Leader de l'année 2024 : Verkor, l’énergie d’un champion européen
Alors que débats et interrogations agitent les acteurs de la filière des véhicules électriques, Verkor trace son chemin. Le champion européen des batteries bas carbone a réalisé ses premières démonstrations en 2023, et franchit une à une les étapes de son ambitieuse feuille de route : contribuer à une Europe souveraine dans le monde des batteries. Avec en ligne de mire, l’ouverture de la giga-factory de Dunkerque, fin 2025.
Le trophée du leader de l’économie salue à la fois la trajectoire exceptionnelle de Verkor depuis sa création en 2020, et un taux nominal de croissance de 1 315,4 % en 2023. Quelles en sont les explications ?
Benoît Lemaignan : En 2023, nous avons commercialisé auprès du groupe Renault nos premières cellules lithium-ion, qui ont été qualifiées par le constructeur pour leur performance et leur rendement. Le groupe Renault est non seulement un actionnaire important de Verkor, un client, puisque nous sommes engagés par un contrat de fourniture, mais aussi le partenaire de nos développements techniques et technologiques. Ce taux de croissance 2023 – très élevé parce que l’entreprise partait d’un niveau de commercialisation peu significatif en 2022 – est sans commune mesure avec notre montée en puissance à venir. Le chiffre d’affaires 2024 sera encore bien supérieur à celui de 2023. Et surtout, dès l’entrée en production de la giga-factory de Dunkerque prévue en fin d’année 2025, nous espérons équiper en batteries électriques 300 000 véhicules par an d’ici 2027. Ce qui fera de nous un acteur majeur des batteries en Europe.
Précisément, quelles sont les nouvelles de la giga-factory de Dunkerque ?
La météo ne nous a pas beaucoup aidés en 2024, avec environ un mois et demi d’intempéries sur le chantier. Malgré ces retards, nous tenons les délais. L’usine est à présent construite, et nous commençons à introduire les équipements de production, pour un semestre à peu près d’installation, démarrage, réglage, puis un départ de production sur le second semestre, et un début de commercialisation fin 2025.
Qu’en est-il des recrutements en cours ?
Nous avons effectué le recrutement parallèlement à l'organisation de l’industrialisation du site de Dunkerque aux standards de l’industrie 5.0. L’entreprise emploie aujourd’hui 500 personnes au sein du Verkor Innovation Center (VIC) à Grenoble – accueillant le siège, les laboratoires de R&D, nos lignes industrielles pilotes et notre centre de formation – et 250 sur Dunkerque, avec une bonne dynamique de recrutement sur l’ensemble des postes (chefs de production, opérateurs…). Verkor embauche et forme bien sûr les futurs salariés. Le challenge est de sortir de l’image d’une start-up, pour entrer dans celle d’une entreprise industrielle produisant à grand volume, dont la mission est de quitter l’ère du pétrole, favoriser la mobilité de demain et participer aux enjeux de la réindustrialisation en Europe. Ces notions attirent beaucoup de jeunes (et de moins jeunes d’ailleurs), y compris des profils expérimentés venant d’autres secteurs de l’industrie.
Les reports d’investissement ou les débats pouvant freiner le rythme de l’électrification du parc de véhicules en Europe sont-ils de nature à contrarier la concrétisation de votre feuille de route ?
Dans les situations à forte exposition, la société vit souvent l’excitation de la nouveauté, puis, comme la réalisation et les comportements mettent du temps à changer, les doutes s’expriment. Jusqu’à cet incroyable bashing vu dans les médias cet été sur les véhicules électriques. L’Europe est pourtant placée face à un enjeu existentiel. Existentiel parce que nous n’avons pas de ressources pétrolières, et que l’un des moyens pour les populations de se mouvoir en respectant l’environnement est de circuler en véhicule électrique. Les batteries sont à ce jour réalisées à plus de 80 % en Chine. Il est primordial de produire en Europe des batteries bas carbone, avec des filières de matières premières tracées et des stratégies efficientes de recyclage. Au Mondial de l’automobile de Paris, en octobre, ont été présentés des modèles comme la R5 électrique, mais d’autres aussi, qui permettront de répondre à l’essentiel des besoins de la mobilité électrique en Europe. Ils constituent des événements majeurs qui n’existaient pas il y a cinq ans. Ils participeront à la réduction du déficit énergétique que nous avons en Europe vis-à-vis du reste du monde, de créer des emplois à tous les étages de la filière, si nous le faisons maintenant ! Cette vision-là n’a pas bougé, et c’est dans cette dynamique que Verkor s’inscrit dans la durée. Nous concevons une industrie pour les décennies qui viennent, pas seulement pour demain matin.
E. Ballery
Infos clés
- Développement et production industrielle de batteries bas carbone
- Création en 2020
- CA 2023 : 5,1 M€
- Taux de croissance 2023/2022 : 1315,4 %
- Siège : Verkor Innovation Centre (12 ha) à Grenoble
- Effectif région grenobloise à fin 2023 : 393
- Effectif à fin 2024 : 500 à Grenoble, 250 à Dunkerque
A savoir
Notre enjeu : créer d’une chaîne de valeur industrielle autour de la batterie qui ne soit pas chinoise, mais européenne.
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