Décrochage scolaire, « des mots sur des maux »
Chaque année, près de 100 000 jeunes entre 16 et 24 ans quittent le système scolaire sans diplôme ni qualification. En Isère, le phénomène concerne 7,32 % des jeunes de cette tranche d’âge. Si leur nombre décroît, selon le ministère de l’Éducation nationale, il reste encore trop élevé. Le système scolaire est régulièrement pointé du doigt comme étant mal outillé pour répondre aux besoins et aspirations d’une partie des jeunes.
Une étude rendue publique cet automne fournit un aperçu plus détaillé des raisons qui les conduisent à se mettre en rupture de leur parcours scolaire. En se concentrant sur la tranche d’âge de 16 à 18 ans, la Fondation AlphaOmega, les Missions locales et l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) ont ainsi interrogé, entre septembre et novembre 2022, 2 100 jeunes en obligation de formation et ayant rompu avec l’école. Il en ressort d’abord un constat : 70 % des sondés avaient plutôt de « bons ou moyens » résultats. Ce n’est donc pas un point constitutif au décrochage. En revanche, trois autres facteurs sont mis en avant.
Famille, stress, orientation
Le premier est lié d’abord à l’entourage. 58 % des jeunes n’avaient pas le moral à l’école, et près de 30 % « se sentaient mal » avec leurs parents. L’étude conclut au « caractère aggravant du milieu familial dans le processus de décrochage. Un rapport difficile à la famille entraîne naturellement des troubles de socialisation dans les autres cercles tels que les enseignants et les amis ». Second point, le stress à l’école est en cause, avec en particulier une jeune fille en rupture sur deux disant avoir été stressée, un sur quatre pour les garçons. 30 % déclarent par ailleurs avoir subi du harcèlement ou des violences à l’école, ce qui génère du repli sur soi. Enfin, troisième facteur du décrochage : « l’orientation subie ». Ainsi, 61 % des 16-18 ans déclarent s’être orientés « par défaut » en raison d’« absence de conseil, de méconnaissance d’autres parcours ou encore faute d’avoir été pris dans le domaine qu’ils voulaient ». L’étude estime qu’« une véritable alliance éducative (institutions, associations, enseignants, chefs d’établissements, parents et élèves) autour de l’orientation est indispensable ».
R. Charbonnier
Infos clés
61 %
Au moment de leur orientation, 61 % des lycéens et étudiants auraient souhaité davantage de contacts avec des professionnels du secteur qui les intéresse.
Étude L’Étudiant et BVA, mai 2023.
41%
des jeunes privilégient la famille pour les guider dans leur choix.
Étude L’Étudiant et BVA, mai 2023.
Parmi les jeunes de 16 à 18 ans qui ont quitté le système scolaire :
58 %
indiquent que leur plus grande difficulté à l’école provient de l’obligation d’apprendre des choses qui ne les intéressaient pas.
48 %
des filles et 40 % des garçons ont du mal à rester assis et à se concentrer.
63 %
des jeunes filles se disent soulagées après avoir quitté l’école (garçons : 46 %)
Étude sur le décrochage scolaire réalisée par la Fondation AlphaOmega, les missions locales et l’Afpa.
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