Patrick Souillot, chef d’orchestre de La Fabrique Opéra : ouvrir le spectacle lyrique à la jeunesse
La Fabrique Opéra est une structure singulière créée par François Souillot en 2006 à Grenoble, qui a depuis essaimé en France. Son but : ouvrir à tous les portes du spectacle lyrique en impliquant des jeunes issus de formations techniques et professionnelles dans la fabrication des œuvres.
Qu’est-ce que La Fabrique Opéra ?
Comme notre nom l’indique, nous fabriquons des opéras ! D’une part, nous n’avons pas de salle de spectacle ; et d’autre part, nous concevons nos spectacles de toutes pièces avec des intervenants qui sont presque tous amateurs. Et puisque nous ne sommes pas une maison d’opéra, notre modèle économique est très différent : alors que les premières sont subventionnées à 90 %, nous fonctionnons pour notre part en grande majorité avec la billetterie (55 % des recettes) et le mécénat (20 % environ). Nous ne demandons pas davantage de subventions publiques, nous cherchons à nous développer en augmentant justement la part de mécénat. Et parce que La Fabrique Opéra s’inscrit dans un modèle économique local, nous travaillons avec des structures du territoire comme l’IMT ou les lycées professionnels. Nous sommes donc un projet territorial.
Comment fabriquez-vous un opéra ?
Le concept consiste à impliquer des jeunes pour qu’ils côtoient la culture le plus tôt possible. Nous montons donc ensemble un opéra chaque année. Après avoir décidé de l’œuvre et du metteur en scène, nous rencontrons les partenaires pédagogiques selon les besoins. Il y a bien sûr les partenaires réguliers – les sections bâtiment de l’IMT, par exemple –, mais il nous est arrivé de solliciter le lycée horticole de Saint-Ismier ou encore Supcréa pour des projections. Ensuite, nous lançons les auditions des solistes – cette année, pour le Faust de Charles Gounod, nous avons obtenu 230 candidatures pour 7 rôles. Entre septembre et mars, les lycéens se mettent à l’ouvrage pour ce projet qualifié de « chef-d’œuvre », en contact de plus en plus étroit avec le metteur en scène et son assistante. Les dernières répétitions se font en mars et les représentations se déroulent enfin au Summum, un partenaire très proche.
Parlez-nous du mécénat…
En 2024, notre production a coûté 500 k€ et le mécénat a représenté 130 k€. Les entreprises mécènes sont souvent en lien avec des membres de notre conseil d’administration, mais pas seulement. Comme je le disais, nous cherchons à augmenter le nombre de nos mécènes, nous sommes ouverts à de nouveaux contacts. Cette année, nous avons également créé un club des donateurs, Les Amis de la Fabrique, qui s’adresse à tous ceux qui veulent nous aider de manière individuelle. En tout cas, nous cherchons à tisser des liens solides et pérennes avec nos mécènes, que nous rencontrons plusieurs fois par an, à qui nous proposons par exemple d’assister à des conférences ou à des répétitions ouvertes.
Philippe Napoletano
Infos clés
La Fabrique Opéra à Grenoble, depuis 2007 :
Participation de plus de 7 000 jeunes
Plus de 150 000 spectateurs
Les mécènes
Novelty, Safilaf, ARaymond, Saintex, Entendre – Jouvence Auditions, ICS
Fondation Banque populaire AURA, Cinabre Invest, Auto Dauphine, Groupe Huillier, Groupe Streiff, Cuynat, Groupama, GRDF
La Fabrique Opéra en France
En 2012, François Souillot crée une structure nationale avec Daniel Cohen et Jacques Attali. Sa mission consiste à recueillir et valider des candidatures nationales à l’issue d’appels à projets. Le concept irrigue donc de nouvelles villes – Orléans, Strasbourg, Narbonne, Saint-Brieuc, Boulazac, Clermont-Ferrand, Courbevoie, Fontainebleau… – tout en conservant son esprit local.
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