Waga Energy, de l’or dans le biogaz
La start-up conçoit, finance, développe et exploite des centrales de production de biométhane près des installations de stockage de déchets. Si ses résultats 2021 consacrent la performance de son modèle d’affaires, l’évolution rapide du contexte climatique et la situation géopolitique amplifient encore la pertinence de sa vision.
On les appelle des Wagabox. Ces petites unités installées sur les sites de stockage de déchets fermentescibles produisent un biométhane de haute qualité grâce à un procédé d’épuration unique, associant filtration par membrane (pour débarrasser le biogaz des impuretés et du CO2) et distillation cryogénique (pour en extraire les gaz de l’air, azote et oxygène). Une technologie de rupture initiée chez Air Liquide, d’où est née Waga Energy en 2015, qui fournit grâce à ses Wagabox un biométhane pur à 98 %, injectable dans les réseaux. Militante du gaz renouvelable, Waga Energy inscrit son activité dans une problématique brûlante : rompre avec la dépendance de nos économies « vis-à-vis des énergies fossiles et fissiles ». Fin 2021, la dizaine de Wagabox en exploitation en France aura épargné à l’atmosphère l’équivalent de 24 000 tonnes de CO2. « Nous avons injecté dans les réseaux 145 GWh de biométhane en substitution du gaz naturel, ce qui représente environ 15 millions de litres d’essence », illustre Mathieu Lefebvre. Pour achever de convaincre, le président de Waga Energy s’appuie sur un allié précieux : le marché. « Le prix du biométhane est suffisamment compétitif aujourd’hui et stable dans la durée pour déclencher le soutien des pouvoirs publics. »
Cent unités dans le monde en 2026
Depuis l’installation de sa première Wagabox en 2017 en Bourgogne, l’entreprise s’efforce de développer ses unités simultanément en France et à l’étranger. Elle a signé fin 2020 un premier BPA (Biomethane Purchase Agreement) avec le groupe espagnol Ferrovial Servicios pour valoriser le méthane issu du site de 68 hectares de Can Mata, près de Barcelone, l’une des plus grandes décharges du pays. Raccordée d’ici quelques mois au réseau, l’unité Wagabox traitera 2 200 m3/h de biogaz et injectera 70 GWh de biométhane par an. D’autres projets ont été engagés en 2021 : cinq unités en France, mais aussi deux au Canada et une première Wagabox aux États-Unis, à quelque 300 kilomètres de New York. « Aux États-Unis, 75 % des déchets sont stockés, à travers plus de 2 500 installations. Le biométhane est donc là-bas un enjeu particulièrement fort de la transition énergétique : nous nous devons d’y être présents », observe Mathieu Lefebvre.
Pour accélérer son déploiement ici et à l’international, Waga Energy s’est tournée vers les marchés financiers : le succès de son introduction sur Euronext fin octobre dernier lui offre l’élan nécessaire pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés pour 2026. « Notre ambition est de produire 4 TWh de biométhane à cette échéance, soit 700 000 tonnes de CO2 évitées, grâce à une centaine d’unités dans le monde », pointe le président de Waga Energy. Des perspectives d’autant plus prometteuses que l’entreprise reste attentive à la cohérence de son organisation au fil de son développement. « Les succès de Waga Energy sont totalement liés à l’engagement des équipes, avec des métiers riches de sens, et au réseau régional d’entreprises partenaires », conclut Mathieu Lefebvre.
R. Gonzalez
Infos clés
- Conception, financement, construction et exploitation d’unités de production de biométhane
- Meylan
- 95 personnes
- CA 2021 : 12,3 M€
A savoir
- Le gaz renouvelable est un enjeu majeur de ce siècle. J’en suis absolument convaincu, et l’Histoire nous le dira.
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