Nucléaire : l'ambitieux pari de Renaissance Fusion
La start-up Renaissance Fusion, à Fontaine, a pour ambition de construire un réacteur à fusion nucléaire compact d'ici dix ans. Un véritable défi technologique qu’elle est l’une des rares au monde à oser relever.
Renaissance Fusion s'appuie sur la vingtaine d'années d'expérience en physique de l’Italien Francesco Volpe aux Etats-Unis. L'entreprise que celui-ci a fondée en juillet 2020 avec Martin Kupp travaille sur un projet de réacteur à fusion nucléaire, fonctionnant sur la base d'une architecture baptisée stellarator. Alors que d’autres structures, tel ITER, s'appuient sur la technologie dite tokamak (dans laquelle les bobines magnétiques entourant le plasma sont régulières), Renaissance Fusion utilise des aimants en torsion pour confiner le plasma à des températures de plusieurs centaines de millions de degrés celsius.
“Le premier avantage de cette technologie est sa stabilité : elle permet une production de courant en continu, explique Diego Cammarano, directeur des opérations. Autre intérêt : la taille réduite du réacteur, grâce à l’utilisation de matériaux supraconducteurs à haute température. Plus petit, il est donc moins coûteux. Par ailleurs, grâce à l’utilisation des métaux liquides, il produit un faible niveau de radiations, équivalent à celui d'un centre d'imagerie médicale. Tout au long de son cycle de vie, il produit aussi moins de déchets et leur durée de radiation s’avère beaucoup plus courte que celle des systèmes à fission. Le défi que nous devons relever aujourd’hui tient à la conception : les aimants irréguliers complexifient la construction.”
L'objectif de Renaissance Fusion est d'aboutir à la mise au point d'un réacteur d’une puissance électrique d’un gigawatt d'ici dix ans.
Renaissance Fusion est la première entreprise en Europe à miser sur l’architecture stellarator.
“Si les fondateurs ont choisi de s'installer en France, c'est en raison d'une meilleure acceptabilité du nucléaire par rapport à d'autres pays européens, note Diego Cammarano. Francesco Volpe a, par ailleurs, été séduit par Grenoble, son écosystème de recherche, reconnu en France et à l'international.” La start-up emploie actuellement une dizaine de personnes et prévoit de recruter entre 15 et 20 collaborateurs cette année. Après une première levée de fonds auprès de business angels, en juin dernier, elle en prépare une seconde, de plusieurs millions d'euros, d'ici quelques mois.
F. Combier
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