Le JEFTA* : une occasion rêvée de changer le commerce international
À l’heure où le retour du protectionnisme se fait de plus en plus porteur de menaces pour l’économie mondiale, un accord présentant de remarquables originalités passe relativement inaperçu. Conclu en fin d’année dernière et devant entrer en vigueur en 2019, l’accord de libre-échange Union européenne-Japon, ou JEFTA, ne constitue pas seulement le plus important accord jamais signé par l’Union : en dédiant un chapitre entier au développement durable et en faisant explicitement référence à l’accord de Paris sur le climat, il pourrait contribuer à changer la donne en profondeur en matière d’échanges internationaux.
Une réaction au protectionnisme et à ses dérives
Avant même les récentes mesures concernant notamment l’acier, la nouvelle orientation protectionniste états-unienne avait pris forme, avec la sortie des États-Unis du partenariat transpacifique (TPP) réunissant 12 pays riverains de l’océan Pacifique. C’est cet événement qui a encouragé la conclusion rapide d’un accord ambitieux entre l’Union européenne et le Japon, même si les premières discussions à ce sujet avaient démarré dès mai 2011.
Un accord susceptible de changer le commerce international
L’Union européenne et le Japon représentent ensemble quasiment un tiers du PIB mondial. Ils sont des acteurs très impliqués dans le commerce international, tout en ayant choisi de protéger assez fermement leurs marchés. Le commerce avec le Japon génère d’ores et déjà 600 000 emplois directs dans l’UE et, selon plusieurs études, chaque milliard d’euros d’exportation en plus vers le Japon devrait contribuer à créer 14 000 emplois en Europe.
Mais c’est sur un autre terrain que se dessinent l’originalité et le caractère pionnier du JEFTA. Il est en effet le premier à faire une référence explicite à l’accord de Paris sur le climat. Partageant les mêmes exigences en matière de santé, de protection de l’environnement ou de sécurité alimentaire, UE et Japon semblent prêts à endosser une responsabilité historique en produisant des normes techniques nouvelles plus respectueuses de l’environnement et favorisant également les progrès en matière sociale. Le nivellement par le bas, caractérisant nombre d’accords passés, semble ici peu probable. Au contraire, en dépit de l’empreinte environnementale associée aux échanges internationaux, le développement du commerce entre UE et Japon pourrait s’avérer une excellente nouvelle en permettant une amélioration sensible de la qualité écologique des produits.
Des points d’amélioration possibles
Bien sûr, le JEFTA n’est pas parfait. Des points d’amélioration évidents existent. L’occasion, qui était belle, d’intégrer dans l’accord des restrictions concernant la chasse à la baleine, la surpêche ou le commerce de bois illégal n’a pas été saisie. De tels sujets pourront, à la pratique de l’accord, être intégrés et discutés entre partenaires. L’opportunité semble néanmoins avoir été retenue, avec une rapidité et une efficacité prenant le contrepied de la tendance au retour du protectionnisme, de contribuer à changer, repenser, voire pacifier le commerce international.
* Japan-EU free trade agreement : accord de libre-échange Union européenne-Japon
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