CEA : l’accélérateur d’industrie
L’ampleur de la pénurie des semi-conducteurs en témoigne : l’économie mondiale ne saura se passer de la microélectronique, un secteur stratégique pour traiter des enjeux de mobilité, de sécurité, de santé, et de transition énergétique. C’est désormais une certitude: quasiment tous les pans de l’économie seront soumis à des ruptures majeures.
Une stratégie de transfert industriel
Or le CEA joue un rôle essentiel sur tous ces sujets clés. Depuis le premier essaimage de EFCIS qui a donné STMicroelectronics, il a réuni des équipes au plus haut niveau de la recherche, et développé une trentaine de plateformes technologiques à la pointe des environnements de R&D internationaux. Il accompagne aussi le transfert de connaissances scientifiques et technologiques vers l’industrie. De grands groupes, des ETI et PMI ont ainsi réalisé des transformations majeures grâce aux accords de R&D avec le CEA. Pas moins de 220 start-up ont également été créées à partir des technologies développées par les laboratoires. Elles couvrent tous les secteurs d’avenir : énergies bas carbone, santé, systèmes numériques innovants. En région grenobloise, leur nom est connu : Soitec, Lynred, Aledia, Exagan, Isorg, Diabeloop, Sylfen… Leur point commun ? Un délai important de mise sur le marché, pour transformer les technologies en un prototype, puis en produit ou en service fonctionnel. « Il n’est pas rare de devoir attendre plus d’une dizaine d’années avant d’atteindre l’étape de commercialisation », décrypte le CEA.
Essaimer plus encore de start-up deep tech
De nombreux dispositifs ont été mis en place par le CEA pour accompagner les porteurs de projet. Le dernier en date, en 2020, est le dispositif Magellan. Ce programme d’aide à la création d’entreprise inclut une phase de maturation, Magellan-lab et d’incubation, Magellan-tremplin. Il est ouvert aux collaborateurs du CEA ou candidats extérieurs valorisant une technologie des laboratoires.
L’accompagnement est complet et sécurisé, puisqu’un chercheur-entrepreneur a la possibilité de réintégrer le CEA jusqu’à quatre ans après la fin d’incubation. Toutes les occasions de tisser les liens avec l’écosystème de partenaires industriels sont également saisies. Un appel à idées a démarré en juin 2020, sous le parrainage de Giorgio Anania, CEO d’Aledia. En 2021 apparaissent les premières start-up accompagnées dans ce cadre, dont Direct Analysis et AgiLite. L’ambition est de doubler en dix ans le nombre de start-up essaimées des laboratoires !
E. Ballery
Infos clés
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Technologies du CEA
Numérique et électronique
Santé
Énergie
Matériaux
Systèmes numériques intelligents -
1 500 participants aux Leti Innovation Days les 22 et 23 juin 2021, sur le thème « Hardware is back », avec l’intervention de personnalités et des plus grands acteurs de la microélectronique mondiale
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Start-up issues du CEA
220 depuis plus de 30 ans
70 issues du CEA-Leti
75 % relèvent des deep tech
7 cotées en bourse
Plus de 1 Md€ levé depuis 2000
5 000 emplois créés
A savoir
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Le CEA entend doubler dans les 10 prochaines années le nombre de start-up essaimées des laboratoires.
« De l’audace » : une vision pour l’Europe
André-Jacques Auberton-Hervé a démarré l’aventure Soitec en 1992 avec Jean-MichelLamure. De deux personnes à l’origine, ces fondateurs ont hissé la société au rang de leader international.
André-Jacques Auberton-Hervé a reçu en 2006 le Prix de l’Audace créatrice, décerné par Jacques Chirac. L’entrepreneur a tiré le titre de son essai, De l’audace !, publié en 2016 aux éditions Débats publics. Il y défend des thèses volontaristes.
« L’enjeu se situe au-delà des licornes : nous devons être capables de faire émerger des décacornes en Europe (société atteignant 10 Md€). C’est possible, à trois conditions : créer des standards technologiques qui changent la vie et génèrent de nouveaux usages. Les niches, c’est sympathique, mais cela signifie que l’on abandonne la création de valeur à des acteurs moins exigeants sur les plans social et environnemental. Le corollaire est de placer la soutenabilité au cœur du modèle, ce que nous avions fait dès 1992 chez Soitec.
Deuxième condition : l’Europe doit croire en ses capacités à reprendre une place sur les produits grand public. Cela suppose de soutenir des technologies clés et de revoir la taille des marchés, car la dispersion des efforts est mortifère.
Troisième condition : créons un marché des capitaux au niveau européen, un Nasdaq pour soutenir ce modèle de croissance. L’économie 4.0 est devenue un monde de Formule 1, ce dont a témoigné la course aux vaccins, conçus en 100 jours. Le courage défensif ne suffit pas. Il faut plus d’audace créatrice et entrepreneuriale ! ».
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