Direct Analysis traque les micro-organismes des aliments
La 70e start-up issue du CEA-Leti attaque un secteur stratégique : le contrôle bactériologique des aliments. Sa solution simplifie, accélère et sécurise l’extraction d’ADN pour la détection des micro-organismes. Un marché mondial estimé à 3,5 Md$ en 2025.
« J’ai toujours eu de l’admiration pour les entrepreneurs. En suivant les start-up comme Fluoptics, Apix, Avalun, fondées par d’anciens collègues, je savais que mon tour viendrait, évoque Thomas Bordy, créateur de Direct Analysis. Je suis entré au CEA Grenoble en 2000 comme appelé du contingent. Je n’ai jamais quitté le CEA depuis. » En presque 20 ans, Thomas Bordy a évolué dans différents domaines applicatifs – imagerie médicale, chimie analytique, biologie. C’est en 2019 qu’il saute le pas, avec le cofondateur Rémi Toutain, en rejoignant le dispositif Magellan. Leur projet franchit l’étape de maturation, aboutissant en janvier 2021 à la création de Direct Analysis.
Une micro-usine d’extraction et d’analyse de l’ADN
La technologie apporte une rupture dans le marché des tests de contrôle bactériologique des aliments, en divisant par 4 le délai de réponse disponible. « Le standard bien connu est la boîte de Pétri, qui fournit un résultat au bout de 48 à 72 heures. Les tests PCR sont apparus il y a une dizaine d’années, qui réduisent le délai à 24h. C’est encore trop long pour des aliments à courte durée de vie (salades, sushis, lait, viande hachée…). » Or dès les années 2000, le CEA a développé des technologies d’analyses rapides pour identifier des agents pathogènes sur des théâtres d’opération militaire. Elles ont d’abord nourri des solutions de diagnostic biologique. Elles intéressent aussi l’industrie agroalimentaire et la distribution, qui ont besoin de méthodes de décision rapides, par exemple pour libérer des lots ou limiter les rappels de produits. À condition de baisser drastiquement leur coût !
Plusieurs millions de tests en vue
La solution de Direct Analysis répond à ces contraintes. Elle se présente sous la forme d’une puce microfluidique, baptisée Xtralys®. Cette micro-usine automatise l’extraction d’ADN et traite les échantillons en 6h, à un coût compatible. Un lecteur permet d’en délivrer les résultats. « La proposition de valeur est exceptionnelle et regardée de près par les acteurs de l’agroalimentaire. Les marchés de l’eau, l’environnement et la cosmétique sont aussi visés. L’enjeu est à présent d’industrialiser la solution. Nous poursuivrons aussi la R&D pour réduire encore le temps d’analyse, car un délai 3 à 4h reste atteignable. » Direct Analysis envisage plusieurs phases de levées de fonds pour accompagner son développement. L’équipe se compose déjà de 7 personnes. Un site industriel est à l’étude dans la Bièvre, pour 2022. Les projections à 2025 sont plus que prometteuses. « Une usine agroalimentaire réalise jusqu’à 100 tests PCR par jour. Équiper 100 usines équivaut à plusieurs millions de tests par an ! Cinq à six clients potentiels testent dès à présent des analyses avec notre solution. Tous disposent d’usines dans le monde entier. La France est un pays à la pointe de la sécurité alimentaire. D’ici cinq ans, nous ambitionnons de devenir un standard du marché. »
E. Ballery
Infos clés
Technologies d’extraction d’ADN et détection de bactéries
Grand prix I-Lab au concours d’innovation 2021
Deux fondateurs : Thomas Bordy, président, et Rémi Toutain, directeur technique
11 brevets
9 démonstrations en cours en usine
1 M€ de financement, pour un programme d’industrialisation dès 2022
Ventes prévisionnelles 2025 : 3,7 M€
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