, puis passé dans le commerce de vêtements avant de se rapprocher de l’alimentaire en exploitant une sandwicherie, il a en 2013 sauté le pas, en réalisant ce vieux rêve d’ouvrir un restaurant. Reprenant donc un établissement qui avait eu ses heures de gloire, il a entrepris de redonner à La Basse Cour pignon sur route. Et pour cela d’y développer ce qu’il avait connu ici et là, au fil d’une vie largement passée à voyager : greffer des influences venues d’ailleurs sur une cuisine traditionnelle enracinée dans un bistrot de campagne dont le cadre, à lui seul, offre toute garantie d’authenticité rurale.
Produits d’ici, saveurs d’ailleurs
Les produits régionaux – comme ce fameux cochon de pâturage élevé par la ferme Miège à Monteynard – se trouvent ici revisités de façon originale, offrant des alliances de goûts souvent surprenantes. Ainsi l’effiloché de canard choisi en entrée est-il préparé en croustillant façon nem, servi avec sauce piquante. Et le tartare qui suit est décliné terre et mer, steak de salers coupé au couteau d’un côté, gambas et algues de l’autre, dans un assaisonnement qui mêle la menthe, la coriandre, le gingembre, et les petites cacahuètes qui craquent sous la dent. Quant à la pavlova finale, elle conjugue meringues et chantilly mousseuse à une volée de myrtilles sur un sorbet de cerises noires.
La carte, qui respecte les saisons, se plaît à proposer de ces assemblages : le poulpe et les saint-jacques sont préparés comme un ceviche, avec mangue, avocat, yuzu et jus de citron vert ; le filet de bœuf Rossini relève son escalope de foie gras poêlée d’un jus corsé au thym ; et le filet de sandre accommode son jus japonais aux nouilles chinoises. Napoléon, dont on connaît le rêve oriental qui l’habitait, y eut à coup sûr trouvé son compte.
Jean Serroy
Infos clés
La Basse Cour – Petichet – 38119 Saint-Théoffrey
04 76 30 76 59
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