De l’augmentation des coûts, des prix à celle des taux d’intérêt : vers de nouvelles stratégies d’amortissement du choc !
Les dernières mesures et analyses le confirment : sans intervention forte des autorités monétaires, l’inflation risque de se maintenir de façon durable à des niveaux élevés, puisqu’à ses origines conjoncturelles s’ajoutent des déterminants structurels de plus en plus prégnants. Ayant pris l’habitude d’agir en soutien de l’activité économique par le biais de politiques monétaires dites « accommodantes » ces dernières années, les Banques centrales, Fed et BCE en tête, reviennent à des politiques guidées par leur mandat originel et visant le maintien de la stabilité des prix.
De cette dernière, en effet, dépend la si précieuse confiance des agents économiques, rassurés, lorsque la stabilité est au rendez-vous, par une certaine prévisibilité, elle-même indispensable aux embauches et aux investissements. Exceptionnellement bas ces dernières années, les taux d’intérêt sont donc appelés à connaître des hausses non négligeables, constituant de nouvelles sources d’augmentation des coûts pour les entreprises (et les ménages) et nécessitant de leur part de nouvelles stratégies d’adaptation.
Vers une remontée progressive des taux d’intérêt
Des deux côtés de l’Atlantique, Fed et BCE témoignent d’une volonté claire de contenir au maximum l’inflation. Cette ambition passe par des relèvements successifs des taux d’intérêt. Quatre hausses ont ainsi déjà eu lieu aux États-Unis ces derniers mois, contre deux en zone euro. Le consensus largement exprimé lors de la conférence des banquiers centraux, fin août, ne laisse planer aucun doute sur la détermination des autorités monétaires à faire revenir l’inflation à un niveau de 2 %, et ce, quel qu’en soit le prix en termes d’activité économique et d’emploi. Le « quoi qu’il en coûte » va clairement changer de signification, à mesure que les taux vont donc continuer à augmenter. Les hausses de taux qu’il est désormais possible d’anticiper (elles ne surprennent en général plus personne tant elles sont attendues) vont poser de nouvelles difficultés aux entreprises, même si l’objectif reste de desserrer les contraintes posées par la hausse des coûts (d’achat, de transport, de production, de commercialisation…). En réduisant l’inflation, les taux d’intérêt plus élevés rendront plus coûteux les investissements (dont une vertu est de produire ou de permettre de vendre moins cher). Pas sûr que tous les acteurs économiques, entreprises et ménages en tête, y gagnent, du moins à court terme.
Le rôle clé des stratégies collectives et partenariales
Ces stratégies étaient déjà des plus pertinentes avant les difficultés de ces derniers mois, lorsqu’il s’agissait de créer ensemble, notamment en co-innovant, plus de valeur qu’il n’aurait été possible de le faire seul. Elles me semblent fournir des réponses encore plus adaptées lorsqu’il s’agit de développer toute forme possible de résilience. Aux difficultés à financer les investissements peuvent ainsi répondre des pratiques de co-investissement. Aux coûts élevés du transport peuvent répondre des pratiques de relocalisation. Aux coûts liés au turn-over (le changement de fournisseur) peuvent répondre des pratiques relationnelles plus constructives, relevant du partenariat. Janet Yellen, secrétaire au Trésor américain, a même récemment plaidé pour des pratiques de « friendshoring » consistant à relocaliser en vue de travailler avec des entreprises « amies ». Face à la hausse des coûts (de l’énergie, des matières premières ou de l’argent), la qualité des relations avec les partenaires économiques, clients, fournisseurs, voire concurrents, reste sans aucun doute la meilleure option.
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