Mobilité : réussir à baisser les émissions de GES, un enjeu majeur et complexe !
Les émissions de gaz à effet de serre des transports représentent actuellement 30 % des émissions en France. Contrairement aux autres secteurs, elles continuent à augmenter sur une longue durée. Pourquoi ? Quels sont les défis à relever ? Le passage aux véhicules électriques va-t-il tout résoudre ? Immersion dans un secteur passionnant où les changements doivent advenir… vite !
Pourquoi les émissions de GES augmentent-elles ?
- La demande – le nombre de kilomètres parcourus par les passagers et les marchandises –, croît régulièrement.
- Le report modal vers les transports en commun est faible, voire négatif. Le poids de l’aérien augmente encore.
- Les gains d’efficacité énergétique des moteurs sont réels, mais ils sont compensés par un poids moyen des véhicules en hausse sensible (« effet SUV ») et un taux de remplissage en baisse.
- L’énergie consommée provient toujours à plus de 90 % de combustibles fossiles fortement émetteurs.
Quels sont les virages à prendre pour tenir les engagements de baisse de GES d’ici 2030 et de neutralité carbone d’ici 2050 ?
- L’accélération de l’électrification est un levier formidable, dont la mise en œuvre s’accélère. L’effet est doublement positif : on consomme moins d’énergie (efficacité accrue des moteurs) et on bénéficie d’une énergie potentiellement décarbonée.
- C’est un must, mais ce n’est suffisant : le bilan carbone des véhicules électriques n’est pas neutre, la transformation du parc prendra du temps, et il n’existe toujours pas de solution alternative adaptée pour l’aérien, le maritime, les lignes ferroviaires… Enfin, il n’y aura pas toujours suffisamment d’électricité décarbonée disponible pour tous les usages envisagés (transports, bâtiments, industrie…).
- De même, le développement de solutions à base d’hydrogène vert est une source de décarbonation importante, mais limitée à certaines applications (ferroviaire, camions…) – et sous réserve que l’on sache produire suffisamment d’hydrogène vert. Les biofuels aussi apportent un avantage réel, mais limité.
- Ces évolutions technologiques présenteront des impacts stratégiques majeurs : sécurité des approvisionnements, baisse de la pollution… mais peuvent aussi créer de nouvelles dépendances sur certains matériaux.
En parallèle à ces transformations côté « supply », on n’évitera pas une transformation côté « demand ».
Pour modérer la hausse, voire réduire la demande de mobilité, peuvent être développées des solutions : télétravail, sobriété dans les comportements, réduction des distances pour les marchandises…
Pour assurer un réel transfert modal, il faudrait abandonner massivement les véhicules individuels pour les transports en commun, opter pour des transports de marchandises plus courts et généraliser le ferroviaire.
Pour engranger des gains d’efficacité, il faut encore agir sur la motorisation, adopter de nouvelles pratiques comme les véhicules partagés, le covoiturage, la conduite économe…
À plus long terme, il s’agit aussi de concevoir une organisation de la société moins consommatrice de transports, grâce à la planification urbaine, la supply chain des biens et l’organisation du travail… Les scénarios publiés récemment par l’Ademe (https://transitions2050.ademe.fr/) décrivent fort bien les différents choix possibles entre ces différents leviers et les illustrent aussi sous l’angle de l’acceptabilité et de la désirabilité sociale. Des travaux de fond utiles à la planification de la transition écologique que le nouveau gouvernement souhaite mettre en place.
Pour les entreprises, l’enjeu est double, exigeant et passionnant :
- participer à au développement et à la mise en œuvre de solutions de décarbonation compétitives ;
- contribuer, dans un raisonnement « scope 3 » (y compris les parties prenantes), à la maîtrise de la demande de mobilité des biens et des personnes.
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