Mieux accueillir les entreprises sur l’ensemble des territoires

Les travaux s’activent sur la ZAC Bouchayer-Viallet, au nord-ouest de Grenoble. À son tour, la Caisse d’Épargne Rhône Alpes y bâtit son nouveau siège isérois. L’immeuble de 5 485 m² sur six étages accueillera 460 collaborateurs fin 2020. Il comprendra 91 places de stationnement en sous-sol et en extérieur, et sera agrémenté d’un grand jardin de 1 500 m². Après avoir vu emménager, l’été 2018, le Dauphiné Libéré (70 personnes), Bouchayer-Viallet confirme son attractivité auprès d’entreprises attentives à afficher en grand leur saut dans la modernité. Tout semble ainsi se jouer autour de la Presqu’Île de Grenoble, qui étend sa zone d’influence par cercles concentriques. Comme sur le parc d’activités d’Oxford voisin, à Saint-Martin-le-Vinoux, où EDF achève d’installer sa division Alpes (5 bâtiments au total pour 1 200 salariés). Le spécialiste du conseil et des services en transformation digitale Econocom a aussi choisi de s’y implanter pour réunir ses 500 collaborateurs, jusqu’ici dispersés sur plusieurs sites de l’agglomération. Dessiné par l’agence grenobloise Groupe 6, et réalisé en un temps record grâce notamment au BIM, le bâtiment en R+6 impose ses lignes épurées sur la façade nord de la métropole. Il offre à cette porte d’entrée une dimension assurément esthétique et novatrice.

Sur l’autre rive de la confluence Drac-Isère, le projet des Portes du Vercors prend corps. Une première phase de l’îlot Drac-Ouest a été lancée à l’automne dernier, sous la conduite de l’aménageur Elegia. Inscrit dans la démarche EcoCité, ce programme consiste à greffer un nouveau tissu urbain qualitatif entre les communes de Fontaine et Sassenage, sur un potentiel de 110 hectares. Une première tranche doit aboutir, d’ici 2030, à la création de logements, d’activités économiques et commerciales, sur pas moins d’une trentaine d’hectares.

Pôle d’influence majeur

Quant à la Presqu’Île, épicentre de ce vaste mouvement bâtisseur, elle accueillera à la rentrée prochaine les équipes de Xenocs. Le leader mondial de la caractérisation des nanomatériaux par rayons X y regroupera ses activités de R&D et de production, ainsi que son centre de formation pour les utilisateurs de ses équipements. Proche du Synchrotron, le nouveau bâtiment hébergera également InnoEnergy, la société qui soutient les start-up de l’énergie durable.

La Presqu’Île de Grenoble prépare également d’autres opérations tertiaires. Elles devraient être livrées dès 2020, à l’instar du Y.Spot, l’open innovation center du CEA, dans lequel le Crédit Agricole Sud Rhône Alpes relocalise aussi son Village dédié aux start-up, tout près de son nouveau siège donc. Le pôle économique de la Presqu’Île est si stratégique pour le territoire que son magnétisme influence favorablement les secteurs voisins. “C’est le cas d’Europole, pourtant considéré comme ancien, qui conserve une étonnante attractivité, comme en témoignent les loyers encore élevés dans les bureaux de seconde main, de l’ordre de 145 euros hors taxes”, analyse Hugues de Villard, directeur d’Axite CBRE à Grenoble. Bénéficiant de la proximité immédiate du pôle multimodal de la gare de Grenoble, Europole continue de rafler tous les suffrages, 25 ans après sa construction.

Une vallée qui culmine

Des programmes agrégeant bureaux et habitation sur Inovallée font aussi la différence : L’Odyssée, L’Acanthe et High Valley à Meylan, et, sur Montbonnot- Saint-Martin, les 2 Massifs et Campus Pré-Mayen aiguisent l’intérêt des chefs d’entreprise du tertiaire, de plus en plus exigeants sur la qualité de vie au travail, et donc du cadre environnant. La dynamique d’Inovallée influe aussi sur ses territoires voisins. Entre elle et la récente zone d’activités d’Isiparc à Saint-Ismier (4,5 hectares, un lot encore disponible) s’intercalera bientôt Secrétan, espace économique et commercial (près de 5 hectares, presque tous déjà réservés), destiné également à compléter l’aménagement de l’entrée sud de la commune de Montbonnot. Secrétan sera le dix-septième pôle économique géré par la communauté de communes du Grésivaudan. La vallée poursuit sa réticulation économique en capitalisant sur des sites anciens requalifiés (Le Pruney au Versoud, Moulin-Vieux à Pontcharra) comme en aménageant de nouveaux tènements (La Buissière). La pièce centrale, Grande-Île (Villard-Bonnot, 80 hectares au total), achève cette année sa liaison autoroutière avec l’A41. En proposant un parcours santé et des aménagements paysagers et écologiques, cette zone économique se veut un modèle d’intégration dans le cadre de vie des habitants.

Des entreprises invitées à investir dans la métropole

Intégration est le mot clé : soucieuses d’optimiser le foncier, les collectivités locales pressent les aménageurs d’assurer un meilleur équilibrage des implantations au sein des territoires. C’est dans ce sens que Grenoble-Alpes Métropole a édité fin 2018 son schéma directeur des espaces économiques. Ce document vise à donner une perspective nouvelle à ces espaces à l’horizon des dix prochaines années. Il met en lumière la volonté d’accueillir et d’accompagner les entreprises sur des secteurs identifiés, déjà créés, à moderniser ou bien à l’étude. Pas moins de 16 hectares sont aujourd’hui immédiatement disponibles sur la métropole grenobloise, des Portes de Chartreuse à Saint-Égrève et au Fontanil (2,7 hectares), au Saut-du-Moine à Champagnier (10 hectares dédiés à l’industrie), en passant par les Papeteries de Pont-de-Claix (3,6 hectares). La Métropole engagera les premiers travaux d’aménagement dès 2020 sur la friche Allibert (9 hectares). Elle a programmé l’extension d’Actipole, à Veurey-Voroize, afin de recréer des capacités de production sur une dizaine d’hectares. Enfin, de nouvelles études de faisabilité sont lancées à Domène (Pré-Charron) ainsi que sur la zone des Sagnes, dans le prolongement d’Oxford, à Saint-Martin-le-Vinoux.

Décollages et rationalisation

Ce schéma directeur révèle ainsi l’importance des réserves foncières sur l’agglomération grenobloise. Un foncier qui continue aussi d’attirer les entreprises en dehors de la grande zone urbaine, dès lors qu’il est en connexion avec une infrastructure majeure de transport. Les secteurs périphériques marquent des points. Grâce à l’axe de Bièvre et à l’aéroport de Grenoble Isère, la plaine de Bièvre a un vrai pouvoir d’attraction sur les entreprises du secteur productif. Déjà riche d’une centaine d’entreprises, le secteur de Bièvre Dauphine propose actuellement 6 hectares viabilisés, sur des parcelles de 5 000 à 25 000 m². À proximité immédiate de l’aéroport, le spécialiste des solutions polyéthylène Elydan (ex-RYB), en plein décollage à l’international, va construire ses nouveaux murs sur 9 hectares. Plus à l’ouest encore, la zone Porte de Chambaran, à Viriville, monte en charge avec une extension de 18 hectares. L’entreprise Chausson Matériaux y a lancé la construction d’un nouveau site de production sur plus de 46 000 m² pour ses nouveaux blocs béton Airium.

Dans le Pays voironnais, traditionnellement dévolu à l’industrie, l’heure est surtout à la diversification. Par petites touches, dans un contexte de moindre disponibilité des terrains. Si le fabricant de broyeurs, robots et presses à injecter Wittmann Battenfeld France vient d’emménager à Centr’Alp sur un nouveau site de 5 000 m², on songe aussi à attirer davantage de “tertiaire”. Le projet Mira, signé Ferrier Associés, va dans ce sens. Il consiste en deux immeubles de bureaux de 1 000 m² chacun en R+1, dont l’un est sur le point d’être livré. Enfin, le Pays voironnais s’ingénie désormais à requalifier d’anciens sites. À l’image des locaux industriels de Drevet Ferrures, transformés en Ecobox, soit 6 000 m² répartis en 16 lots pour offrir des espaces de petite logistique et de production aux TPE-PME. Un pas vers la rationalisation quand l’économie, l’agriculture et l’habitat se disputent les mêmes terres.
R. Gonzalez