Sobriété énergétique : suppression du ski nocturne, optimisation des remontées mécaniques... des pistes pour les stations de ski
Pour réduire de 10 % la consommation énergétique, comme le leur demande le gouvernement, les stations réfléchissent à plusieurs scénarios.
Parmi les options envisagées : se passer du ski nocturne cette saison (à Chamrousse, au col de Porte, au Collet-d’Allevard, à Oz-en-Oisans par exemple), à modifier les horaires d’ouverture des remontées mécaniques, ou ne pas ouvrir les piscines extérieures.
Mais elles peuvent aussi s’inspirer de bonnes pratiques des voisins, comme les Sept-Laux, où « cela fait déjà 15 ans que nous fermons, hors vacances, les télésièges qui font doublon et que l’on réduit la vitesse des remontées mécaniques par faible fréquentation. Ou encore que l’on ne dame pas l’ensemble des pistes après de grosses chutes de neige », rappelle Jean-François Genevray, directeur général des Téléphériques des Sept-Laux-T7L (18 salariés et 102 saisonniers, chiffre d’affaires de la dernière saison hivernale : 11,3 M€).
Une démarche identique à celle de Lans-en-Vercors, qui vise d’ici 2024 la labélisation Flocon vert, actuellement auditée par l’association Mountain Riders. « Il fallait aller plus loin que la norme ISO14001, qui ne parle pas suffisamment à notre clientèle, explique Ludovic Moulin, directeur d’exploitation des Montagnes de Lans (8 salariés, 34 saisonniers, CA : 1,5 M€). Alors que les skieurs bénéficient déjà de nos dispositifs verts, comme les tarifs réduits pour ceux montés en bus ou en covoiturage. »
Les stations iséroises s’appuient aussi sur la dynamique à l’œuvre depuis 2020, quand les adhérents de Domaines skiables de France ont adopté 16 éco-engagements pour limiter les émissions de CO2, mieux gérer l’eau, la protection de la biodiversité et la préservation des paysages.
Des mesures, mises en œuvre progressivement, qui répondent par ailleurs aux attentes des clients, 74 % d’entre eux estimant que « le critère environnemental est un élément important à prendre en compte pour le choix d’un séjour en montagne », d’après l’étude de l’ANMSM.
Quand les stations de montagne optent pour les smart grids
Pour limiter la consommation énergétique, des stations misent sur les smart grids et la domotique.
Seule station labellisée Pacte mondial Réseau France, (un réseau international d’échange de bonnes pratiques environnementales), et signataire du French Business Climate Pledge, Chamrousse a pris très tôt le virage du développement durable. Parmi les actions mises en place : modération du chauffage dans les locaux de commande, les gares des remontées de mécaniques. Au-delà, c’est l’ensemble des acteurs locaux, dont les commerçants, qui sont engagés dans la démarche de labellisation Flocon vert, intégrant les enjeux du développement durable et du tourisme responsable.
Aux Deux-Alpes, la règle est d’éteindre automatiquement les lumières des équipements, comme le Palais des sports. « Nous allons beaucoup communiquer cet hiver auprès des commerçants et des touristes pour ne pas gaspiller l’énergie la nuit, confie le directeur l’office du tourisme des Deux-Alpes, Éric Bouchet. Car la station vit 24 h/24, contrairement à la ville. »
Des solutions de smart grid ont également été adoptées à Oz-en-Oisans, où un tableau de bord permet d’optimiser en direct la consommation d’électricité du domaine skiable. Et comme les économies se préparent aussi en amont, « Sata Group, qui gère le domaine skiable de l’Alpe-d’Huez et des Deux-Alpes, travaille avec les fabricants à des systèmes similaires et sur des moteurs moins gourmands en électricité », explique son directeur général, Fabrice Boutet.
Des collaborations favorisées par le Cluster Montagne, interface de l’aménagement touristique de la montagne, qui rassemble 40 entreprises en Isère et les met en relation entre elles et avec 18 territoires partenaires. L’Alpe-d’Huez, par exemple, travaille par ce biais avec Poma, MBTM, Semer, Enersom et Ceta.
F. Baert
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