Innovation verte : un déclin appelant un accompagnement renouvelé
Le constat est sans doute contre-intuitif à l’heure où la nécessité de préserver l’environnement fait l’objet d’un consensus. La baisse de la part annuelle des brevets déposés dans la technologie bas carbone est pourtant réelle depuis 2011. En dépit de quelques contre-exemples (citons ici les véritables efforts et résultats entrepris par l’un des acteurs majeurs de notre écosystème économique qu’est Schneider Electric), les principaux domaines d’application sont concernés par le déclin : du nucléaire à l’hydrogène, en passant par les énergies renouvelables ou les véhicules électriques. Le ralentissement de l’innovation verte est perceptible au sein des pays historiquement les plus engagés : Japon, États-Unis et Allemagne, qui réalisaient l’année dernière 59 % des inventions bas carbone mondiales.
Les innovations vertes : un impact à relativiser
Avant d’analyser les origines et les pistes permettant de dynamiser les innovations vertes, il importe de relativiser leur rôle face à la question environnementale. Elles peuvent, au mieux, ne constituer qu’un levier pour réduire l’impact délétère des activités humaines sur la biosphère. Les prétendues solutions technologiques contribuent souvent à l’émergence de nouveaux problèmes et ne sauraient faire l’économie d’une indispensable réflexion sur les usages. La sobriété apparaît de façon quasi systématique comme un complément incontournable pour valider les effets des innovations. De précédentes chroniques ont invité les dirigeants à ne considérer l’innovation qu’en tant que moyen au service d’une finalité prenant la forme d’un progrès. Ces limites étant rappelées, l’innovation verte peut s’avérer utile à l’heure où nous constatons son déclin.
Trois origines principales
Les innovations vertes dépendent, sans doute avant tout, des perspectives économiques qui leur sont associées. La baisse relative des prix du pétrole dans les années 2010 a clairement joué en défaveur des efforts pour trouver des alternatives aux énergies fossiles. En dépit de la grande présence médiatique du sujet, l’affaiblissement des politiques climatiques est également en cause. L’Environmental Policy Stringency Index, qui mesure la rigueur des politiques environnementales dans les pays de l’OCDE en prenant en compte les normes, taxes et subventions liées à la protection de l’environnement, témoigne d’une réduction des ambitions dans les années 2010. Enfin, la domination sans partage de la Chine dans certains secteurs, tel celui des panneaux solaires, a considérablement réduit la concurrence et le potentiel d’innovation mondial.
Des solutions impliquant plusieurs acteurs
À côté des encouragements publics prenant la forme de subventions, le mécanisme de la taxe carbone est de nature à favoriser les solutions alternatives et la recherche. Côté entreprise, les indispensables « valideurs » des innovations vertes sont nombreux, celles-ci devant trouver un marché (des clients), des financeurs (des actionnaires ayant un horizon d’investissement), mais aussi des partenaires (fournisseurs, voire concurrents). Aucune innovation digne de ce nom ne pouvant être réalisée de façon isolée, sans les compétences complémentaires d’autres acteurs.
Hugues Poissonnier
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