« Partager le fardeau de l’inflation » : une affaire de responsabilité
Empruntée au ministre de l’Économie Bruno Le Maire, l’expression invitant les entreprises à « partager le fardeau de l’inflation » témoigne de l’importance de la prise de conscience : en matière de conséquences de l’inflation, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Tandis que certaines entreprises parviennent relativement bien à refacturer à leurs clients une partie des surcoûts liés à l’inflation subie, d’autres enregistrent des surprofits, leurs bénéfices exceptionnels étant alimentés par la flambée des prix du pétrole et du gaz. C’est notamment le cas pour TotalEnergies, dont le bénéfice de 5 Md€ au premier trimestre 2022 s’avère en hausse de… 48 %. Profitant de la forte hausse des tarifs du transport, la compagnie CMA CGM, autre exemple notoire, a réalisé des bénéfices de 17 Md€ l’année dernière.
Des mesures proactives de soutien à la consommation
La prise de conscience désormais bien partagée est toutefois insuffisante si elle n’est pas suivie d’effets. Il est intéressant de constater la proactivité des deux entreprises citées plus haut. TotalEnergies a ainsi ajouté une remise de 12 centimes par litre de carburant pour juillet et août aux 10 centimes déjà consentis par le groupe. CMA CGM a de son côté mis en place une remise de 500 euros par conteneur transportant des biens de consommation. De telles mesures, proposées avant l’ « invitation » du ministre de l’Économie, témoignent d’une réelle, et donc possible, proactivité de la part des entreprises les mieux loties.
De l’importance de soutenir tous les partenaires économiques
Au-delà des mesures aux effets d’autant plus visibles qu’ils impactent le consommateur final, d’autres touchant les fournisseurs dans le B to B (commerce entre entreprises), moins visibles, méritent également d’être mises en œuvre, à chaque fois que la possibilité existe. Et elle existe bien plus souvent qu’on ne le pense. En clair, il s’agit de s’inspirer des recommandations du philosophe Hans Jonas, plutôt que des préconisations du professeur Mickael Porter. Alors que le second proposait dans les années 1980 de développer, puis d’utiliser le maximum de pouvoir sur ses partenaires économiques (dans son très célèbre modèle des forces concurrentielles), le premier invite dans l’un de ses ouvrages de référence, Le Principe Responsabilité, à se montrer d’autant plus responsable que l’on détient un pouvoir important. Au-delà des valeurs qui sous-tendent la reconnaissance de cette responsabilité, les intérêts économiques, de mieux en mieux compris, sont alors souvent au rendez-vous. Tendre la main au partenaire en difficulté s’avère ainsi bien souvent le meilleur investissement possible, la disparition de ce partenaire pouvant avoir les pires conséquences pour celui qui aurait « oublié de l’aider ». Koffi Annan, alors secrétaire général des Nations unies, l’exprimait fort bien il y plus de 20 ans : « Œuvrer contre le réchauffement climatique va coûter très cher, mais ne rien faire risque de coûter beaucoup plus cher. » Il en va de même pour de très nombreux sujets, dont le soutien aux partenaires les plus touchés par l’inflation.
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