Christian Rosada, directeur commercial de Groupe Auto Dauphiné
« C’est la revente de flottes qui rendra possible l’accès à la motorisation électrique des particuliers »
Quel regard portez-vous sur l’évolution des mobilités professionnelles ?
D’abord, il suffit d’observer quelques instants les rues de Grenoble pour constater à quel point vélos et trottinettes se sont multipliés ces dernières années, dans notre agglomération peut-être plus que dans d’autres. Si cette tendance est liée à une prise de conscience environnementale, on peut aussi penser à la difficulté de circuler et de stationner, et évidemment à l’augmentation des prix des carburants. La pandémie, le télétravail ont dû aussi jouer leur rôle. Cependant, il est difficile à un artisan d’aller poser du Placoplatre à vélo. Pour les professionnels, à l’heure de la ZFE, la question majeure est celle de l’exercice même de leur activité et du dernier kilomètre.
La motorisation électrique représente-t-elle la seule réponse ?
À titre d’exemple, sur environ 2 500 véhicules que nous vendons en un an à des professionnels, environ 50 % sont des véhicules légers au diesel et à l’essence, et parmi les 50 % de voitures particulières, seule la moitié est représentée par des hybrides ou des électriques. En tant que constructeurs et distributeurs, nous devons également concevoir des véhicules faits pour les contraintes des agglomérations. Pour des trajets courts, la motorisation électrique convient tout à fait. Le Mobilize Duo, un petit quadricycle deux places présenté au Mondial de l’automobile de 2022, est un parfait exemple de cette adaptation. Pour les plus longs trajets, des utilitaires à hydrogène sont à l’étude.
Le prix reste-t-il un obstacle à l’achat de véhicules électriques ?
Actuellement, le prix d’un utilitaire thermique est d’environ 30 k€ ; pour un électrique, il faut compter le double… Cela reste un frein. Bien entendu il y a les aides de l’État et de la Métropole. Mais la transition est un acte impliquant. Précisons que l’État favorise l’achat d’automobiles fabriquées en Europe, mais un modèle comme la Dacia Spring n’est justement pas produit en Europe.
Alors, comment résoudre l’équation ?
De toute façon, nous n’avons pas le choix. Concernant le prix, les constructeurs voient les voitures électriques comme des véhicules à plusieurs vies, sur plus de 200 000 km. C’est sans doute la revente des flottes qui offrira à la majorité des particuliers l’accessibilité à la motorisation électrique. Mais dans un contexte globalement inflationniste, la population s’éloigne de plus en plus de la ville (et souvent de son lieu de travail) pour obtenir des logements accessibles. Concernant les artisans, je crains qu’ils aient du mal à accomplir un changement coûteux dans les délais demandés, notamment par la ZFE. Si chacun souhaite prendre la bonne direction, il est compliqué de conjuguer ce qu’on devrait faire, ce qui est imposé, et ce qui est tout simplement possible.
P. Napoletano
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