Leader de l'année 2023 : Groupe ECM : l’industrie même !

Une croissance de 36,1 % en 2022, des effectifs en hausse de 38 % à Grenoble en trois ans… c’est rare dans l’industrie. Qu’est-ce qui explique cette performance ?

Laurent Pélissier : ECM Technologies est leader mondial des équipements qui permettent d’apporter un traitement thermique aux pièces mécaniques. Nos fours de cémentation basse pression, par exemple, entrent dans le process de toutes les activités qui concourent à la décarbonation : les chaînes automobiles qui misent sur l’électrification des véhicules (dont Tesla et Ford aux États-Unis), les semi-conducteurs ou l’industrie des nouvelles énergies (photovoltaïque, hydrogène, éolien…). Un grand spécialiste des pompes à chaleur comme Alfa Laval compte parmi nos clients à l’international. Or, ces activités investissent fortement pour préparer l’avenir. C’est la première raison de notre croissance organique, avec la capacité de nos équipes à la réaliser.

Vous participez aussi à la transition écologique et énergétique…

Laurent Pélissier : Il se trouve que l’une de nos technologies de fours, mise sur le marché dès 1991, apporte, outre d’excellentes qualités de traitement des pièces et sécurité pour les opérateurs, un gain de 80 % dans la réduction de l’empreinte carbone chez nos clients ! Au début, nous commercialisions cette technologie pour ses arguments techniques. Elle l’est aujourd’hui aussi pour sa performance énergétique ! Nous sommes reconnus comme les seuls fours labellisés au monde par Solar impulse. Toutes ces caractéristiques contribuent à gagner des parts de marché à l’international.

Marlène Pélissier : Par leur architecture modulaire, nos équipements s’intègrent très facilement dans les lignes de production des clients. Nos produits peuvent en outre être retrofités. Cela signifie que d’anciennes générations de fours nous reviennent, et sont rénovés en économisant les coûts matière d’un équipement neuf. Même si le prix final n’est pas très éloigné de celui du neuf, certains clients préfèrent une rénovation, pour pratiquer l’économie circulaire. Ce segment-là a représenté 20 % environ de notre activité Services, et il ressort en forte croissance.

Quelles sont vos perspectives ?

Marlène Pélissier : La progression sera encore à deux chiffres en 2023, plus proche de 10 %. Nous bénéficions encore d’un très bon carnet de commandes, même si les signaux envoyés par les marchés deviennent plus incertains.

Laurent Pélissier : L’essentiel des nouvelles plates-formes de véhicules électriques sont en effet en place, et la Chine connaît une croissance moins forte. Mais les États-Unis tendent à prendre le relais. Nous étions ici présents surtout dans l’automobile. D’autres activités se développent, comme les semi-conducteurs, la marine, l’aéronautique… L’Inde monte également en zone Asie. Dans la projection à 2030, nous pensons doubler de taille, à la fois en chiffre d’affaires et en effectifs.

Cela supposerait d’étendre vos locaux ?

Laurent Pélissier : C'est effectivement à l'étude en région grenobloise. Et si ce n'est pas possible ici, en région AURA le cas échéant.

Marlène Pélissier : Aujourd'hui, toutes nos activités stratégiques sont en France, réparties entre Grenoble et Montpellier. Nos filiales internationales ont été créées pour assurer une proximité avec nos clients, et une production pour des équipements complémentaires à nos installations.

ECM Technologies est investie dans Carbon, le projet de giga-factory de panneaux photovoltaïques à Fos-sur-Mer. Pourquoi ?

Laurent Pélissier : Parce que nous croyons pleinement à l’énergie solaire et à l’industrie des panneaux photovoltaïques. Le Groupe ECM compte parmi les experts mondiaux des technologies et d’équipements pour la production de cellules solaires. Nous fournissons nos solutions partout dans le monde, sauf en Europe où il n’y a plus de fabrication de panneaux. Recréer une filière ici, avec des rendements au meilleur niveau mondial, c’est possible, et c’est ce que vise Carbon. Les panneaux seront peut-être un peu plus chers à produire, mais les gains grâce à l’économie réalisée sur la supply chain, à la valeur créée en France par le développement d’activité et d’emploi industriel, compensent largement ce surcoût.

Marlène Pélissier : Le Groupe ECM est actionnaire à hauteur d’un tiers du projet Carbon. Il n’est pas intégré encore dans notre projection à 2030, mais il va de soi qu’un tel projet serait un relais de croissance supplémentaire pour l’entreprise. Le démarrage de production de la giga-factory de Fos-sur-Mer est prévu pour 2026. 

Laurent Pélissier : D’ici là, il reste à bâtir l’usine pilote. J’espère qu’elle sera en région AURA. Nous le saurons au 1^er trimestre 2024.

E. Ballery