Stéphane Chaissé, Fnaim 38 : Le risque pour les investisseurs devient trop grand
Le président de la Fédération nationale de l’immobilier pour l’Isère, Stéphane Chaissé, est perplexe à propos des mesures d’encadrement des loyers et le permis de louer. Selon lui, elles risquent de dissuader encore les investisseurs d’acquérir des biens, et d’exercer un effet récessif sur les rénovations.
Quel regard portez-vous sur le marché de l’immobilier ?
Nous avons observé en début d’année un frémissement sur le marché des transactions, conséquence de la baisse de l’inflation et d’une légère rétractation des taux de crédit immobilier. Cette tendance rappelle celle observée au premier semestre 2022, qui avait déjà été une période favorable, mais dont l’élan s’était interrompu par la suite. Les probabilités pour l’avenir semblent plus encourageantes, mais il est toutefois important de reconnaître le manque de terrains disponibles et de constructions neuves sur le territoire.
La perspective de l’encadrement des loyers à Grenoble, prévue en fin d’année, suscite-t-elle des inquiétudes, alors qu’environ la moitié des habitants de Grenoble sont locataires d’appartements appartenant à des propriétaires privés ?
Nous sommes plutôt dubitatifs quant à la portée de ce dispositif. À Grenoble, les montants de loyers ne sont pas aussi élevés que ceux pratiqués à Paris, ce qui rend cette mesure injustifiée et coercitive à nos yeux. C’est pourquoi la Fnaim souhaite jouer un rôle actif dans l’élaboration du calcul des loyers. Nous avons d’ailleurs été reçus par la préfecture et la direction de l’urbanisme de la Métropole pour discuter de ce sujet.
Le permis de louer sera également bientôt appliqué. Qu’en pensez-vous ?
Cette mesure vise à s’assurer qu’un logement réponde à des critères de décence avant d’être remis en location, après avoir obtenu une autorisation administrative. Elle concerne spécifiquement les zones Gabriel-Péri et quais Saint-Laurent. Bien que nous reconnaissions l’importance de ne pas louer des logements indécents, nous pensons qu’une approche plus ciblée serait plus performante qu’un dispositif englobant tout un quartier.
Ces deux mesures peuvent-elles impacter les investisseurs ?
Inévitablement. Cela risque de dissuader les propriétaires de projets potentiels, ou provoquer un manque d’entretien des logements. À trop vouloir encadrer et contraindre, ces solutions finissent par produire l’effet inverse de celui escompté.
Face à des loyers en hausse de 3,5 % au premier trimestre, le comportement des locataires a-t-il évolué ?
Une partie envisage désormais sérieusement l’acquisition d’un bien, car l’augmentation de loyer dépasse parfois le montant mensuel de remboursement d’un crédit immobilier auquel certains particuliers pourraient prétendre. Ces primo-accédants sont donc motivés à franchir le pas, même s’ils rencontrent des difficultés pour obtenir un prêt. Nous avons notamment signé un partenariat avec le CIC, pour que la banque puisse faciliter l’octroi de crédits immobiliers à nos clients.
R. Charbonnier
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