Grenoble est l’une des capitales européennes de la microélectronique”
Après la première édition de 2014, le Semicon Europa, le rendez-vous des acteurs internationaux de la microélectronique, se tiendra à Grenoble du 25 au 27 octobre 2016. Il accueillera en parallèle Iot Planet, le salon des objets connectés. Retour sur ce double événement avec Laith Altimine, président de Semi Europe, et Alain Astier, président de IoT Planet Universal.
Semi est l’organisation qui rassemble les opérateurs de la filière microélectronique. Elle est à l’initiative du salon Semicon Europa qui a lieu chaque année en alternance à Grenoble et Dresde. Dans quelle conjoncture se déroulera cette édition ?
Laith Altimine : 2016 ressort comme un exercice de consolidation. Après des années de croissance à deux chiffres jusqu’en 2008, la microélectronique connaît des progressions plus faibles. Ce qui apparaît plus préoccupant est l’effritement constant de la part de marché occupée par les acteurs européens, de 10 % en 2005 à 6 % en 2015. Il est vrai que nous avons assisté à une véritable redistribution des cartes au niveau mondial. Le Japon est passé de 49 % des parts de marché en 1990 à 8 % en 2015 ! À l’inverse, les États-Unis ont évolué de 38 % à 56 % sur la période, et la zone Asie de 4 % à 30 % ! Le Semicon Europa concentrera une majorité de fabricants de matériaux et d’équipements européens, mais aussi asiatiques ou nord-américains disposant d’implantations en Europe.
Pour la première fois est proposé en parallèle un salon des objets connectés. Pourquoi ?
Alain Astier : Une grande rupture est à l’œuvre : l’immersion des objets connectés dans notre quotidien. Ils gagnent tous les domaines : l’industrie, le bâtiment, les transports, l’énergie, ou encore la santé… Ils sont représentés par des acteurs nouveaux, comme des start-up offrant des services ou applications innovants, à la convergence du matériel et du logiciel. Grenoble est particulièrement en pointe avec un écosysteme très riche de grands groupes du numérique, d’une multitude de start-up et de plusieurs clusters. C’est pour cette raison qu’Anne-Marie Dutron, directrice du bureau de Semi Europe à Grenoble, Maria Gaillard et moi-même avons co-fondé en juillet 2015 la société IoT Planet Universal. Une première édition d’un forum IoT Planet a déjà réuni une trentaine de start-up et plus de 400 visiteurs en novembre 2015. Pour 2016, j’ai proposé à SEMI, en tant que co-fondateur du Bureau Semi à Grenoble, que les deux événements se déroulent en même temps. C’était une opportunité unique de couvrir l’ensemble de la chaîne de valeur de l’électronique, du silicum aux services connectés, et de mettre en valeur les deux pôles d’excellence high-tech de Grenoble, la microélectronique et l’IoT.
Quels sont les résultats attendus de ces deux événements ?
L. A. : Nous avions déjà enregistré un record d’affluence avec plus de 6 000 visiteurs en 2014. Nous en visons cette fois 7 000 au total, dont près de la moitié de visiteurs internationaux. Il s’agit clairement du plus important salon de l’année en Europe pour la filière. À ce titre, il associe un village de l’innovation rassemblant les meilleures start-up du moment, une allée des clusters présentant les écosystèmes européens les plus avancés. Une zone de démonstration permettra également de découvrir les équipements du futur pour l’imagerie, la recherche, l’électronique souple…
A. A. : De notre côté, les thématiques de l’internet pour l’industrie, de la sécurité, des big data, seront d’actualité en visant le milieu à la fois professionnel et grand public. Les objets connectés représentent une révolution à la fois industrielle, économique, sociétale et humaine. Il s’agira de traiter toutes ces dimensions.
Qu’est-ce qui serait de nature à renforcer le poids de l’Europe dans cette industrie ?
L. A. : L’Europe s’impose, et de loin, comme le premier centre de R&D d’excellence dans l’électronique. Malheureusement, nous ne savons pas suffisamment transformer ces atouts en business et sites de production compétitifs. Alors que le marché européen représente 20 % de la demande de semi-conducteurs, le continent attire moins de 8 % des investissements en capacité de production. L’essentiel de notre mission est de faire reconnaître le rôle stratégique de cette industrie auprès des pouvoirs publics. Mais il y a encore beaucoup à faire ! En Asie, un événement comme le Semicon Asia est inauguré par un chef d’État !
A. A. : Au niveau local, notre plus grand handicap est notre culture montagnarde : Grenoble qui est pourtant l’une des capitales en Europe de la microélectronique et de l’IoT réunis, sous-estime ses forces et ne sait pas se vendre à l’extérieur. Nous n’avons pas assez conscience d’avoir un écosystème unique au monde, combinant à la fois les nanotechnologies, la microélectronique, le numérique et l’Internet des objets. Pendant ce temps, le monde avance très vite. Le risque est que les décisions se prennent ailleurs.
E. Ballery
SEMI
- 2 000 entreprises et organisations membres, 250 000 professionnels chez les fabricants de matériaux et équipementiers de la micro et nanoélectronique.
- Implantations : Berlin, Bruxelles, Grenoble, Moscou, San Jose, Washington, Bangalore, Hsinchu, Séoul, Shanghai, Singapour, Tokyo.
Chiffres clés de la microélectronique
- CA mondial 2013 : 315 milliards de dollars.
- Trois industriels européens figurent parmi les 15 premiers mondiaux :
- STMicroelectronics (France-Italie)
- Infineon Technologies (Allemagne)
- NXP (Pays-Bas)
La technologie grenobloise du FD-SOI prend son essor
L’adoption de la technologie FD-SOI par l’américain GlobalFoundries, deuxième fondeur mondial de semi-conducteurs après le taïwanais TSMC, constitue une bonne nouvelle pour la filière française – et grenobloise – de la microélectronique. Une initiative annoncée en septembre dernier, qui bénéficie principalement à Soitec, STMicroelectronics et au CEA-Leti. |
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