L’Ésat Sainte-Agnès milite pour "l’inclusion réciproque"

Une grande majorité de personnes en situation de handicap mental est malheureusement exclue du monde du travail. Pour l’association Sainte-Agnès, « ces personnes sont pourtant un trésor, annonce Olivier Marze, directeur général de l’établissement. Elles ont une capacité sociale importante, elles sont précautionneuses, attentives et rigoureuses. Mais il leur faut un cadre de travail et une organisation à adapter en fonction de leurs capacités. » Installée sur la commune de Saint-Martin-le-Vinoux, l’organisation récompensée par un Innotrophée de l’ESS, décerné par la CCI en juin dernier, affiche une singularité inaltérée depuis sa création en 1868 : « L’ouverture sur la cité et la dimension travail. » Lieu de vie et accueil de jour, l’association permet aussi à 150 personnes de travailler au sein de son Esat. L’opportunité de leur faire bénéficier d’une activité professionnelle durable dans le temps, à l’heure où le taux de chômage des personnes en situation de handicap reste encore élevé (bien qu’en baisse, il était de 12 % en 2022, contre 7,2 % pour l’ensemble de la population). Quatre activités, adressées à plus de 80 clients, leur sont proposées : restauration, espaces verts, blanchisserie et sous-traitance industrielle. La logistique verra bientôt le jour.

Faire naître des rencontres

Mais là où se différencie fondamentalement l’établissement, et son service d’aide par le travail, c’est par son approche de l’inclusion. « Si nous sommes compétitifs, nous apportons de l’humanité dans la production », soutient Olivier Marze, conscient que l’insertion en milieu ordinaire est faible. « Cela concerne en général seulement 1,5 % des personnes. Il faudrait beaucoup plus de souplesse pour augmenter ce taux. » C’est pourquoi, à Sainte-Agnès, on s’engage pour la rencontre et l’échange entre des salariés du milieu ordinaire et de l’Esat, dans le but de favoriser « l’inclusion réciproque ». « Nous cherchons à valoriser leur capacité de relation. » Une vision qui donnera d’ailleurs naissance, fin février 2024, à la concrétisation d’un projet de bâtiment, situé à Saint-Egrève, rassemblant l’Esat et des entreprises du territoire, disposant de 500 m² d’atelier industriel. Des espaces communs partagés seront regroupés sur une « place du village ». C’est de là notamment que l’association Sainte-Agnès entend faire naître rencontres et partage. « Nous travaillons à cette vie ensemble, où chacun doit faire un pas vers l’autre », précise Olivier Marze.

R. Charbonnier

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