Face à la crise du multilatéralisme, le rôle clé des coalitions hétéroclites
Les échanges internationaux connaissent un ralentissement qui fait de la mondialisation un processus que certains n’hésitent plus à qualifier de moribond. Bien que les chaînes de valeur de la plupart des produits n’aient jamais été aussi imbriquées et éclatées à l’échelle mondiale, la période qui s’ouvre se caractérise par un véritable repli national. Perçue, parfois à raison, mais souvent à tort, comme à l’origine de nos problèmes les plus divers (hausse des inégalités, réchauffement climatique…), la mondialisation est également porteuse de réelles vertus, notamment de la paix lorsqu’elle prend la forme du “doux commerce” cher à Montesquieu. C’est sans doute sa gouvernance, plus que la mondialisation elle-même, qui s’avère potentiellement génératrice de problèmes nouveaux, ou de solutions originales.
Une véritable crise du multilatéralisme
Le multilatéralisme est un mode d’organisation des relations interétatiques qui repose sur la coopération et l’instauration de règles communes. Aujourd’hui remis en cause dans des pays émergents comme le Brésil, mais aussi, et surtout, par l’administration Trump, le multilatéralisme, qui avait permis de maintenir la paix, notamment en Europe1, est clairement en crise. Il est révélateur de constater que les avancées les plus significatives du dernier G20 d’Osaka en juin ont concerné les dossiers bilatéraux, alors qu’aucune solution n’a été trouvée pour pérenniser le fonctionnement de l’OMC, dont le tribunal est toujours bloqué par les États-Unis qui empêchent la nomination de nouveaux juges. La réduction des échanges mondiaux ne constitue pas qu’une mauvaise chose. En faisant reculer le commerce de concurrence plus que le commerce de complémentarité, elle diminue l’impact environnemental des transports, sans forcément priver les consommateurs des produits indisponibles chez eux. Certains voient même, et leur vision n’est pas dénuée de bon sens, un possible renouveau des politiques industrielles. Il est toutefois clair que la croissance mondiale va pâtir du repli du commerce amorcé. Ce n’est sans doute pas un grand mal au regard des enjeux environnementaux et des problèmes planétaires à gérer collectivement (climat, biodiversité).
Vers de nouvelles formes de coopération : les coalitions hétéroclites
Face au double constat du déclin du multilatéralisme et de l’urgence des solutions collectives à mettre en oeuvre vis-à-vis, notamment, de l’urgence climatique, de nouvelles initiatives se font jour, impliquant des villes, des régions, des ONG, des entreprises de toutes tailles. Ces coalitions hétéroclites regroupent des acteurs qui prennent leurs responsabilités en trouvant dans le collectif la possibilité de renforcer leurs contributions individuelles. À l’heure où elles s’interrogent sur le sens et où elles redéfinissent leurs missions, de nombreuses entreprises ont l’occasion de dépasser, dans l’intérêt de tous, leur stricte vocation économique.
1. Michel Serres évoquait encore récemment les “soixante-dix paisibles” pour qualifier la dernière période de paix (relative) vécue en Europe.
2. L’initiative ainsi lancée par Emmanuel Faber, PDG de Danone, pour lutter contre la précarité et l’égalité des chances compte plus de 30 grandes entreprises ; et l'action Les Bons Clics, luttant contre l'exclusion numérique, fédère une entreprise de l'ESS, une start-up et plusieurs associations.
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