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Présences Grenoble
Services — Le 3 juin 2024

Vincent Davy, FPI Alpes : Il existe une place pour les bailleurs privés

Président de la Fédération des promoteurs immobiliers Alpes, Vincent Davy souligne le caractère préoccupant des faibles volumes de constructions de logement sur le territoire. Pour endiguer la crise, il soutient la création d’un statut de bailleur privé.

Vincent Davy, FPI Alpes
Vincent Davy, président de la FPI Alpes © FPI Alpes

Comment qualifiez-vous l’activité actuelle du logement ? 

Elle est alarmante. Alors que nous commercialisions 1 200 logements neufs, le volume a atteint seulement 746 logements en 2023. La situation est difficile et résulte de la conjonction de plusieurs facteurs qui impactent tout l’écosystème. Aujourd’hui, on ne construit plus ! 

Quelle est la cause principale de cette crise ? 

Le dépôt de permis de construire est devenu un processus considérablement plus long depuis les dernières élections municipales. Alors que la procédure prenait trois à quatre mois auparavant, elle peut désormais s’étendre sur un ou deux ans, chaque dossier étant présenté plusieurs fois aux différents services d’une collectivité avec des prises de rendez-vous chronophages. Le problème n’est pas tant le délai d’instruction, que l’étape en aval. Il faut reconnaître que cela dépend beaucoup de la personnalité élue à la tête de la collectivité. Le besoin de légiférer pour encadrer la durée de la période de concertation est fondamental. 

La baisse de la demande n’est-elle pas non plus une raison importante de la situation actuelle ? 

Il s’agit évidemment de la seconde grande cause. Elle est liée à l’inflation et à la hausse des taux d’emprunts bancaires qui nous ont fait perdre des clients. Cela concerne aussi bien les futurs acheteurs intéressés par l’acquisition d’une résidence principale que les investisseurs qui ne bénéficient plus d’aides subventionnées telles que la loi Pinel pour l’achat d’un bien, en vue de le louer. 

La FPI propose un statut de bailleur privé, que signifie cette mesure ?

 Il faut agir sur la demande, notamment en soutenant les investisseurs que je préfère qualifier de bailleurs privés. En France, les bailleurs sociaux sont débordés par une demande croissante de logements à loyer modéré. Ils tentent de répondre à cette problématique, mais la construction de logements sociaux reste limitée. C’est pourquoi nous plaidons en faveur d’un statut de bailleur privé. Ces investisseurs bénéficieraient d’une baisse de la TVA et s’engageraient à proposer leurs logements à des loyers encadrés, conformément aux conditions de ressources définies par la loi. Je suis convaincu qu’il y a une place pour les bailleurs privés afin d’accompagner les personnes dans leur recherche de logement. 

Observez-vous des conséquences sur l’emploi dans votre profession ? 

Nous ne pouvons plus embaucher et nous licencions entre 10 % et 30 % des effectifs depuis un an. Mais nous ne sommes pas seuls. Le bâtiment, les architectes ou les notaires sont aussi concernés. 

Quelles sont vos perspectives pour l’avenir ? 

Je crois toujours en l’acte de construire. Quelques signaux positifs laissent entrevoir des jours plus prometteurs : les banques abaissent à nouveau leurs taux, le paysage du logement se reconcentre avec des acteurs qui se renforcent, les promoteurs continuent d’innover et les stocks de logements sont progressivement écoulés.

R. Charbonnier

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