La mécanique gagnante de Devalliet

C’est la Mugello 375F, un roadster deux places équipé d’un moteur Peugeot de 225 cv, et c’est un petit bijou de voiture néo-rétro. Hervé Valliet l’a dessinée avec tout son amour pour la voiture de sport. « On y décèle des références, comme des clins d’œil, à d’autres modèles des années 1950, décrit-il. Elle est aussi très confortable et dotée d’un grand coffre de 300 litres, où l’on peut ranger la capote souple, sans perte de place. Nous avons soigné les finitions, avec du bois, du cuir, de l’alu. Et proposons de nombreuses options pour personnaliser le véhicule. Le client peut même choisir la couleur du fil des surpiqûres. » Un premier prototype avait été réalisé en neuf mois, entre février et novembre 2019. Il aura fallu quatre ans pour boucler le projet, notamment à cause du long parcours d’homologation européenne. La ténacité a payé : les voitures dont Hervé Valliet rêvait sortent de sa propre usine : un bâtiment à Tullins de plus de 800 m² construit l’an passé et où travaillent deux ingénieurs et trois techniciens.

Production robotisée

Hervé Valliet n’est pas né de la dernière course. Passionné de voitures depuis l’enfance, il a passé une vingtaine d’années à faire rouler des voitures thermiques radiocommandées sur les championnats de France et d’Europe, décrochant même la pole position nationale. L’envie de conduire des bolides grandeur nature l’a d’abord poussé à acheter quelques modèles rares auprès de constructeurs étrangers, pour les homologuer lui-même et les faire rouler sur les routes de France. Et enfin il s’est lancé : « J’ai voulu faire ma propre voiture en utilisant l’outil de travail de Sori. » L’entreprise tullinoise, créée par son père Lucien Valliet, est spécialisée en tôlerie fine et fabrique notamment du mobilier de rangement d’outillages. Une grande partie du savoir-faire technique de Sori est mise en œuvre dans les voitures Devalliet, entre autres pour la fabrication du châssis, des trains roulants et des pièces métalliques.

Conduite agile

L’entreprise, qui s’apprête à fêter son demi-siècle, a brillamment franchi le cap de la modernisation, là où la plupart de ses concurrents ont ployé sous la férocité asiatique. Dès 2017, une réorganisation industrielle privilégiant la robotisation de la production a offert à Sori une maîtrise de ses coûts de revient, pour de belles reconquêtes commerciales, notamment sur le marché des servantes… Et créé in fine de nouveaux emplois. « Le pilotage informatique de nos équipements nous donne la possibilité de faire tourner des cellules la nuit sans présence humaine, tout en réduisant notre consommation d’énergie. Un facteur critique », confie Hervé Valliet. Une agilité illustrée par ces gracieux bolides, qui séduisent déjà des clients étrangers.

R. Gonzalez