Clinatec poursuit sa marche en avant
Chacun a ces images en tête : celle d’un jeune homme tétraplégique retrouvant le sens du mouvement grâce à la manipulation d’un exosquelette, contrôlé par ses propres signaux cérébraux. Ce reportage a fait le tour du monde en 2019. Dix ans après l’intuition de départ et la création de Clinatec, centre de recherche biomédicale Edmond J. Safra, les premiers résultats sont à l’œuvre.
Tout est parti en 2006 d’une rencontre, entre le célèbre neurochirurgien du CHU de Grenoble, Alim-Louis Benabid, et le directeur de la recherche technologique du CEA Grenoble, Jean Therme. Ils ont le projet d’associer dans un même bâtiment des équipes pluridisciplinaires – physiciens, roboticiens, informaticiens, chirurgiens, biologistes, personnels de soins… – pour surmonter les impasses thérapeutiques (maladies dégénératives, handicaps, cancers…). « Clinatec [centre Edmond J. Safra], au cœur du polygone scientifique, désigne ce centre de recherche biomédicale multidisciplinaire, unique en France. En plus des 70 personnes du CHU et du CEA, tous spécialistes de leur domaine, il comprend un bloc opératoire, un plateau d’imagerie et d’analyses médicales, des plateformes technologiques, pour mener des études précliniques et cliniques », commente Guillaume Charvet, chef de projet CEA-Leti Clinatec.
Une interface cerveau-machine palliant le handicap moteur sévère
Présent dès 2008, Guillaume Charvet a notamment assisté à toutes les étapes du projet BCI (Brain Computer Interface). « Les chercheurs ont développé un dispositif implantable permettant de contrôler un exosquelette 4 membres, grâce à la mesure et au décodage de signaux cérébraux. Pour cela, il faut pouvoir mesurer en haute résolution l’activité électrique dans le cerveau correspondant à des intentions de mouvement, puis les transmettre en temps réel et sans fil vers un ordinateur, pour les décoder et contrôler l’exosquelette. » Publiés dans The Lancet Neurology, les résultats obtenus entre 2017 et 2019 ont validé la preuve de concept clinique. « Ce n’est qu’à l’issue d’un entraînement très progressif que le patient tétraplégique retrouve une mobilité des jambes puis des deux bras. En ce sens, la contribution du patient reste essentielle. Il existe encore de nombreux défis pour que le dispositif puisse s’adapter à la vie de tous les jours, mais la perspective est possible. »
En juin dernier, les travaux réalisés par Clinatec, centre de recherche biomédicale Edmond J. Safra, et une équipe suisse de l’EPFL de Lausanne et du Centre hospitalier universitaire vaudois, ont recueilli le prestigieux prix Leenaards 2021. Ils visent cette fois à ce que l’activité cérébrale contrôle de façon appropriée un dispositif de stimulation de la moelle épinière, pour générer le mouvement des jambes chez les patients paraplégiques. « Le point commun de ces recherches est qu’elles vont très loin dans l’échelle de maturité. Clinatec réalise les différentes étapes de conception, fabrication, qualification normative et la rédaction du dossier réglementaire des dispositifs médicaux destinés à des essais cliniques. À cette étape, les verrous technologiques sont levés. Il reviendra ensuite aux industriels de se saisir de ces innovations. »
E. Ballery
Infos clés
Centre de recherche biomédicale
5 800 m2 au polygone scientifique
70 personnes
7 champs pathologiques couverts
4 plateformes techniques majeurs d’équipements
870 volontaires sains et patients volontaires depuis 2013
62 brevets
30 M€ collectés auprès de 25 grands donateurs et du fonds de dotation
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