Faire de l’épidémie de Coronavirus, une opportunité de développer vraiment la solidarité européenne
Seul le temps permettra de juger des effets sanitaires du Covid-19. Sur le plan économique, la pandémie, génère déjà des conséquences très importantes et dont l’évaluation finale fait craindre le pire à de nombreux analystes, tout comme à la plupart des dirigeants d’entreprise. Confrontés à des difficultés touchant à la fois leur trésorerie (à très court terme) et leurs perspectives de résultat (à plus long terme), ils voient les États et banques centrales leur apporter des soutiens inédits. Ces derniers ont le mérite d’exister et de fournir une aide appréciable et appréciée. Ils demeurent toutefois purement économiques et manquent d’un esprit de solidarité salvateur.
Des soutiens économiques inédits
Avec la baisse surprise de ses taux d’intérêt début mars, la Fed a ouvert le bal des réponses économiques d’envergure visant à limiter les conséquences de l’épidémie sur l’activité. Avec des taux plus élevés aux États- Unis qu’en Europe ces derniers mois, elle disposait d’un outil monétaire davantage mobilisable. Si la volonté de permettre aux entreprises d’absorber un choc d’offre non prévu est réelle en Europe, seules les politiques budgétaires apparaissent actionnables. Avec des déficits et un endettement publics élevés, avec surtout des règles qu’il semble toujours aussi difficile d’assouplir (fidèle à sa posture historique, l’Allemagne se pose en garante du maintien d’un relatif équilibre budgétaire), les pays membres de l’UE affichent des capacités de réaction limitées sur ce terrain. Les mesures envisagées ne sont pour autant pas dérisoires (recours aux crédits de trésorerie facilités, paiement des impôts et cotisations sociales retardé ou étalé, suppression des pénalités infligées par l’État suite aux retards dans les chantiers publics…). Elles témoignent d’une volonté de mettre en place un accompagnement efficace des entreprises les plus fragiles.
Une occasion de faire de l’Union européenne un espace de solidarité enrichie
Si, en Europe, malgré des moyens limités, les soutiens économiques ne manquent pas d’ambition, ils demeurent trop souvent nationaux. Au manque de coordination s’ajoutent parfois des stratégies empreintes de rivalité comme lorsqu’il s’agit de s’assurer les meilleurs accès au matériel de protection. Comme l’exprime le terme wei ji en mandarin, la crise révèle à la fois un risque et une opportunité. L’opportunité qui s’offre aujourd’hui à nous est peut-être celle de dépasser la logique du marché qui caractérise si souvent le fonctionnement de l’UE, pour suivre le chemin d’une solidarité étendue aux domaines non économiques. Les efforts en matière médicale, même s’ils existent bien sûr déjà, pourraient être mieux coordonnés. Des capacités, du matériel, voire des médecins pourraient également être redéployés en provenance des pays du Nord moins touchés vers l’Italie par exemple. Autant de solutions originales à des problèmes immédiats qui pourraient servir de base à la construction d’un véritable espace de solidarité enrichie et inspirant pour le reste du monde.
Les grandes entreprises en première ligne
Au-delà de la bienvenue solidarité internationale, une autre forme d’entraide, déjà à l’oeuvre, doit être davantage mobilisée. Elle émane directement des entreprises et organisations, dont certaines acceptent de plus en plus le rôle qui est le leur vis-à-vis de l’écosystème économique auquel elles appartiennent. En temps de crise, la résilience de ce dernier repose en effet sur la capacité des entreprises en meilleure santé à accompagner leurs partenaires en difficulté, clients ou fournisseurs, voire concurrents. Facilités de paiement, livraisons priorisées, partage de capacités de production… sont autant de pratiques relevant de la paix économique, aux effets bénéfiques pour tous.
Commentaires
Ajouter un commentaire