Quelles perspectives pour le marché local ?
L’embellie constatée dans l’immobilier depuis deux ans à l’échelle nationale peut-elle se maintenir dans les années qui viennent ?
La poursuite de la croissance économique, et avec elle un regain d’optimisme, pourraient le laisser croire. Pourtant, des facteurs contradictoires entrent en jeu. La hausse de la CSG, l’évolution de l’imposition des revenus fonciers et le remodelage de l’ISF qui se concentre sur le patrimoine immobilier sont autant de mesures qui pourraient doucher l’enthousiasme des acheteurs en 2018.
Heureusement, des signaux restent au vert. Ainsi la loi Pinel, rebaptisée loi Mézard, est maintenue dans les secteurs les plus tendus. Et Grenoble en fait partie. “Grenoble est classée B1, ce qui signifie que sous certaines conditions, les acquéreurs de biens neufs destinés à la location bénéficient d’une réduction d’impôt sur le revenu”, explique maître Aurélie Bouvier, notaire à Meylan.
Le prêt à taux zéro, un temps discuté, est également reconduit. À cela s’ajoute un horizon plutôt serein pour les taux d’emprunt. “Nous sommes sur des taux historiquement bas, de l’ordre de 1,5 à 2 % sur 25 ans, et inférieurs à 1 % sur 10 ans, détaille Sylvain Bricart, de Courtier & Prêt. Cette tendance devrait se poursuivre jusqu’à la rentrée prochaine au moins.”
Des ambitions réaffirmées et des incertitudes
Les effets porteurs du contexte national seront-ils amplifiés ou amortis par les décisions publiques locales ? C’est la question qui taraude les acteurs de la promotion privée, attentifs à l’application du prochain plan local d’urbanisme intercommunal, en cours de définition avec les services de la Métropole de Grenoble.
“Le PLUI pourrait apporter davantage de cohérence dans la délivrance des permis de construire”, observe Guillaume Trignat. Le Programme local de l’habitat (PLH) 2017-2022 prévoit également la construction de 2 900 logements nouveaux chaque année sur le territoire de la métropole. La volonté d’augmenter la part de logements en accession sociale dans les programmes futurs inquiète cependant la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) des Alpes. “Davantage de logements en accession sociale à des prix inférieurs à 2 300 euros le mètre carré, cela pourrait déstabiliser le marché”, craint Olivier Gallais. Le président de la FPI Alpes dénonce un risque de “concurrence déloyale” : “Le modèle économique des bailleurs sociaux leur permet de réaliser des logements à moindre coût. Pas les promoteurs immobiliers privés, qui risquent de quitter le coeur de l’agglomération vers la périphérie, sur les emplacements les plus qualitatifs pour rentabiliser leurs opérations.”
La diminution de la part de la Vefa (Vente en l’état futur d’achèvement) et des ventes en bloc de logements réalisés par les promoteurs privés pour le compte des bailleurs sociaux est aussi pointée du doigt par la FPI Alpes. “Un quart de notre production est aujourd’hui destinée aux logements sociaux. Nous voulons continuer à travailler en bonne intelligence avec les bailleurs, à des prix qui restent cohérents avec nos objectifs et nos contraintes”, martèle Olivier Gallais. Enfin, l’augmentation programmée du nombre de logements sociaux, jusqu’à 40 % dans les nouveaux permis de construire, laisse aussi planer quelques doutes. “Des erreurs ont été commises par le passé. Il ne faut pas les répéter. À Grenoble, des récents quartiers résidentiels proches d’autres quartiers à dominante sociale ont perdu de la valeur en 15 ans. Ce sont autant de propriétaires qui auront perdu beaucoup d’argent”, déplorent nombre d’agents immobiliers.
R. Gonzalez
A savoir
- La volonté d’augmenter la part de logements en accession sociale inquiète les professionnels
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