Marie-Hélène Pons prend le contrôle de Sogics
En janvier dernier, Marie-Hélène Pons Puricelli a pris le contrôle de Sogics, société de chauffage, sanitaire, ventilation, basée à Saint-Martin-d’Hères. Une réorganisation de la gouvernance pour consolider l’essor et les valeurs de l’entreprise.
Vous êtes entrée dans l’entreprise familiale en 2001 comme chargée d’affaires, puis associée. Vous avez accédé à la direction générale en 2015 et êtes devenue actionnaire majoritaire en janvier dernier. Est-ce l’illustration d’une transmission dans une PME familiale ?
Exactement. L’entreprise, créée en 1978 par mon père et son associé, M. Gobbo, a tout juste fêté ses 40 ans. Jean-Louis Gobbo a repris les parts de son père. Pour ma part, après la naissance de ma fille en 2009, j’ai fait le choix de suivre mon compagnon, Julien Puricelli, rugbyman professionnel, à Bayonne. J’ai donc pris en 2010 un congé sans solde, tout en continuant à suivre de loin l’entreprise. À ce moment-là, Sogics a reçu beaucoup de propositions de rachat, que nous avons déclinées car je savais que ce ne serait qu’une période passagère. Mais lorsque mon père est parti en retraite, en 2012, il nous a fallu faire des choix. Nous avons alors fait entrer un investisseur financier, MBO Partenaires, comme actionnaire majoritaire. Il a repris 60 % des parts, et Jean-Louis Gobbo et moi-même en conservions 20 % chacun. Après la naissance de notre deuxième enfant, Julien et moi avons cherché à revenir dans la région. Mon compagnon a pu rejoindre le LOU en 2014, et en parallèle j’ai repris mes fonctions chez Sogics. Puis en 2017, MBO Partenaires a souhaité vendre sa participation. Je me suis endettée pour reprendre les 60 % du capital, et me suis appuyée sur un nouveau partenaire, Expansinvest, filiale de la Banque Populaire.
Qu’est-ce qui a fondé votre décision ?
Devenir actionnaire majoritaire, à la suite de mon père, était dans l’ordre des choses, à partir du moment où j’avais choisi de rejoindre l’entreprise. De plus, nous formons une association de deux familles qui a toujours très bien fonctionné. Pour Jean-Louis Gobbo et moi, il était essentiel de rester maîtres de notre propre entreprise et de conserver les valeurs familiales qui nous caractérisent.
Comment les décririez-vous ?
Sogics a très peu de niveaux hiérarchiques, ce qui permet de communiquer facilement avec les équipes. Nous connaissons un faible turn-over, car nous privilégions autant que possible le confort de travail des salariés. Des jeunes peuvent intégrer l’entreprise sans aucun diplôme. Ils suivent un long compagnonnage, avec une formation qui s’étend sur deux à trois ans, comme pour les apprentis que nous recrutons. Ce n’est qu’au bout de dix ans que l’on devient un bon professionnel chez Sogics. Nous sommes aussi très prescrits par nos salariés, puisque les 50 collaborateurs représentent une vingtaine de familles présentes chez nous…
Pour autant, vous avez dû subir la crise sévère du bâtiment entre 2009 et 2014…
La période était effectivement difficile, mais Sogics a toujours conservé ses effectifs et un plan de charge à peu près constant, grâce aux mesures que nous avons prises. Depuis quelques années, nous avons en effet opté pour une réorientation à 100 % vers les chantiers du logement privé, initiés par des promoteurs régionaux ou nationaux. Nous avons renoncé à travailler pour le logement social, qui représentait encore 40 % du chiffre d’affaires en 2008. De la même manière, alors que nous opérions presque exclusivement en Isère avant la crise, nous sommes allés loin de nos bases pour chercher de l’activité. La société s’est ainsi développée en Savoie, en Haute-Savoie, dans le Pays de Gex et à Lyon. Nos chantiers extérieurs sont montés jusqu’à 80 % du chiffre d’affaires en 2014 et 2015. Encore aujourd’hui, la reprise du bâtiment est beaucoup plus marquée aux niveaux national et régional qu’en Isère. Lyon, par exemple, est à la limite de la surchauffe. Nous souhaitons donc garder une offre élargie en termes de zones géographiques, notamment vers la région lyonnaise.
Vous avez vu aussi s’amplifier la problématique du travail détaché dans votre secteur…
Pour moi, le travail détaché reste un choix et non une obligation. Les compétences se préparent, et même elles se cultivent. Bien sûr, former et conserver les salariés représente un coût, mais vous restez maître de votre entreprise. D’autant que le personnel doit évoluer en permanence avec les techniques, les procédés ou matériaux employés sur les chantiers, ou bien les réglementations (RT 2012, et bientôt RT 2020…). Les bureaux d’études et les constructeurs sont constamment à la recherche d’économies d’énergie et cela entraîne toujours de nouveaux savoir-faire à mettre en oeuvre (VMC double flux, chaudière à condensation, planchers chauffants, avant peut-être le retour du solaire…). Nous avons préféré refuser des affaires et aller chercher l’activité plus loin, plutôt que de recourir au travail détaché.
E. Ballery
Infos clés
- Chauffage, plomberie, sanitaire, ventilation
- Saint-Martin-d’Hères
- 50 personnes
- CA 2017 : environ 10 M€
- Réalisation de 1 000 logements par an environ, avec les promoteurs privés régionaux ou nationaux.
A savoir
- Nous tenons à garder l’état d’esprit d’une entreprise familiale
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