Jeanette, parfum de filles…
Une cuisine bistrot, joliment réinterprétée.
Autrefois à Lyon, il y eut, célèbre, la cuisine des mères : une cuisine de bistrot lyonnais, à la fois substantielle et recherchée… Aujourd’hui à Grenoble, il y a la cuisine des filles. Elles se prénomment Manon et Thaïs : on dirait deux opéras de Massenet ! Et elles ont choisi d’appeler leur restaurant Jeanette. D’abord, certes, parce que c’est le second prénom de la première et que c’est quasiment le nom de famille de la seconde (Giannetti) ; mais surtout parce que c’est une façon de dire qu’ici, aux fourneaux, on est entre filles. Et que si l’on entend bien rester fidèle à l’esprit bistrot, on entend aussi lui donner une touche gastro, plus légère et portée par l’esprit du temps.
Parcours gourmand
Elles ont pour cela à la fois une solide expérience – toutes deux se sont connues à La Corne d’Or où Thaïs était chef de cuisine et Manon seconde – et la même volonté de travailler dans un esprit d’authenticité et de vision durable : appel en priorité à des producteurs locaux, légumes et fruits bio, huiles aromatisées maison, vins vinifiés naturellement, respect de la saisonnalité. Et surtout envie de dépoussiérer les recettes et les plats classiques, sans les rayer de la carte, que ce soit œufs mimosa, langue de porc ou pied de cochon. Elles les interprètent en laissant libre cours à leur imagination, d’autant plus éclectique qu’elles ont décidé d’alterner chaque semaine, l’une en cuisine, l’autre en salle, et vice versa.
Tout à l’ardoise, renouvelée chaque semaine
Du coup, elles travaillent à l’ardoise, qui change hebdomadairement, Manon notant fidèlement sur un cahier siglé Dior (on n’est pas fille pour rien !) ce que chacune propose ainsi de semaine en semaine. Et depuis septembre 2020, date à laquelle elles ont ouvert leur restaurant, petit mais accueillant, avec sa salle en longueur, sa mezzanine et son brin de terrasse, cela fait beaucoup de propositions originales et de créations surprenantes. Elles aiment travailler les alliances de goûts, mélanger les saveurs, varier les cuissons, relever les légumes de sauces inattendues. Le paleron de bœuf, dénervé, est servi snacké avec un gratin de pommes de terre ; les cavatelli sont parfumées à la ricotta et accompagnées de carottes rôties ; l’échine de cochon est marinée dans son jus de viande sur un lit de pointes d’épeautre parfumé à la menthe ; les aubergines confites s’agrémentent, dans une purée au miso, de cacahuètes, de crème d’ail, de sauce soja et, couronnant le tout, d’un œuf mollet ; les figues sont rafraîchies d’une crème glacée à la reine-des-prés. Et, pour finir, elles ont une façon bien à elles de préparer le Paris-Brest qui, après avoir goûté l’aller, ne donne qu’une envie : venir goûter le retour !
Jean Serroy
Infos clés
Jeanette
3 rue Génissieu, 38000 Grenoble
09 54 61 61 54
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