Groupe Samse : 100 ans et toujours constructif
En renouant avec son indépendance actionnariale à l’occasion de ses 100 ans, le Groupe Samse tourne une page de son histoire et aborde sereinement l’avenir. D’autant que le distributeur de matériaux de construction et d’outillage s’est montré résilient face au Covid-19 et limite les impacts de la crise sur son activité en 2020. Arrêt sur images, à la veille d’un nouveau départ.
L’année 2020 s’est révélée doublement importante, avec l’annonce d’un accord financier qui a mis fin à l’incertitude pesant sur l’indépendance du groupe…
Olivier Malfait : Oui, cette incertitude a pu être levée définitivement en février dernier. L’une des forces du Groupe Samse est son management par la confiance. Les familles propriétaires se sont associées aux salariés pour bâtir une croissance solide, pérenne, fondée sur le rapprochement avec d’autres enseignes familiales partageant les mêmes valeurs. Ce sont ces valeurs qui favorisent la prise d’initiative et la réactivité des équipes, malgré la taille atteinte par le groupe. Cette singularité était toutefois menacée. En 2014, le Groupe Samse a conclu un accord de rapprochement avec CRH France Distribution (détenteur depuis 15 ans d’une participation au capital de la holding de 21 %), avec option d’achat majoritaire à l’horizon 2020. Or, en 2018, le groupe irlandais CRH majoritaire a mis en vente sa branche distribution qui a été acquise par le fonds américain Blackstone. Ce dernier pouvait exercer son option d’achat et mettre fin à notre indépendance. En 2019, nous avons rencontré les dirigeants de Blackstone, exposé notre mode de fonctionnement et réussi à convaincre que l’opération ne serait opportune ni pour les uns ni pour les autres. Le fonds Blackstone a proposé de sortir de notre capital, ce qui supposait de racheter les parts valorisées à 136 M€. La première tranche de l’opération a pu aboutir en février 2020. Elle s’accompagne de la montée au capital de partenaires financiers, de managers, et du retour d’une autre entreprise régionale très solide, les Ciments Vicat. La boucle est ainsi bouclée, puisque nous sommes nés de ce groupe en 1920…
Après cette bonne nouvelle est venu le confinement…
François Bériot : Il est intervenu juste après les 100 ans de l’entreprise, le 29 février. Nous avons été alertés dès le début du mois de mars, par l’arrêt des voyages organisés en Asie à l’attention de nos clients professionnels. Le dernier groupe a pu rentrer de justesse en France et tous les autres ont été annulés. Immédiatement, un recensement des masques disponibles dans nos entrepôts – nous en vendons aux professionnels – a été réalisé pour faire des dons aux hôpitaux et les distribuer aux équipes. Lorsque le confinement est intervenu, nous avons mis trois jours pour nous réorganiser et mettre en place le protocole sanitaire. L’auditorium du siège a été transformé en PC de crise et centre logistique de matériel de sécurité. Les enseignes ont rouvert avec le personnel volontaire. Le télétravail, déjà initié au siège pour les fonctions support, a été systématisé du jour au lendemain grâce à l’achat d’une centaine de PC, équipés dans des temps records…
Laurent Chameroy : Au départ, nous avons fonctionné en mode dégradé : cinq jours après l’annonce du confinement, 60 % des enseignes étaient ouvertes avec 30 % des équipes. Cinq semaines après, 100 % des agences et magasins étaient de nouveau accessibles aux professionnels.
Quels enseignements tirez-vous de cette période ?
LC : Dans un premier temps, nos enseignes de bricolage ont réalisé 100 % de leur activité en drive. Si le volume des ventes a drastiquement baissé en mars et avril, nous avons constaté un fort effet rattrapage en mai. Les ventes ont même été supérieures à celles de mai 2019. De fait, à fin juin 2020, nous sommes très proches du niveau des six premiers mois de l’année 2019. En revanche, l’activité négoce est en retrait de -20 % en mai, après -40 % en avril. Mais de semaine en semaine, l’activité se consolide : le chiffre d’affaires cumulé sur le premier semestre fait apparaître une baisse de 12% par rapport à l’an dernier.
FB : À la faveur du confinement, nous avons observé un retour des Français vers les travaux d’amélioration de leur habitat. Le problème était plutôt de faire face à la demande. Nous avons connu des taux de rupture élevés sur des produits comme la peinture, dus à l’arrêt des fournisseurs. Heureusement, le Groupe dispose d’un réseau très dense et de stocks sur nos plateformes. La période a même permis de réduire nos stocks dormants. En interne, le fait pour le comité exécutif d’avoir toujours été présent aux côtés des équipes, parfois pour apporter sur place les masques, le gel, nous a fait vivre des moments très forts. De façon spontanée, nous avons aussi observé sur le terrain beaucoup d’entraide et de solidarité.
OM : Nous retrouvons là les valeurs de partage, d’autonomie et d’engagement des salariés, qui ont été éprouvées dans cette période difficile, notamment en région Grand Est où nous sommes aussi présents.
Quelles prévisions faites-vous pour l’avenir ?
LC : 2020 devrait se révéler une année finalement correcte, moins bonne que 2019 en termes de chiffre d’affaires et résultats, mais loin des scénarios catastrophes qui étaient aussi à l’étude pendant le confinement. Un signe plutôt rassurant : nous ne constatons pas de hausse des défaillances d’entreprises. Elles se situent pour l’instant à un niveau inférieur à celui de l’année dernière.
FB : Les marchés de la rénovation et de la construction se comportent toujours bien. Le Groupe compte une autre activité porteuse : l’adduction d’eau. Les réseaux en France sont fortement détériorés et nécessitent un renouvellement important de la part des syndicats mixtes et des collectivités. Mais l’on ne peut imaginer, si le contexte économique devait se détériorer, que le BTP se trouve totalement préservé. Nous sommes donc prudents sur les évolutions à 18 mois.
OM : Le Groupe SAMSE devrait poursuivre sa progression régulière, durable, à partir de mi-2021, y compris sur le plan de la croissance externe. Les marchés des matériaux de construction restent très atomisés. Ils offrent donc beaucoup de possibilités de rapprochement. Des enseignes de taille moyenne, proches de nos valeurs et solidement ancrées sur leur territoire, continueront à nous intéresser.
É. Ballery
Dates clés
- 1920 : Création de la Société anonyme des matériaux du Sud-Est (SAMSE), filiale des Ciments Vicat à Grenoble.
- 1949 : Samse prend son indépendance, rachat par la famille Joppé.
- 1988 : rachat de l’entreprise par les salariés. Création de la société holding Dumont Investissement dont les salariés sont majoritaires.
- 2007 : Tandem de direction : Olivier Malfait et François Bériot. Création du nouveau siège social à Grenoble.
- 2014 : Signature d’un accord de rapprochement entre Samse et CRH France Distribution, filiale française du groupe irlandais CRH plc, qui peut devenir actionnaire majoritaire d’ici 2020.
- 2019-2020 : Résiliation de l’accord signé en 2014, évolution de l’actionnariat du Groupe, désormais détenu par les familles, les salariés, des partenaires financiers et industriels. Le Groupe retrouve son indépendance pour les 100 ans de la maison mère.
Chiffres clés - 350 points de vente sur 55 départements en France
- 5 770 collaborateurs
- CA 2019 : 1 499 M€ (62 % négoce multispécialiste, 21 % bricolage, 8 % travaux publics, 7 % bois menuiserie, 2 % carrelage)
A savoir
- Le Groupe Samse est une famille d’entreprises, partageant la même culture.
Commentaires 1
bonjour et bon anniversaire
j'ai croisé dans une grande surface une personne avec un gilet bleu qui affichait les 100 ans de la SAMSE. ce gilet est juste au corps et parait très confortable.J'ai cherché sur votre site mais il n'y est pas. Pourriez-vous me donner l'adresse de votre fournisseur.
mille merci Alexis
Ajouter un commentaire