Wizbii multiplie les plates-formes à fort impact de vie
Assiste-t-on, comme aux États-Unis, à une vague de « grande démission » en France ? Véritable tour d’observation des jeunes de 16 à 30 ans et de leur relation au travail, la société Wizbii émet une analyse beaucoup plus nuancée. Benjamin Ducousso, président de l’entreprise, s’exprime sur les tendances en cours. Il présente aussi les projets de Wizbii pour répondre aux nouvelles attentes sociétales.
Quel est le métier de Wizbii ?
Cela fait dix ans que la société est en mission pour les jeunes ! Nous les accompagnons en éditant à la fois des services sous la marque Wizbii, et des plateformes emblématiques en marque blanche.
Nous sommes présents en France et en Europe, en opérant principalement depuis notre siège social, à Grenoble, avec 120 collaborateurs passionnés.
Pendant 10 ans, nous avons gardé un cap clair : être utile aux jeunes. Au démarrage, en tant qu'anciens étudiants de GEM, nous avons bâti un service pour faciliter l'entrepreneuriat puis l'emploi des jeunes. Notre gamme s’est élargie par un service de recherche des aides financières, une auto-école en ligne, puis une mutuelle santé, afin de leur proposer une offre complète de services.
En 2017, nous avons ajouté à notre activité le métier d'opérateur de plateformes pour le compte de collectivités ou d’entreprises souhaitant accompagner les jeunes. La plus identifiée à ce jour reste « 1jeune1solution.gouv.fr », conçue pour le gouvernement. C'est une aventure folle : plus de 10 millions de jeunes l’ont utilisée, 1,7 million ont été redirigés vers un emploi, une formation ou un service civique. Cette expérience a permis d'ancrer davantage notre expertise dans les plateformes de solutions.
Quelle est la prochaine étape ?
Nous souhaitons capitaliser sur nos savoir-faire pour aller plus loin : Wizbii passe d'une société qui aide les jeunes, à une société qui aide les gens. Il s’agit d’élargir notre mission vers d’autres publics : les artisans, la clientèle vulnérable, les seniors, le handicap... Cette expertise en plateformes s'accompagne d'une nouvelle marque distincte, bientôt dévoilée : Obendy, anagramme de « beyond », traduction anglaise de « au-delà ».
Chez les jeunes, le niveau des démissions est historiquement haut en France. Est-ce aussi ce que vous observez ?
La réalité est plutôt une forte diminution du taux de chômage, qui a baissé de cinq points entre 2020 et 2022 pour les jeunes de 15 à 24 ans. Leur problématique n’est donc pas tant l’accès à l’emploi que le choix d’un métier autre qu’alimentaire. D’où des démissions plus nombreuses, en lien avec ce marché du travail plus fluide.
Le contexte a beaucoup évolué : pendant le confinement, les emplois étudiants se sont arrêtés brutalement, ce qui a placé beaucoup de jeunes en situation d’extrême précarité. Les pouvoirs publics ont progressivement mis en place des solutions. Cela a été le cas par exemple sur l’apprentissage. Le virage est très net sur ce sujet, avec des jeunes qui n’hésitent plus à suivre des filières de formation en apprentissage, y compris pour leurs études supérieures. D’autres se sont réorientés vers des métiers d’avenir. Par exemple, des étudiants dans les métiers de l’événementiel, sinistrés, se sont dirigés vers le numérique. Mais d’autres métiers souffrent toujours de désaffections massives, comme les services sanitaire et social, l’enseignement, l’agriculture…
Ce sont pourtant des métiers porteurs de sens. Comment interpréter ces rejets ?
Je n’aime pas résumer la diversité des jeunes aux générations X, Y, ou Z, car il existe toujours de forts écarts par rapport à ces comportements types. Toutefois, ce que nous voyons ressortir de façon globale, est une aspiration au bonheur et à un épanouissement personnel, davantage qu’une recherche d’argent ou de carrière. Le travail devient alors une expérience de vie.
Les jeunes ne sont pas devenus plus fainéants ou paresseux, comme on l’entend souvent dire. Ils sont au contraire prêts à se donner à fond… Ils ne sont pas plus individualistes qu’avant. Ils aspirent à s’insérer dans un collectif, à être heureux au travail comme on peut l’être à la maison. L’exigence du télétravail s’inscrit d’ailleurs parmi les fondamentaux. Et comme la vie est courte, alors oui, certains font toujours plus de voyages, de rencontres, de découvertes. Ce « nomadisme » peut se traduire par des missions plus courtes et très diverses.
Comment rebâtir une attractivité autour des métiers désertés ?
Il y a un discours à inventer, et des parcours à valoriser auprès des jeunes pour qu’ils perçoivent les opportunités réelles de ces métiers. Nous avons l’exemple en interne d’un responsable commercial parti à New York pour se former aux métiers de l’ébénisterie. Pourquoi pas ? Wizbii l’a accompagné dans son parcours et son retour en France. Une autre particularité des jeunes est qu’ils souhaitent voir des employeurs ou des entreprises engagés ! Il manque certainement de cela dans ces organisations et ces métiers.
Une violence dans les rapports humains s’exprime aussi davantage…
Même si elle est très visible, elle n’est que le fait d’une minorité. Il en est de même au niveau politique. L’engagement pour l’extrême droite, l’extrême gauche ou dans une écologie radicale correspond à un cliché. Nous voyons bien davantage des jeunes désinvestis et désintéressés, et même une désertion vis-à-vis de l’idéal européen. Ils adorent l’Europe ouverte d’Erasmus, mais sont profondément désinvestis en termes de citoyenneté. C'est un point qui nous mobilise chez Wizbii.
E. Ballery
Infos clés
- Plates-formes de services
- Trois fondateurs : Benjamin Ducousso, Romain Gentil, Emeric Wasson.
- 120 personnes
- Grenoble
- Implantations : Paris, Pau
- CA prévisionnel 2022 : 10 M€ (40 et 50 % de croissance par an depuis 3 ans)
A savoir
- Huit jeunes sur 10 en France ont recours à nos plates-formes de services
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