Il est impératif de dégager du foncier industriel pour nos pépites grenobloises

Quels constats faites-vous sur l’année écoulée pour l’immobilier d’entreprise ?
Le nombre et le volume des transactions de bureaux ont atteint un niveau plancher. Le stock dans l’agglomération grenobloise dépasse quatre ans et demi ! Même le neuf a du mal à se commercialiser. Des bâtiments de bureaux de très grande qualité comme le Wood, livré en décembre dernier sur la Presqu’île, en façade autoroutière, ont encore zéro occupant en début d’année. Même chose avec le nouveau bâtiment près du siège de la Caisse d’Épargne, sur Bouchayer-Viallet. Après les importants mouvements post-Covid, l’arrivée du télétravail et son reflux partiel, l’heure est à l’attentisme. L’environnement politique national et les perspectives économiques n’aident pas à la reprise du marché.
La situation des locaux d’activité reste meilleure, d’après les chiffres ?
C’est une amélioration en trompe-l’œil. Deux grosses opérations, sur les anciens sites de HP à Eybens et de Schneider Electric à Montbonnot, font bondir le volume de transactions en 2024. Sans elles, nous sommes au même niveau que 2023, voire un peu moins. Notre stock de locaux d’activités est quasi nul, ce qui pénalise fortement la croissance des ETI, PME et start-up de l’industrie. Il faut construire de nouvelles zones d’activité. Or, les terrains sont lâchés au compte-gouttes par les collectivités. Pourtant, grâce au jeu des taxes, une entreprise comme Framatome apportera chaque année 2 M€ par an au territoire du Grésivaudan. Comment pourrait-on s’asseoir dessus ? D’ailleurs, pour économiser du foncier, l’entreprise s’efforcera de construire un parking en silo, moyennant 20 000 à 25 000 euros la place, contre 3 000 euros sur un parking en surface. Les entreprises ont intégré l’enjeu de l’artificialisation des sols. Il faut leur faire confiance et encourager ces initiatives.
Quels freins au déploiement industriel observez-vous ?
D’une façon générale, les collectivités préfèrent accueillir des bureaux plutôt que de l’activité industrielle, pour une question d’image. Il y a aussi la loi ZAN, qui était beaucoup trop restrictive dans sa version initiale. Nous attendons avec impatience son assouplissement officiel pour donner de l’oxygène. Dans leur immense majorité, les entreprises industrielles ont besoin de construire des bâtiments spécifiques, qui collent à leurs propres exigences de production, de stockage, d’ateliers, etc. Il est impératif de dégager du foncier industriel sous peine de voir partir nos pépites à l’étranger. De plus, nous pointons également la frilosité accrue des banques pour accorder des crédits, que ce soit aux entreprises désireuses d’acheter, aux promoteurs ou aux investisseurs privés.
Un mot sur les commerces ?
2024 a été marquée par la reprise du nombre de transactions. Les commerçants se retrouvent avec plus de choix et les prix des loyers baissent enfin. Les propriétaires ont compris que des niveaux de loyers plus réalistes leur permettent d’effectuer davantage de transactions.
R. Gonzalez
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