Et si…on allait chez Christian ?
Un petit resto, comme on les aime, tenu par un maître en la matière.
On ne dira pas de Christian Tourniaire que c’est un vieux de la vieille, mais côté restaurant, il a quelques lustres d’expérience derrière lui et connaît mieux que personne la question. Voilà bien trois décennies qu’il travaille dans le secteur, depuis qu’il a commencé au défunt Petit Paris. Après avoir passé ensuite une bonne vingtaine d’années dans plusieurs établissements grenoblois, puis bourlingué de grandes tables en petits coins sympas, il a eu envie, à 50 ans, d’ouvrir son propre restaurant.
Il a pour cela jeté son dévolu sur un lieu, la rue de Strasbourg, qui offre aujourd’hui une concentration tout à fait rare de tables valant le détour, au 16 précisément. Et comme les habitués avaient coutume de dire : “Et si on allait manger chez Christian ?”, il s’est dit qu’il tenait là la meilleure enseigne qui soit, et il l’a gardée.
Et si… donc, on pousse la porte de l’endroit, on se sent tout de suite à l’aise dans ce décor bistro chic qu’agrémente une décoration changeante toujours originale. Par exemple, ce jour-là, une collection de miroirs marocains, de colliers berbères et de gravures de tissus africains. Comme la décoration, la carte est elle aussi changeante, renouvelée chaque semaine en fonction de la saison, des produits, et du goût de Maïwenn Feron, qui officie en cuisine. Un goût que s’est forgé celle-ci aux meilleures maisons, le Fantin-Latour notamment, et qui lui fait rechercher, dans la ligne d’une cuisine traditionnelle, des alliances de saveurs inédites, du sucré-salé, des légumes nouveaux, avec un plaisir évident dans la présentation des plats.
Dans la ligne d’une cuisine traditionnelle, des propositions inédites.
Ce qui fait qu’on ne regrette jamais de suivre ce qu’elle propose. La semaine où on s’est mis à table chez Christian, l’hésitation portait entre un boudin noir à la gelée de cidre doux, accompagné d’un écrasé de pommes de terre au chorizo et d’une compotée de pommes aux oignons, ou une sole entière (de 350 grammes !) cuisinée façon meunière avec une tombée d’épinards frais, du riz vénéré et un coulis de poivrons rouges.
On a finalement opté, en entrée, pour des saint-jacques poêlées, avec un pak-choï joliment parfumé à l’aigre-doux de la rhubarbe, sur un pain grillé aux céréales et à la vanille. Les côtelettes d’agneau à la crème d’ail qui suivaient, à cinq dans l’assiette, étaient garnies d’un tian de légumes et relevées d’un jus d’agneau à la betterave. Quant au moelleux au chocolat final, il se nappait d’un caramel au beurre salé dans l’air du temps, pour un repas original et chaleureux.
Et si on revenait… ?
J. Serroy
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