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Présences Grenoble
Innovation — Le 10 juillet 2017

Innovation : de l'idée au marché, un écosystème très performant

L’innovation ressort comme un long processus qui laisse peu de place à l’improvisation : idée, projet, financement, prototypage et tests marchés, fabrication, lancement… une invention ne suffit pas.

© DR

 

De l’idée à la mise sur le marché, chaque étape est essentielle pour que l’innovation trouve sa clientèle. “Depuis les années quatre-vingt, l’association américaine PDMA (Product Development and Management Association) a réalisé trois études sur cette question. Les statistiques n’ont jamais évolué. Sur 100 idées, seulement 15 % deviennent des innovations à succès. Lancer un produit à la fois original et utile est d’ailleurs plus une garantie de succès que vouloir être radical . Les innovations de rupture sont rares. Mais nous nous en souvenons tous, car elles impliquent de grands bouleversements des comportements sur le marché, du point de vue des clients comme des concurrents, précise David Gotteland, professeur de marketing à Grenoble école de Management. Il existe des méthodes très efficaces qui permettent de sécuriser le processus d’innovation, d’émettre de ‘bonnes’ opportunités, de bien les sélectionner, de les transformer en concepts et produit à succès. Un point essentiel est de ne pas en choisir une seule, mais plutôt de disposer d’un portefeuille de méthodes éprouvées scientifiquement et adaptées à l’entreprise et à ses collaborateurs. En quelque sorte, il s’agit d’adopter une approche à 360°.”

Une idée ? Et après ?

Dans ce cadre très aléatoire, comment les porteurs de projets innovants passent-ils de l’idée à l’innovation ? Chacun a sa stratégie propre. “On ne peut pas faire les choses seul, il est nécessaire d’être accompagné pour que l’innovation ait des chances supplémentaires de réussite. Et cela demande beaucoup de temps. Lorsque j’étais chercheur au CEA, j’ai eu une idée de logiciel de nanométrologie et j’ai commencé à travailler à son développement. J’ai créé ma société, Pollen Metrology, en 2014. J’ai d’abord été incubé au CEA avant d’être accueilli chez Gate 1 pour différentes phases de pré-incubation, d’incubation et de post-incubation”, témoigne Johann Foucher, CEO et créateur du logiciel Platypus. “Il est essentiel de se tromper pour innover. Je revendique ce droit à l’erreur”, affirme quant à lui Christophe Baillon, autodidacte passionné d’innovation et d’informatique, qui a fondé Sogilis en 2008 (35 salariés aujourd’hui), et créateur de plusieurs start-up. “Comme nous ne pouvons pas investir des sommes importantes, nous misons sur la quantité en lançant un projet tous les 15 jours. Et nous savons que l’on aura un taux d’échec de 80 %, heureusement plus que compensé par nos réussites”, complète Gérald Crescione, directeur des opérations de Startup Maker. Pour répondre aux différentes problématiques des porteurs de projets tout au long de ce long processus d’innovation, un écosystème d’accompagnement diversifié s’est développé. Avec pour objectifs d’orienter vers les meilleures expertises et de mettre des outils à la disposition des porteurs de projets pour maximiser leurs chances de réussite.

Incubateurs et accélérateurs : de l’hébergement au lancement produit

Linksium (27 salariés, Grenoble) est l’un de ces incubateurs. Entreprise privée à capitaux publics, cette structure fait partie du réseau des 14 Sociétés d’accélération du transfert de technologies en France, la dernière SATT à avoir été labellisée. Elle constitue un relais entre laboratoires de recherche et entreprises. “Nous proposons deux phases, la maturation, du concept scientifique à un démonstrateur de laboratoire, et l’incubation, la valorisation du démonstrateur jusqu’à la création d’une start-up avec les équipes. Nous accompagnons également le licensing et le financement avec une prise de participation”, détaille Gilles Talbotier, président de Linksium. À l’heure actuelle, 93 projets sont en cours, 38 en incubation, dont Hprobe, qui se lance sur le marché. La SATT prévoit de créer cette année 18 start-up, 30 d’ici juin 2018. Gate 1, né de la fusion de Gravit (accélérateur), de Grain (incubateur) et Petale (accompagnateur de croissance), est un centre de ressources clairement positionné sur le lancement de l’innovation sur le marché. “Nous représentons le chaînon manquant sur des actions et des missions opérationnelles. Lorsque l’entreprise compte déjà trois à quatre projets clients, notre travail est de détecter les opportunités commerciales complémentaires et de mettre en place des outils, le but étant d’accélérer l’accès au marché”, précise son président, Jean-Luc Bodin. En 2016, ce sont ainsi une quinzaine de start-up qui ont été accompagnées dans leur développement. C’est le cas de l’entreprise Mean-In-Full pour son système d’auto-film RoCamRoll (tournage et montage automatiques). “Gate 1 a apporté une aide énorme lors du démarrage commercial et dans la communication globale. Nous continuons notre partenariat avec Gate 1 pour l’amélioration de l’ergonomie et la réalisation d’une notice explicative”, ajoute Thierry Cravoisier, son dirigeant. 

Des entreprises au service de l’opérationnel

Des sociétés sont aussi apparues sur le marché florissant de l’innovation. Ixiade, par exemple (CA 2016 : 850 k€, 10 salariés, Grenoble) est une agence de stratégie, d’études et de design. Elle a accompagné plus de 500 projets d’innovation depuis sa création en 1999. “Nous intervenons à plusieurs titres, en matière de stratégie d’innovation, de design des produits, et d’expérience utilisateur. C’est véritablement notre ADN, parce que l’enjeu de l’innovation est de créer de la valeur pour un utilisateur. En moyenne, nous conseillons d’arrêter une fois sur deux les projets qui nous sont soumis, car ils ne répondent pas à cet impératif”, confirme le CEO Pascal Pizelle. Cette entreprise ne cesse elle-même d’innover, que ce soit sur ses propres méthodologies ou en design. “Nous investissons de manière permanente en R&D afin de réduire au maximum les incertitudes inhérentes à l’innovation. L’une des sociétés que nous avons accompagnée, Binoptics, vient ainsi de recevoir un “Oscar du design”, le Red Dot Award 2017, pour ses binocles Nooz.” Un autre projet, pour lequel Ixiade est intervenue au titre des études d’usages et du design, vient d’aboutir à une commercialisation : un terminal radio mobile destiné aux milieux industriels et de service, le Vokkero® Guardian de Adeunis RF, PME spécialisée dans les objets connectés. 

Booster l’intrapreneuriat

Mandarine CODI (CA 2016 : 200 k€, 3 salariés, Saint-Nazaire-les-Eymes) est elle aussi dédiée à l’opérationnel. Elle a accompagné plus de 200 projets innovants auprès de start-up, de PME, mais également de grandes entreprises de tous secteurs d’activité. Ses domaines d’intervention ? “Nous accompagnons les équipes dans la définition de leur stratégie de développement et modèle économique, l’identification des partenariats dans la réalisation de leur business plan où nous apportons une aide à la constitution d’équipes. Nous ne faisons pas d’intervention technique, car les dirigeants de start-up sont souvent déjà bien entourés sur ce sujet. Auprès des PME, nos spécificités sont les approches orientées utilisateurs et les projets collaboratifs”, précise Boris Descombes, consultant associé.

Mandarine CODI se consacre en outre à l’intrapreneuriat auprès des grands groupes. Elle propose elle aussi un dispositif innovant, baptisé Miss Mandarine, de collaboration entre des cadres de groupes et d’équipes dirigeantes de start-up sur des projets opérationnels. “Les groupes disposent d’experts de pointe. Miss Mandarine développe les compétences intrapreneuriales de ces ‘talents’ pour faciliter l’innovation et l’agilité dans les organisations. Ces collaborateurs apportent leur expérience, leurs compétences et leur vision aux start-up qui peuvent manquer de compétences stratégiques.” Les grands groupes ont ainsi rapidement pris conscience de l’enjeu de cette nouvelle approche du business. La PME Sogilis (CA 2016 : 2 M€, 35 salariés, Grenoble), dont la vocation première est le développement de logiciels innovants, en a fait l’une de ses offres phares. “Nous accompagnons aussi des groupes dans une stratégie d’open innovation, pour les aider à identifier les opportunités d’innovation ou à intégrer des briques technologiques extérieures”, confirme son CEO Christophe Baillon.

Lancée en novembre 2013, Startup Maker (4 salariés, Grenoble) a fait le choix de la création de start-up à partir d’idées jugées prometteuses. “Nous transformons très vite les idées en projets. Et nous les confrontons très tôt au marché, car c’est le juge de paix. Nous utilisons entre autres les méthodes agiles et Lean Startup. Ensuite, nous vérifions l’exploration R&D et nous validons avec des partenaires financiers. Si ces trois jalons sont positifs, nous recrutons les équipes et les dirigeants”, explique le directeur des opérations, Gérald Crescione. Deux start-up innovantes ont déjà vu le jour dans l’internet des objets : Squadrone System et son drone aérien, et iBubble, un drone sous-marin autonome. Plusieurs projets sont en cours, notamment des plateformes web avec intelligence logicielle ou des nouveaux modèles économiques de la finance… StartAndFab (CA 2016 : 285 k€, 3 salariés, Grenoble), elle, accompagne les start-up dans la phase de développement du produit. Elle se définit comme un accélérateur d’industrialisation en planifiant, budgétisant les étapes entre le prototype fonctionnel jusqu’à la vente, en passant par la fabrication. “Nous aidons ainsi des équipes à anticiper toutes les problématiques du process de lancement et nous les suivons pour nous assurer que le produit est conforme et réalisable”, complète Guillaume Pollin, son fondateur

Des programmes spécifiques pour les PME 

Des solutions sont aussi proposées aux entreprises désireuses de lancer des projets d’innovation. Créé en 2012, Easytech constitue un programme unique en France de transferts de technologies vers les PME. Initié par l’IRT Nanoelec, il est porté par Minalogic, le CEA et l’INP, et soutenu notamment par la Région. “Nous explorons un projet, le sécurisons, et développons un démonstrateur en fonction des besoins de la PME avec nos différents partenaires, dont les laboratoires de recherche publics. Nous accompagnons en outre dans le financement et cofinançons les projets jusqu’à 40 ou 50 %”, détaille Damien Cohen, responsable du programme. Ainsi, Aryballe Technologies  (nez électronique), Chabloz Orthopédie (orthopédie électronique) et Irlynx (capteur infrarouge) ont bénéficié de ce programme, comme une centaine d’autres projets qui ont abouti à un démonstrateur. Dans le cadre d’Ambition PME, dispositif de la Région, plusieurs programmes sont spécialement consacrés à l’innovation, relayés sur le terrain par la CCI de Grenoble. “Innovation PME” permet ainsi à une PME d’acquérir sur plusieurs mois les outils nécessaires à un projet d’innovation – définir une offre optimisée, mettre en place une démarche de marketing de l’innovation,valider la cohérence et maîtriser les risques… – avec différents professionnels du secteur. Depuis le début des années 2000, le maillage de l’écosystème grenoblois d’innovation n’a cessé de s’étendre et d’investir tous les champs de l’innovation. Une pierre sera encore apportée à l’édifice via le projet d’Open Innovation Center, lancé par le CEA à l’horizon 2019. Adossé à Giant, il s’agira de mobiliser les expertises et savoir-faire nécessaires à l’innovation, d’y associer les partenaires ad hoc, mais aussi de développer une culture de l’innovation auprès des jeunes en accueillant une ruche pour étudiants et start-up.
B. Merle

Chiffres clés

  • Grenoble est la 2e ville la plus innovante d’Europe après Barcelone
  • 250 start-up issues de la recherche publique en 10 ans
  • 1er pôle de recherche publique en France, 2e pôle de R&D
  • L’Isère est le premier département français en nombre de brevets déposés par habitant
  • Sources : Communauté européenne 2014, AEPI

L'agenda innovation juin 2017

  • 1er juin : Forum 5i “L’industrie du futur” (Centre Congrès WTC Grenoble)
  • 15 juin : Inosport, l’événement innovation, sport, santé, loisirs, bien-être (campus La Brunerie à Voiron)
  • 27 juin : InnoTrophées Ecobiz, les trophées de l’innovation de la CCI Grenoble
  • 28-29 juin : Leti Innovation Days, 50e anniversaire des technologies de la miniaturisation (Minatec Grenoble)

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