Aledia, futur leader de la technologie des écrans

Francis Taroni, directeur des opérations d’Aledia, réfute le terme de réindustrialisation pour qualifier le site de Champagnier. « Il s’agit d’industrialisation, puisque nous créons une base industrielle dans un domaine qui n’a pour l’instant pas d’autre équivalent dans le monde. »

Pour saisir la portée de l’événement, il faut remonter à l’origine d’Aledia. En 2012, Giorgio Anania crée la société à partir de la technologie Micro- LED 3D, développée au CEA-Leti. Elle promet de révolutionner les écrans grand public et de remplacer à terme les technologies équipant les ordinateurs, smartphones, tablettes, télévisions… « Elle permettra de bénéficier d’écrans à haute définition et à faible consommation d’énergie, avec une brillance 1 000 fois supérieure à l’existant. Elle représente une condition pour la diffusion de technologies comme la réalité augmentée ou les voitures autonomes, commentait Giorgio Anania en décembre dernier. Affirmer une ambition en Europe dans ce domaine, avec une solution performante qui a déjà été reconnue par des acteurs mondiaux, représente un enjeu considérable, et c’est notre pari. »

Une licorne de l’industrie

Depuis que la technologie est prête, Aledia enchaîne les étapes : création d’une ligne pilote de R&D au nouveau siège social d’Échirolles (50 M€ d’investissement), levée de fonds de 80 M€ en 2020, puis d’une deuxième tranche de 40 M€ à l’été 2021. « Nous partons d’une page blanche. L’architecte a conçu un projet modulaire qui réalise une montée en puissance en trois étapes. La première permettra de disposer à fin 2022 d’un bâtiment de 15 000 m², équipé de 5 000 m² de salles blanches, accueillant environ 100 personnes en 2023. À terme, nous pourrons monter jusqu’à 52 000 m², dont 18 000 m² de salles blanches, avec environ 500 personnes, résume Francis Taroni. Au-delà des bâtiments, il faudra réunir ici les compétences humaines nécessaires au fonctionnement du site. »

Aledia contribuera donc parmi d’autres entreprises de la microélectronique à soutenir le développement de formations spécialisées, dans tous domaines. « Nous devons retrouver des écoles qui forment des techniciens, des ingénieurs nécessaires au fonctionnement de l’industrie, et pas seulement à la finance », plaide l’ancien de Soitec.

Car derrière cette implantation se dessine un enjeu plus vaste : réimplanter en Europe une filière de production d’écrans, issue de la technologie d’Aledia. « Pour ma part, j’y crois. La pandémie a montré à quel point nous dépendions de l’Asie. Cette volonté de redévelopper l’industrie doit exister à tous les niveaux », poursuit Francis Taroni. Pour l’heure, Aledia peut compter sur de nombreux appuis, ceux de la Région et de la Métropole venues garantir les prêts bancaires, de la French Tech, de Bpifrance (SPI) et de sa communauté d’investisseurs. Tous seront présents à la pose de la première pierre cet automne.

E. Ballery

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