Gières fait place nette pour ses commerces
Entièrement remodelée à l’occasion de la construction récente de deux immeubles d’habitation, la place de la République de Gières valorise les commerçants installés et enrichit l’offre de la commune avec des magasins innovants.
On connaissait la place de la République pour son marché alimentaire le mercredi matin et des commerçants précieux pour le palais des gourmets : les clients viennent de loin pour s’approvisionner chez le boucher Cyril Orjollet et le pâtissier Hervé Cohendet, deux artistes du bon goût. Le décor de la place a changé ces derniers mois, au profit d’une ambiance plus douce, propice à davantage de flâneries : moins de voitures, plus de végétation, un plateau piéton partagé, des assises, du béton sablé au centre… Dédiés à l’implantation commerciale, les pieds d’immeuble des deux nouvelles résidences se sont vite animés. Dès le début du printemps, la pharmacie de la Place cédait son site historique à quelques mètres de là pour prendre ses nouveaux quartiers en doublant sa visibilité. Quelques semaines plus tard, c’était au tour de L’Épicerie, vrac et 100 % bio, de faire son entrée au cœur de la place. Sa créatrice Anouk Achard officiait depuis cinq ans dans l’alimentaire, puisqu’elle tenait précédemment… La Crèmerie, déjà à Gières. L’idée d’agrandir son premier magasin s’étant heurtée à la perspective de trop lourds investissements, elle a préféré bâtir ce nouveau commerce, en cohérence avec ses valeurs. « Tous les produits proposés ici sont bio et proviennent d’artisans et producteurs indépendants. » La majorité sont locaux, notamment les maraîchers et les fabricants de boissons, quelques-uns viennent d’un peu plus loin, mais les fruits et légumes s’accordent toujours aux saisons. L’Épicerie fait la part belle aux huiles, vinaigres, sirops, bières et autres boissons, tout en accordant une large place aux légumineuses, céréales, biscuits, chocolats et même confiseries bio. Cosmétiques, produits d’hygiène et lessives occupent aussi plusieurs rayons : « C’est vraiment l’idée d’un petit magasin où l’on peut faire toutes ses courses, pas tout en vrac, mais tout en qualitatif et en production française. »
À boire et à lire
Au pied de l’immeuble voisin, c’est un concept store original qui vient tout juste d’ouvrir : Aldo Savino combine salon de coiffure, épicerie italienne et vente de machines à café, fours à pizza et autres ustensiles. Imaginé par les deux frères Aldo et Savino Mangione, c’est déjà le quatrième magasin de l’enseigne dans l’agglomération. Et celui qui pousse le plus loin l’idée d’hybrider l’offre. À droite, l’espace coiffure mixte et le coin barbier pour le plaisir du rasage à l’ancienne, à gauche l’épicerie italienne et son comptoir vintage, qui fleure bon les produits artisanaux en direct des Pouilles et de la Sicile : antipasti, huile d’olive, apéritifs légers… Aldo Savino invite aussi à siroter un ristretto en journée, à l’intérieur ou en terrasse. « Nos parents et grands-parents étaient aussi coiffeurs, raconte Savino Mangione. Nous leur rendons hommage, avec l’envie de partager notre culture avec le plus grand nombre. » Partager la culture, c’est aussi l’ambition d’Ana Dubeux-Dourado. Native du Brésil, cette ancienne professeure de lettres a créé en juin dernier Livr’Aire, la toute première librairie de Gières. Ce cocon d’à peine 22 m2 abrite aussi bien les derniers romans français que les pépites de la littérature étrangère, les polars, les essais, les BD et tout un rayon jeunesse. Cette librairie, Ana l’avait imaginée avec son mari Yves, mais sa disparition prématurée a bouleversé les plans. « Nous avions prévu une librairie-café, avec un espace dédié aux événements culturels et aux rencontres avec les écrivains. Au Brésil, les librairies sont des lieux de partage, malheureusement menacés. » La révision du projet n’empêche pas Ana Dubeux-Dourado de mener parallèlement un rôle actif dans l’animation d’un tiers lieu qui épouse les mêmes ambitions : L’Incongru, en lien avec la mairie, se veut un espace libre et nomade où la culture et les débats offrent une résonance à sa librairie. Libre comme l’air.
R. Gonzalez
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