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Présences Grenoble
Ils font l'actu — Le 27 juillet 2023

Paraboot, de l’Isère à l’Élysée

Paraboot représentait l’Isère, aux côtés du leader des batteries Verkor, à l’exposition du « Fabriqué en France » organisée en juillet à l’Élysée. Plus largement, six chausseurs français exprimant une large gamme de savoir-faire ont été sélectionnés par le jury. Au-delà des difficultés conjoncturelles des enseignes du prêt-à-porter et de la chaussure, reste-t-il une place pour une industrie hexagonale dans ces secteurs ? C’est la position fermement défendue par Clémentine Colin Richard, dirigeante de Richard Pontvert et présidente de la Fédération française de la chaussure.

© F. Ardito

Si la France importe des chaussures pour un montant de 6,56 Md€ en 2021, elle en exporte pour 3,96 Md€. Comment expliquer cette différence entre les forces réelles du secteur à l’international, et la perception qu’en a le public ?

Clémentine Colin Richard : Il y a là précisément un paradoxe que je ne m’explique pas. La visibilité du made in France est bien supérieure hors de nos frontières. De nombreux pays envient notre créativité, notre qualité. La filière est constituée de près de 90 fabricants, dont des ateliers qui se sont encore créés récemment. À ce titre, l’exposition du « Fabriqué en France » à l’Élysée, en juillet, représentait une belle illustration de la diversité des savoir-faire : botte camarguaise, charentaise, la Méduse, marque de chaussure bien connue des vacanciers, un podo-orthésiste de Lozère spécialiste de l’appareillage du pied, les Sneakers fabriquées dans l’usine ASF 4.0 par le dirigeant de Chamatex, associé à Salomon, Millet et Babolat en Ardèche. Et Paraboot. Nous avons été sélectionnés par le jury pour la bottine Prestige, qui fait partie de la tenue d’apparat de la Garde républicaine. Sa fabrication nécessite pas moins de 150 opérations manuelles !

© Paraboot
© Paraboot

 

Vous mettez en avant la belle dynamique d’après Covid…

Oui, la chaussure française connaît une embellie et reconquiert des parts de marché à l’international. Nos chiffres d’affaires ont augmenté de 57 % en cinq ans, pour une croissance de 25 % en volume. Nous gagnons en valeur ajoutée. Il est vrai qu’avec 135 millions de paires produites en France, nous sommes loin des 495 millions de paires importées, issues principalement d’Asie – Chine et Vietnam en particulier. La chaussure française exprime deux systèmes de valeur : une mode vertueuse, grâce à des produits qualitatifs, durables dans le temps, et même réparables. Cela nous situe à l’opposé de la fast fashion. Mon arrière-grand-père, quand il a fondé son atelier il y a 115 ans, fabriquait les chaussures d’une vie ! L’éco-conception et la responsabilité, au regard de la matière première utilisée, majoritairement des cuirs pleine peau achetés en France, font partie de nos préoccupations. Et nos activités sont très ancrées sur leur territoire. Paraboot, reconnue pour la couture Goodyear, fabrique pour l’essentiel sur le site de Saint-Jean-de-Moirans. Après la pandémie, les plus jeunes générations sont revenues vers nous. Nous sommes pour eux gage de solidité, d’authenticité, d’originalité, des atouts revenus au premier plan. Paraboot peut ainsi chausser trois générations d’une même famille. Se retrouvent dans les valeurs de la marque aussi bien un jeune salarié travaillant à la Défense, qu’une famille ayant économisé pour acquérir le modèle désiré.

Comment s’illustre cette recrudescence de la demande autour de Paraboot ?

Elle s’exerce à la fois en France, où nous avons un réseau de 30 boutiques, qu’à l’international, qui représente 60 % du chiffre d’affaires. Nous avons tout simplement eu du mal à fournir la demande en post-Covid…

Ce phénomène est-il lié également aux difficultés de recrutement dans vos métiers ?

Cela fait longtemps que nous connaissions ces difficultés. Mais là encore, des changements s’opèrent. Nous consacrons davantage d’efforts à faire connaître la marque, notre ADN, nos savoir-faire, les mesures d’intéressement mises en place, et la semaine de quatre jours. Et de fait, si nous recrutions essentiellement en proximité, nous commençons à voir des profils s’installer dans la région pour travailler chez nous. L’entreprise attire de nouveau des talents comme des cordonniers expérimentés ou des compagnons spécialisés. C’est essentiel, par exemple pour les bottes sur mesure fabriquées pour les motocyclistes de la Gendarmerie ou la Police nationales. Et désormais, c’est à l’aide d’outils vidéo et d’applications que nous transmettons les savoir-faire.

© F. Ardito
© F. Ardito

 

Comment concevez-vous votre rôle, entre Paraboot et la fédération nationale ?

Je suis entrée en 2000 dans l’entreprise familiale, en assurant successivement la responsabilité du réseau de boutiques et des collections. Depuis 2017, j’ai pris du champ en me repositionnant sur la gouvernance du groupe. Cette date a coïncidé avec la mise en route de la nouvelle usine, et l’arrivée d’Éric Forestier, notre directeur général, qui a apporté un regard neuf sur l’entreprise familiale. Il assure aujourd’hui les fonctions de direction opérationnelle. En parallèle, j’ai été élue en juin 2021 présidente de la fédération. C’était la première fois qu’une femme – et une personne non retraitée – était choisie.

Quels sujets portez-vous dans cette instance ?

J’ai pu mesurer le poids des thèmes réglementaires, non PME-compatibles, quand on ne dispose pas de dizaines de salariés aux postes administratifs ! Nous travaillons aussi au lancement de nouvelles formations avec le Conseil national de la maroquinerie et le Centre technique du cuir (CTC). La fédération accompagne également les porteurs de projets et les créations d’entreprises. À cet égard, nous enregistrons de très beaux succès depuis dix ans. Plus de 80 % des entreprises suivies sont encore en activité, ce qui est une prouesse dans le monde des structures d’accompagnement. Et puis ma mission est de faire reconnaître nos entreprises, dont certaines sont labellisées Entreprise du patrimoine vivant. Mon rôle est de faire briller la chaussure française aux niveaux local, national et international.

E. Ballery

Infos clés

  • Industrie de la chaussure
  • Richard-Ponvert (marque Paraboot)
  • Chausseur haut de gamme depuis 1908
  • 3 800 emplois directs
  • CA 2022 : 650 M€ (+10 %)
  • Production : 15 millions de paires (+3 %)
  • Taux d’exportation : 29 %
  • Nombre d’entreprises : 90

A savoir

  • La chaussure française est reconnue métier d’art depuis 2016.

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