Bertrand Converso, président de la FFB Isère : Nous n’avons pas vu cela depuis 15 ans
Chef d’entreprise et président de la Fédération du bâtiment de l’Isère, Bertrand Converso est inquiet pour les entreprises du BTP évoluant dans le secteur du logement, neuf en particulier. Face aux incertitudes et aux difficultés rencontrées, il a réuni l’ensemble des familles de professionnels concernés par la crise pour former l’Alliance du logement dans le département.
Quelle est la situation des entreprises iséroises du bâtiment travaillant dans le secteur du logement neuf ?
Nous faisons face à une crise majeure avec des indicateurs dans le rouge depuis un an. À la fin du mois de mars, nous avons enregistré une baisse de 37,8 % des mises en chantier de logements affectant aussi bien l’habitat collectif que l’individuel groupé et les maisons individuelles. Depuis plusieurs mois, la Fédération tire la sonnette d’alarme, signalant des prix en déclin, des délais d’obtention de permis de construire rallongés, et des coûts de travaux en hausse en raison de l’augmentation des prix des matériaux et de l’énergie. Les carnets de commandes se sont progressivement vidés, d’abord pour les entreprises de travaux publics, puis pour celles spécialisées dans le gros œuvre comme la maçonnerie. Seul le second œuvre est encore relativement épargné, mais pour combien de temps ?
Quelle est la cause principale de cette crise ?
S’ajoutant à la diminution de la demande, la difficulté pour les promoteurs est de pouvoir obtenir des permis de construire, en raison de démarches administratives devenues trop complexes. Alors qu’il fallait 24 mois pour finaliser un programme avant la crise, il en faut désormais 36. Ce contexte impacte directement les entreprises, avec des conséquences graves telles qu’une augmentation de 48,8 % des défaillances d’entreprises et une baisse de 3,4 % des effectifs au dernier trimestre. Nous étions en croissance jusqu’à présent. Ce phénomène n’avait pas été observé depuis 15 ans.
Qu’espérez-vous pour endiguer cette situation ?
Face à l’urgence des besoins en logement, il doit y avoir un soutien indispensable du gouvernement, et plus particulièrement en faveur des constructions neuves. Car ni la rénovation ni la transformation d’immeubles vacants ou de bureaux en logements ne suffiront à changer fondamentalement la conjoncture, d’autant plus que les coûts associés sont souvent bien plus élevés que ceux des constructions neuves. Il est nécessaire d’appliquer à la fois des mesures de simplification administrative, de garantie de stabilité et de soutien massif aux investisseurs, notamment en instaurant un statut de bailleur privé.
Vous déclinez localement l’initiative nationale de la fédération de l’Alliance pour le logement. Quelle est sa vocation ?
Lancée le 4 juin au niveau départemental, cette alliance regroupe la FBTP Isère, la FPI, la FNAIM, la chambre des notaires, l’association des bailleurs sociaux, Unitec et Procivis Alpes Dauphiné. Ensemble, nous voulons trouver des solutions aux besoins de logements face aux manques déjà substantiels, en tenant compte des spécificités des territoires. De plus, il s’agit d’apporter à moyen terme des réponses pour loger la population dans le cadre du projet de réindustrialisation de l’Isère.
R. Charbonnier
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