Juliette Guilloux, gérante d’Intermarché et de Netto*, vice-présidente déléguée commerce à la CPME Isère : "Nous assistons à une forme de déconsommation"

Comment a évolué la fréquentation de vos enseignes ces dernières années ?

Juliette Guilloux : Pour rappel, les deux Intermarchés sont des moyennes surfaces de 2 500 à 3 000 m². Les Netto, d’une surface inférieure à 1 000 m², sont positionnés sur une offre discount. Les premiers changements de comportements d’achat sont apparus avec le Covid. Les consommateurs ont moins fréquenté les hypermarchés, au profit des supermarchés et du commerce local. Aujourd’hui, avec l’inflation, les clients modifient encore leurs habitudes d’achat. Nous assistons à une forme de déconsommation et à une orientation des achats vers des produits moins chers. Si la fréquentation de nos magasins est plus importante, les clients achètent moins. Nos enseignes Netto progressent bien depuis le début de l’année, avec un chiffre d’affaires plus important, mais boosté en partie par la hausse des prix.

Qu’avez-vous mis en place pour faire face à ces nouveaux comportements d’achat ?

Le groupement Intermarché a mis en place un panier anti-inflation avec 100 % de produits de nos marques. Nous avons la chance de fabriquer nos propres produits et pouvons ainsi plus facilement minimiser la hausse des prix. Par ailleurs, nous avons toujours travaillé avec le local. Nos magasins disposent d’une large gamme de références régionales avec de nombreux articles labellisés IsHere. D’autre part, l’Intermarché de Seyssins, refait il y a un an, dispose désormais d’un grand rayon vrac. Celui-ci sera amené à se développer avec une offre de produits conventionnels, non bio. Nous réfléchissons aussi à mettre en place du vrac pour les produits d’entretien et d’hygiène, mais il faut trouver la bonne solution. Parmi les autres aménagements significatifs : l’installation d’une halle de marché, d’un bar à salades et d’un stand de cuisine où sont préparés plats du jour, gratins et pizzas.

Que représente la vente en ligne pour vos magasins ?

En plus du drive sur nos deux Intermarchés et de la livraison pour celui de Seyssins, nous travaillons avec la société coopérative Tut Tut qui propose un service de livraison de particulier à particulier. Aujourd’hui, l’e-commerce représente moins de 3 % de notre activité à Villard-de-Lans et 6 % à Seyssins. C’est moins que pendant la période Covid, mais cela reste représentatif sur l’activité globale.

Quelles sont aujourd’hui les principales préoccupations des commerçants ?

La question de la déconsommation est une vraie problématique, mais surtout celle de la pénurie de main-d’œuvre. Les hausses du prix de l’énergie sont également très préoccupantes pour les commerces, notamment alimentaires. Enfin, l’insécurité en général (vols, vandalismes…) est aussi de plus en plus importante. Nous vivons une période difficile. Mais le petit commerce n’est pas mort, il doit savoir s’adapter !

F. Combier 

*Intermarché (Seyssins, Villard-de-Lans) et de Netto (Seyssins, Lans-en-Vercors)