Marie-Hélène Pons-Puricelli, dirigeante de Sogics : Notre priorité est de sécuriser le présent avant de penser à l’avenir
Travaillant exclusivement sur les chantiers de logements collectifs, l’entreprise de génie climatique de Marie-Hélène Pons-Puricelli, située à Saint-Martin-d’Hères, subit sensiblement la baisse d’activité de son secteur. Ce qui contraint Sogics à étendre l’activité à d’autres zones géographiques et à adopter des décisions structurelles.
Pour ce premier semestre 2024, comment voyez-vous évoluer vos marchés ?
Nous endurons une vraie crise depuis le mois de novembre dernier. Des chantiers qui auraient dû démarrer en maçonnerie n’ont toujours pas été ouverts, ou sont retardés en raison du faible taux de commercialisation des promoteurs, ou encore se sont vu refuser leur permis de construire. Heureusement, quelques chantiers ont repris ce semestre. Nous sortons petit à petit du déclin d’activité, mais pour combien de temps ?
Comment vous êtes-vous adaptée à la situation ?
La période a été très compliquée d’autant que nous n’avons pas de variable d’ajustement : nous ne faisons pas appel à de l’intérim ni à de la sous-traitance. Pour répondre à ce creux d’activité, nous avons donc fait le choix de nous étendre davantage et de renforcer nos chantiers en Haute-Savoie et dans l’Ain, deux départements sur lesquels nous intervenons déjà. Nous sommes allés chercher d’autres clients, et avons profité également de cette situation pour réorganiser notre entreprise. De plus, nous avons formé en compétences nouvelles nos 45 salariés et réalisé du prêt de main-d’œuvre pour nos confrères.
Ce contexte a-t-il eu un impact sur l’emploi ?
Malheureusement, nous n’avons pu bénéficier de la prise en charge d’activité partielle de la part de l’État. Une décision incompréhensible. Si nous avons réussi à éviter les licenciements jusqu’à présent, nous devrons peut-être les envisager dans les mois à venir. La diminution du nombre d’apprentis est également un autre aspect impactant de la crise. Alors que nous en avons actuellement trois, l’année prochaine, nous n’en prendrons plus qu’un seul. Parfois, nous en accueillions jusqu’à cinq par an. Bien que nous n’envisagions pas de renoncer à l’apprentissage, notre priorité est de sécuriser le présent avant de penser à l’avenir.
Quelle crainte avez-vous pour les mois à venir ?
La perspective d’une entreprise se déclarant en faillite suscite de l’inquiétude, car cela pourrait avoir des répercussions dévastatrices sur d’autres sociétés impliquées dans un projet.
2025 sera-t-elle une meilleure année ?
Je suis inquiète : après les difficultés connues en début d’année 2024, et malgré notre carnet de commandes sécurisé pour les six prochains mois, je n’ai aucune visibilité pour 2025. Je suis d’un naturel optimiste, mais il est indéniable que nous devons tous faire preuve de solidarité. Certains d’entre nous consentent à réduire leurs marges pour contribuer à l’effort collectif, tandis que d’autres ne semblent pas partager cet engagement. En période de crise, la solidarité est plus précieuse que jamais.
R. Charbonnier
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