Jean-Benoit Carreau, président Association Mobil’is
« Ce n’est pas parce qu’on est parti trop tard qu’il faut aller plus vite »
Quels sont les axes de réflexion sur la mobilité chez Mobil’is ?
Notre association a pour objectif de sensibiliser un large public sur une mobilité décarbonée. Mobil’is est un think tank qui fait appel à des chercheurs qui présentent le fruit de leurs travaux et réflexions dans des tribunes que nous publions régulièrement. Cela permet à nos adhérents et au public de se constituer une culture de la mobilité afin de les accompagner dans la remise en question de leur mode de déplacement. L’objectif étant de trouver des solutions qui répondent aux usages tout en étant durables et équitables.
Quelles sont les solutions les plus prisées par vos adhérents ?
La plupart des entreprises veulent lutter contre l’autosolisme. Elles ont la volonté de développer le vélo, comme c’est souvent le cas à Grenoble, ainsi que les transports en commun. Or le vélo n’est pas toujours la solution. Mobil’is compte une soixantaine d’adhérents, surtout professionnels. Parmi eux, une société comme Schneider Electric, par exemple, préfère encourager l’autopartage, en mettant à la disposition de ses collaborateurs une flotte de véhicules électriques pour les trajets entre ses différents établissements, car la circulation à vélo sur ses sites industriels représentait un risque d’accident. En plus de leur intérêt pour la décarbonation, toutes ces démarches contribuent à faire évoluer les prises de conscience.
La voiture électrique est-elle la solution idéale aujourd’hui ?
Le véhicule électrique donne finalement bonne conscience aux autosolistes et l’on peut imaginer que ce type de mobilité individuelle restera majoritaire en 2035, lors de la fin programmée des véhicules thermiques. Il est toutefois important de ne pas opposer les modes de déplacements au profit d’une idéologie et de prendre en considération les aspects socioéconomiques liés à la mobilité. Un véhicule électrique coûte cher, et tous les foyers les plus modestes n’ont pas droit à des aides en relation avec leurs revenus. Le leasing mis en place par le gouvernement est défini selon un seuil fiscal, mais laisse toujours une partie de la population de côté.
Quelles sont les principales réticences au changement ?
Pour l’entreprise, elles peuvent être liées à l’efficacité, à la productivité. La ZFE peut ainsi gêner l’activité économique. De notre point de vue, déterminer des périmètres de circulation est une aberration. Et ce n’est pas parce qu’on est parti trop tard qu’il faut aller plus vite pour rattraper le temps perdu. C’est inéquitable pour les particuliers et pour les sociétés, car la ZFE aura des conséquences sur l’économie des entreprises pour circuler dans les zones urbaines et périurbaines, et pour s’équiper de véhicules adaptés. Pour les particuliers, il s’agit le plus souvent de la difficulté de changer les usages. La culture du déplacement n’est pas aujourd’hui protectrice de l’environnement. Et c’est un grand défi de faire évoluer les habitudes.
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